Et ce n'est QUE le commencement...

« Et ce n'est QUE le commencement... »

« J’ai vu un couloir sombre, et une ombre au loin, une ombre blanche… »

Le matin, froid. Le brouillard, impénétrable. Où suis-je ? Je l’ignore. Je crois que j’ai passé la nuit ici. Un bruit. Je me retourne vivement. Personne. Brouillard. BROUILLARD. J’entends un hennissement de cheval au loin, à travers l’air oppressant.
Une nuit j’ai rêvé que je mourrais d’overdose de gentillesse. C’était affreux. Je suffoquais et tout le monde me souriait. Ils étaient tous là autour de moi, Steeve, Salomé, Mathilde, Laura… Ils riaient à mon agonie, ils étaient fiers de moi… Et je me suis réveillée. En sueur. Je n’ai jamais plus fait ce rêve.

« Le parfum de la mort envahissait la pièce, et tout disparaissait autour… »

Des phares éclairèrent subitement ma fenêtre. Il était encore là. Il était venu me chercher. BARRE-TOI ! J’avais crié sans m’en rendre compte. Je me levais et allais l’ouvrir. De la lumière, éblouissante. Rien autour, du vide, du froid, de l’air, glacé. Plus rien ne comptait. Ses yeux rouges se dessinèrent à l’arrière des phares.

-C’est toi ?

Je tendis la main pour le toucher et les lumières se brisèrent en un millier d’éclats de verres résonnant dans l’air. Un bout de verre vint se planter dans mon œil. Je me réveillais en sueur. J’entendis le ronflement de mon beau père dans la chambre d’à côté. Tout était calme, comme toujours. Je me rendormis dans un sommeil sans rêve.

Je sentis ma couette glisser sur le sol. A moitié endormi, je tirais mollement pour la faire remonter sur mon corps, mais elle résistait. Incapable d'ouvrir les yeux, je tirais plus fort, commençant à prendre froid dans ma chambre du grand chateau. Elle resta inlassablement coincée. Enervé, j'ouvris les yeux et me retrouvais nez à nez avec un elfe de maison.

Je fis un bond en arrière, si bien que je me cognais contre le mur. Il n'était pas tellement effrayant, mais c'était le choc de l'apercevoir à à peine cinq centimètres de moi qui m'avait fichu un coup. Après avoir repris mes esprits, je l'observais plus en détail. Il était habillé comme tout les efles de maison de guenilles, sales et déchirées. Ses grands yeux me dévisageaient et semblaient vouloir me dire quelque chose. Moi, incapable de prononcer un seul mot, étais resté collé au mur froid.

-Qui...qui es-tu ?

J'eu comme simple réponse droit au spectacle d'un elfe de maison, tirant ma chemise avec laquelle je dormais. Il montrait la porte du doigt, comme s'il voulait... que je le suive. Naturellement, je tirais mon vêtement de l'autre côté, pour l'obliger à le lâcher, mais son étreinte était forte, et il ne semblait pas forcément enclin à lâcher avant que je ne le suive.

*Voyons Edouard... Tu es à Poudlard, tu ne risques rien non ? En plus tu es professeur, qui pourrait bien te mettre une heure de colle car tu te promènes en pleine nuit dans les couloirs ?*

Je souris quelques instants et me levais. Avant de passer la porte, j'entrepris de me changer rapidement, afin de ne pas éveiller les soupçons des hypothétiques personnes que je croiserais, et ceux des tableaux qui me verraient passer. Puis dans le silence insondable qui régnait dans l'école, je passais la porte et suivis mon visiteur.

J'avais cru que j'étais dans un rêve. Un espèce de rêve où j'avais du tondre une pelouse à la place d'un elfe de maison muet et qui avais disparut avant que j'ai le temps de dire ouf. Il m'avait emmené jusqu'à l'entrée du bureau du Dumbledore et sans me donner le mot de passe afin d'entrer bien sur, il m'avait laissé seul comme un...imbécile.

Après avoir réveillé tout le chateau, humains et créatures présentes et en signant mon arrêt de mort avec ma tondeuse moldue que j'avais trouv dans un coin, j'étais retourné devant l'immense statue sans voir l'elfe. Durant une seconde j'ai eu peur qu'il ne réaparaisse pas, et que je restais en chemise et short devant une statue muette dans les couloir sombres de l'école.

Je n'avais pas aimé faire cette corvée à la place de cet elfe, bien que ce n'étais pas forcément dégradant, mais j'étais prof avant tout, et j'avais quand même ce qu'on appelait... réputation. Si Mimi m'avait vu de ses toilettes en haut, s'en était terminé pour moi. Bien qu'elle n'en sortait que très rarement, elle savait faire courir les rumeurs dans l'école.

