Somewhere over the rainbow ... [Maëlle]

Narcissa venait de quitter le Ministère de la Magie. Sa nouvelle visite là-bas n'avait rien donné. Depuis quelques temps, le nom de Malefoy n'avait plus cette aura de prestige dont il rayonnait pourtant encore quelques temps auparavant.
Droite comme un i, enveloppée dans son orgueil, la sorcière avait quitté le Ministère la tête haute. Son apparence impeccable gardait cet air impassible qui ne laissait en rien deviner le bouillonnement de colère qui agitait la sorcière. Lucius était peut-être encore en prison, mais il n'y resterait pas encore très longtemps - foi de Narcissa !
Ses talons qui claquait sur le sol s'arrêtèrent un instant quand elle ressortit du bâtiment officiel. Elle resta immobile une fraction de seconde sur le trottoir non loin de la cabine téléphonique qui masquait l'entrée du lieu aux moldus. Narcissa avait maintenant quelques courses à faire sur le Chemin de Traverse. Depuis qu'ils avaient perdu Dobby, c'était ce genre de désagrément dont elle devait se charger. Irait-elle jusqu'au chaudron baveur en se tranplanant ou en marchant un peu ? Malgré le temps menaçant, elle opta pour la seconde solution. Elle reprit donc son chemin, une fois n'était pas coutume, dans le monde moldu. Mais entre sa répugnance pour ce monde bruyant et puant et son besoin de mettre au clair ses idées, elle eut vite choisi. Pourtant au bout de deux pas, elle faillit regretter son choix : une ondée soudaine se mit à tomber.Cela eut le mérité de chasser les passants et Cissey put marcher tranquillement sur le trottoir déserté. La pluie ne la dérangeait pas. De toute façon, un sort la sécherait rapidement. Elle remonta une rue, traversa parmi quelques moldus pressés avant de retrouver un peu de quiétude et de silence en entrant dans un des nombreux parcs de Londres. Celui-ci dont elle ignorait le nom -peu lui importait- était situé devant Buckingham Palace. A peine eut-elle fit quelques pas parmi les allées que la pluie cessa aussitôt. Elle leva les yeux vers le ciel et remarqua seulement maintenant un arc-en-ciel. Voilà qui mettait un peu de gaieté dans cette morne journée. Elle ralentit son allure en longeant une pièce d'eau où s'ébattaient cygnes, canards et pélicans.
Rien ne pressait et comme la pluie avait chassé les moldus, Cissey décida de s'accorder une petite pause. Elle s'installa sur un banc, au préalable séché par la magie et s'installa. Son regard se posa un instant sur deux écureuils qui se chamaillaient presque à ses pieds, mais les facéties des scuridés ne retint pas longtemps son attention. Elle se reperdit dans ses pensées - pas des plus agréables en ce moment. Elle ne savait plus de quel côté porter son inquiétude : vers Lucius emprisonné à Azkaban, vers Drago dont le Lord attendait tant de choses ... La seule marque extérieure de ce combat intérieur fut ses mains qu'elle serrait fortement l'une dans l'autre.

L

a pluie avait quelque chose de fascinant. Douce et glacée à la fois, insaisissable matière ruisselante, elle transformait tout ce qu’elle touchait, homme animal ou objet. Maëlle aimait la pluie. Elle la laissait coulé sur ses cheveux et ses vêtements, ignorant jusqu’au froid qui tétanisait pourtant ses os, continuant de marcher sereinement à travers la ville. Les Moldus se précipitaient vers des abris, agrippés à leur parapluie ou bien pressant contre leur tête un capuchon ou un repli de leur vêtement. La jeune femme sourit devant leur allure si méprisable, dédaignant cette crainte de la nature et de ses faits. Un sourire hautain aux lèvres, la sorcière quitta la ruelle pour aborder la large avenue pavée de bancs, d’aires de jeux ou de magasins, un endroit généralement vibrant de vie et de bruits mais déserté en un si mauvais temps. Maëlle appréciait ce silence incongru, seulement perturbé par le clapotement des gouttes de pluie s’effondrant sur le sol, aussi décida-t-elle de s’adosser contre un mur.

L

es trombes d’eau qui s’abattaient sans cesse transformaient l’horizon en une peinture grisâtre et floue, avec cette si particulière touche de lumière que de courageux lampadaires tentaient d’offrir au travers de l’obscurité grandissante. Des formes se mouvaient, à l’instar de cette étrange femme au loin qui, contrairement aux autres, semblait peu se soucier de ses cheveux blonds ruisselants de pluie ou de ses vêtements imprégnés d’humidité. Intriguée, Maëlle s’avança vers cette silhouette si familière. Un frisson d’expectative secoua la jeune femme lorsqu’elle reconnu Narcissa Malefoy et elle s’empressa de la rejoindre. La sorcière s’approcha de la Mangemorte et s’inclina devant elle avec un infini respect.

« Je suis ravie de vous revoir, Madame. »

M

aëlle témoignait rarement une aussi grande estimation à l’égard de quelqu’un mais la mère du jeune Drago était l’une de ses sorciers qui faisaient parti de ce que l’on pouvait appelé un comité d’honneur. Narcissa était la première a avoir eu foi en Maëlle à son arrivée chez les Mangemorts et elle avait témoigné à sa protégée une confiance sans faille, elle l’avait guidée durant ses premières missions et Maëlle lui devait en grande partie ce qu’elle était devenue aujourd’hui. Cela faisait des années qu’elles ne s’étaient pas vues et, la jeune femme devait l’admettre, la retrouver ici seule était un inestimable et merveilleux hasard.

