"Dit Ma'zelle ? Je sais que t'es sexy mais tu comptes m'embêter toute la nuit ?!" (Feat. Eleanor N. Sullivan)

Eléanor détestait ramener du travail à la maison. En fait, elle veillait à ne surtout pas ramener de travail à la maison. Il fallait savoir séparer vie personnelle de vie professionnelle. En revanche, il lui arrivait parfois de suivre son travail jusque chez lui. Ça avait l'avantage d'être plus discret que de laisser un cadavre au milieu de la rue. Faire le ménage n'était pas exactement l'une des activités favorite de la jeune femme. En fait, c'était même une activité qu'elle ne faisait pas chez elle, alors de là à le faire ailleurs, c'était peine perdu.

Mais revenons à notre sujet principal : le travail de la jeune femme. Aujourd'hui, le travail de la jeune femme était un homme. Enfin, pas aujourd'hui spécialement, mais depuis le début de la semaine. Elle n'était pas du genre à se précipiter pour bâcler le travail. Du coup, elle suivait l'homme comme son ombre depuis qu'elle avait été charger de son cas. Elle avait été obligé de traverser la moitié du pays pour ce boulot. Et cette partie du pays ne lui plaisait décidément pas : éloigné de tout, pluvieux, sans aucun intérêt car il n'y avait rien à voir par ici. Même les gens lui semblaient ternes et inintéressant.

Sa cible : Charles Hopthing, taille moyenne, les cheveux noirs gras et dégarni sur le sommet du crane, un embonpoint lié à la bière, la crasse incarné et la bêtise encré dans l'âme. On aurait put dire qu'il était plus bête que méchant, malheureusement ce n'était pas le cas. Allez savoir comment un mec au QI si ridiculement proche de zéro avait pu commettre de tels actes sans qu'une autre personne tire les ficelles. C'était un mystère pour la jeune femme. Mystère d'autant plus épais qu'elle l'avait suivit pendant 3 jours d'affilé et qu'il
n'avait pas fait montre d'intelligence. Enfin pas au niveau humain en tout cas. En gros, ce mec était un gros porc sadique.Typiquement le genre de mec qu'Eléanor était ravie de tuer car cela revenait à une bonne action. Une bonne action rémunérée, mais une bonne action quand même.

Ce matin là, pour le quatrième jour, elle suivi l'homme et nouveauté du jour l'homme qui suivait sa cible. Elle l'avait rapidement repéré le matin même. Après tout, son domaine c'était la traque. La mise à mort n'avait qu'un intérêt franchement limité. Mais, le second homme ajoutait une inconnue à l'équation. Eléanor n'aimait pas ce genre de surprise. Elle savait que cela la gênerait dans la réalisation de son contrat. Et c'était pas bon. Elle avait tout planifié. Il ne restait qu'a réaliser la mise à exécution du plan. Mais il y avait un grain de sable dans le rouage.

A défaut de savoir qui était le grain de sable, elle pensa que c'était probablement un concurrent. Il devait avoir entre 25 et 30 ans, les cheveux très court, une musculature qui n'était visiblement pas de la gonflette. Une aura particulière l'entourait. Eléanor décida de ne pas prendre ce type à la légère. Quand bien même aurait-il été le garde du corps de Charles, il n'était pas là pour les apparences. Pas de doute pour Eléanor, ce type avait lui aussi son compte de cadavre. Restait à savoir dans quelle catégorie il fallait le classer : ami ou ennemi. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Restait à savoir si c'était un ennemi de l'ennemi!

Comme depuis 3 jours, le temps n'était pas terrible dans le coin reculé qu'était Godric's Hollow. Un temps qui faisait regretter à Eléanor son Canada natal. Le froid lui allait très bien, mais ici l'humidité qu'elle ressentait constamment était pénible pour la jeune femme. L'humidité ambiante avait pénétré sa cape de laine qui ne remplissait plus son rôle tandis que ces vêtements en cuirs lui empêchait de finir trempée comme une soupe. Si elle n'avait pas été habitué au froid elle aurait greloté constamment. Au lieu de quoi elle était de temps à autre secoué d'un frisson qu'elle réprimait. Depuis le début de sa traque son humeur était bien vite devenue maussade. Inutile de préciser qu'elle n'avait pas vraiment apprécié la balade du jour. Elle aurait préféré rester dans la forêt adjacente à l'habitation de sa cible, à couvert des arbres ou il est plus facile de s'abriter de la pluie. Habitation étant un bien grand mot pour désigner la cabane en bois délabré dans lequel il vivait. Les fenêtres étaient recouverte d'une couche de crasse que même un grand nettoyage n'aurait pu enlever. Malgré cela, il était encore possible de voir à travers.

Eléanor resserra sa grande cape noire en laine autour d'elle. Plus par soucis de garder un peu de chaleur que pour ne pas être vue. Stella revient de son expédition de reconnaissance autour de la maison. La chatte noire était dans le même état que sa maitresse : trempée. On aurait pu l'essorer. Stella fit comprendre à Eléanor que le second type était toujours là avant de se glisser sous la cape pour échapper à la pluie fine et pénétrante qui tombait sans discontinuer depuis plusieurs jours.

Elle restait sous le couvert des bois, tapis dans l'ombre, attendant son heure. Sa cible ne semblait pas vouloir ressortir. C'était le moment idéal pour passer à l'action. Mais elle ne savait toujours pas qui était son concurrent et pourquoi il était là. Stella glissa hors de la cape et tourna la tête sur le coté. La jeune femme, aux aguets, fut bientôt capable de repérer un mouvement sur sa droite et le bruit - presque silencieux - de pas humain.

Relevant la tête, elle avança d'un pas quand elle sut qu'il pourrait la voir ou l'entendre. Seule la faible lumière traversant les fenêtres de la piaule éclairait la scène. Elle n'était pas suffisante pour permettre à quiconque de voir le visage d'Eléanor. Quelques mèches s'échappaient de sa capuche, son regard dans l'ombre de la capuche était inexpressif, l'expression de son visage neutre. Baguette dans la main droite, poignard dans la main gauche, le tout caché par sa cape, elle demanda prête à tout : " Qui êtes vous? Et que voulez vous? "

Ne dit-on pas que la meilleurs défense est l'attaque?