C'est alors que je vis la statue s'ouvrir afin de me laisser la passage. En poussant la grande porte de bois du bureau, j'entrais lentement. Il n'y avait personne, Dumbledore ne semblait pas être présent, mais j'aperçus l'elfe au fond de la pièce. Il était au dessus de la pensine du professeur, et passant de moi à la pensine, je compris ce qu'il voulait de moi. Je secouais la tête, refusant de marcher dans sa combine.

Puis, étant près de lui, je le sentis tirer ma chemise, et levant les yeux au ciel je me penchais sur la bassine. J'y voyais tout ces brins voguer, et ça me donna un frisson dans le dos. On ne savait jamais sur quoi on tombait quand on se lançait là-dedans, et même si j'avais réussi à entrer, ça ne me donner pas le droit de visiter sa pensine.

Dans un dernier espoir, l'elfe tira encore plus fort sur ma chemise qui finirait par être la taille au dessus de la mienne. Alors, soupirant, je plongeais dans le liquide visqueux.

J'étais déjà "descendu" dans l'univers d'une pensine, mais la chose s'était passée il y avait bien longtemps aussi les souvenirs se faisaient loins. Je ne me souvenais pas qu'on était secoué autant pour de simple fils de pensée. Surtout que c'était les souvenirs de quelqu'un d'important, que le plupart des gens craignaient ou aimaient : Albus Dumbledore. Et moi, comme un imbécile - car je finissais par croire que je le devenais - avait plongé tête la première dans la pensine du directeur tout ça pour un elfe qui ne m'avait même pas adressé la parole et qui s'était contenté d'agrandir ma chemise à la taille au dessus.

-On parle d'intelligence ?

Je me retournais, mais ne vis rien, comme à mon habitude lorsque j'entendais sa voix. J'haussais les épaules, malgré qu'elle me surprenne à chaque fois, je n'étais plus effrayé. "Je ne sais pas trop où est la mienne à vrai dire", avouais-je tout haut en réponse à sa question. La voix se passa de réponse aussi j'en profitais pour tâter un peu le terrain. J'avais atteri dans une pièce sombre dont je commençais à distinguer les contours. J'apercevais des cartons empilés, comme une espèce de réserve où on entreposais des caisses surement de nourriture.

Des coups sourds provenaient de l'étage du dessus et il me semblais entendre une musique au loin, sans pouvoir déchiffrer laquelle. Je me relevais et époussetais mes vêtements qui se résumaient toujours à mon vieux short et à ma chemise trop grande désormais. Je me regardais et soupirais. Des yeux je cherchais l'interrupteur ou même une porte, qui se trouvait dans mon dos. Je m'en approchais et tirais la poignée. Une lumière m'éblouit aussi je mis mon bras en guise de lunettes de soleil. Une fois sur de ne plus devenir aveugle, je le retirais et me trouvais devant un escalier désert. La musique se faisait maintenant plus forte et j'entrepris de monter les marches en silence. Je ne savais même pas où j'avais atteri et ce maudit elfe restait introuvable, toujours quand on avait besoin de lui... Je commençais à m'y habituer. Arrivé en haut sans rencontrer personne, je poussais la porte et entrais dans la pièce où la musique résonnait.

-Professeur ?!

J'avançais en faisant de grands pas vers Albus Dumbledore en personne, un peu plus jeune. Il semblait bien s'éclater en compagnie d'un autre professeur que je ne connaissais pas. Je me frappais le front, comme un incapable. Il ne pouvait pas m'entendre bien sur... Les deux professeurs se trémoussaient sur la piste comme s'ils étaient seuls au monde, comme les élèves de Poudlard lorsqu'ils devenaient fous pour impressionner les filles. Des ados de 16-17 ans, voilà ce que j'avais comme spectacle devant moi. La réputation du plus grand professeur de Poudlard était en train de voler en éclat devant mes yeux sans que je ne puisse rien faire.

Mais pourquoi garder un tel souvenir si... dégradant ? Et si il était tombé entre de mauvaises mains ? Je n'imagine même pas les dégâts... Des panneaux dans tout le monde magique, Dumbledore bafoué, la réputation de Poudlard réduite à néant... Bref heureusement que ça n'avait jamais été le cas. Lorsque je compris que je ne pouvais rien faire pour empêcher cet affreux spectacle dans cette boîte de nuit, je me retournais à la recherche de l'efle. Pourquoi m'avait-il ammené ici ? Je n'avais rien demandé moi... Je voulais juste dormir, DORMIR !

-Mais qu'est-ce que j'ai fait pour voir CA ?!

Et bien évidemment personne ne répondit. Un souvenir n'est rien d'autre qu'un... souvenir.