La pluie avait fini de tomber, mais le ciel n'était pourtant pas lavé des lourds nuages qui continuaient de s'accumuler dans les cieux assombris. La seule percée de lumière continuait à rendre l'atmosphère un peu moins noir et l'arc-en-ciel laissait toujours apercevoir la multitude de ses couleurs au-dessus des toits qui se devinaient derrière les branches fournies des arbres. Le vent froid qui avait accompagné l'averse continuait de souffler et faisait tressaillir les feuilles encore chargées de gouttes de pluie. Celles-ci tombaient alors avec force sur le sol déjà détrempé. Leurs plocs plocs étaient les seules bruits. Ici dans le parc, les sons de la ville moldue ne parvenaient pas et si les immeubles avaient pu être invisible, nul doute que l'on se serait cru à la campagne.

Cissey était toujours plantée là dans le parc, devant l'étendue d'eau. De sombres pensées agitaient toujours son esprit et toutes étaient dirigées vers son fils et son époux. On aurait pu croire son attention se porter loin de Londres et du lieu où elle se trouvait, mais non. Un autre bruit plus discret se fit alors entendre. Des pas. Quelqu'un approchait et imperceptiblement, la sorcière posa sa main sur sa poche, là où était rangée sa baguette. Elle ne bougea plus. Les pas étaient beaucoup plus proches et soudain une voix familière mais que Cissey n'avait plus entendu depuis longtemps brisa le silence.

Avec lenteur, la sorcière se retourna. Ses yeux océan se posèrent alors sur une jeune sorcière et un furtif sourire éclaira son visage fermé. Narcissa inclina doucement la tête, répondant au salut de Maëlle. Son regard se fit plus doux - juste légèrement plus doux.

- Miss Wolfen, répondit Narcissa d'une voix posée. Quel heureux hasard !

Cela faisait longtemps que Narcissa n'avait plus croisé la jeune femme. Mais les échos de ses missions réussies étaient parvenues jusqu'à ses oreilles et la sorcière sut qu'elle avait eu raison de placer ses espoirs dans la jeune Mangemort.

- Cela faisait bien longtemps ... Je suis ravie de voir que vous vous portez bien ...

D

oucement, le ciel cessa ses sanglots et un début d’éclaircie vint apporter une pointe de lumière auprès des deux jeunes femmes qui se faisaient face. Le furtif sourire qui illumina le visage de Narcissa Malefoy ne parvint pourtant pas à chasser le chagrin de ses traits. La Mangemorte semblait dévorée par l’angoisse et elle aurait certainement continué à se morfondre sir Maëlle n’était venue l’interrompre. Pendant un court instant suscité par le plaisir de revoir son amie, la jeune femme avait oublié que l’époux de son semblable avait été démit de son rôle au sein du Ministère suite au fiasco de la mission contre Harry Potter. Enfermé à Azkaban, Lucius Malefoy était condamné à vivre auprès des Détraqueurs pendant un long moment…

« Cela faisait bien longtemps ... Je suis ravie de voir que vous vous portez bien ... »

M

aëlle hocha la tête, désireuse de sortir Narcissa de son inquiétante léthargie. Il fallait avouer que la situation dans laquelle se trouvait la noble dame était des plus affreuses. Séparée de son mari et trop loin de son fils unique pour chercher en lui du réconfort, Maëlle devinait le gouffre dans lequel se trouvait sa semblable.

« Je reviens tout juste de mon exil

, expliqua la jeune femme,

il m’a fallu du temps pour retrouver ceux qui me sont chers au sein de notre communauté. »

E

lle ignorait si Narcissa avait eu vent de cette histoire de complot et de trahison à laquelle Maëlle avait été injustement mêlée mais la Mangemorte ne désirait pas l’ennuyer avec ses propres problèmes au vu de ceux qui compliquaient la vie de sa collègue. De plus, à la vision du visage marqué par la détresse de son amie, Maëlle songeait que protéger Drago pendant ses années à Poudlard avait été une bonne initiative, surtout que le jeune Serpentard en aura certainement besoin…

Narcissa réussit à esquisser un des rares sourires qu'elle accordait aux autres. Mais il fallait reconnaître que Maëlle était tout sauf n'importe qui. Il était étrange de penser que Narcissa appréciait à sa juste valeur la jeune Mangemort. Elle ne savait pas trop comment l'expliquer ... mais le fait était là.
Cissey croisa le regard de la sorcière lorsque cette dernière lui répondit. Si Narcissa n'était pas passé maître dans la maîtrise des sentiments, nul doute qu'elle aurait sursauté et aurait montré un visage étonné en entendant Maëlle lui répondre.
Narcissa n'était pas du tout au courant de cette histoire. Un exil ? Que s'était-il donc passé pour que la jeune sorcière ait dû partir ainsi ?

Les grands yeux bleus de Cissey se posèrent avec une douceur toute relative sur la jeune femme qui était à ses côtés.

- Un exil ...répéta-t-elle. Voilà une partie de l'histoire qui m'est inconnue ... Qu'a-t-il bien pu vous arriver ?

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