Quelqu'un m'offre à boire ? [Matt]

Quelqu'un m'offre à boire ?
ft. Madison S. & Matt M.

Ce que j’aime pendant l’été, c’est pouvoir profiter de la chaleur, du soleil. C’est pouvoir lâcher un peu les livres & penser aux copains, aux copines. On s’amuse, on rit. Rien que pour ça, je voudrais pouvoir vivre en été uniquement. Que le soleil soit toujours près de moi, prêt à faire bronzer ma peau à chaque fois qu’elle est un peu dénudée. Les vacances, c’est pouvoir se lever tard, alerté par les rayons sur soleil, c’est sauter dans une piscine dès qu’on en a l’occasion, c’est s’allonger dans l’herbe du jardin ou n’importe qu’elle parcelle d’herbe que l’on peut trouver & regarder le ciel ainsi que tout ce qui y passe… Les vacances, c’est signe de liberté. J’avais passé déjà quelques semaines à Londres, mais le temps se fait malheureux, parfois. Alors je décidai de faire un tour au Pré-au-Lard, là où peut-être je ferais de nouvelles rencontres. A cette époque de l’année, ça grouille de monde, là-bas. Ca me plaît.

J’arrivai au Pré-au-Lard que déjà je fus poussée par un passant qui se montrait très pressée. Un peu décoiffée, je cherchais une vitrine afin d’améliorer mon image. C’était noir de monde, plein à craquer de partout. C’était bien difficile de poser un pied devant l’autre dans se faire bousculer ou marcher dessus. L’air devenait même irrespirable. Instinctivement, je vins l’abriter du soleil aux Trois Balais. Il y avait une assez bonne ambiance. Après avoir fait quelques pas hésitants, je m’approchai d’un pas sûr vers le comptoir. Il y avait beaucoup de clients accoudés mais il faisait meilleur que dehors. Peut-être allais-je passer toute mon après-midi à l’intérieur ? Il était un peu moins de quatorze heure, j’avais encore le temps de prévoir mes activités.

Une fois arrivée près du bras, je commençai à fouiller mes poches afin de trouver un peu d'argent, de quoi me payer une bièraubeurre. Après les avoir toutes fouillées & refouillées une par une, je finis par me rendre compte que j'avais tout oublié dans ma chambre. Malheureusement, j'avais très soif & je n'avais aucune envie de retourner chez moi chercher l'argent... Dans ma tête, je m'insultais avec tous les jurons que je trouvais. Qu'est-ce que je pouvais être idiote...

D'un côté, j'étais extrêmement paniquée à l'idée de devoir avoir la honte devant tous ces gens. Moi qui aime rester discrète partout où je vais, je ne voyais pas l'intérêt de se faire remarquer aux Trois Balais. Autant se faire remarquer nulle part. Je tentais donc de me faire petite, j'avais chaud d'un seul coup ; surtout que bon, n'allons pas dire que je suis une habituée d'ici, mais untel connait untel qui vous connaît et BAM!, c'est la catastrophe. J'étais agacée par cette situation, si bien que j'allais partir. Mais là, un jeune homme dont le visage m'était étrangement familier me proposa quelques gallions. Je fis un léger hochement de tête, un peu comme un réflexe, ébahie devant ce geste généreux. M'enfin, ce n'étaient que quelques gallions, mais je pensais qu'il n'y a pas beaucoup de monde qui ferait ça pour moi, en réalité. Un peu mal à l'aise, la seule chose qui réussi à sortir de ma bouche ce fut un vulgaire "Hum.", ce petit bruit gêné que je fais généralement quand je ne sais quoi dire. Encore un peu & j'allais rougir.

« Hum.. Non, je ne peux pas accepter… Mais dis-moi, nous ne nous sommes pas déjà vu quelque part ? »

Le visage de l’adolescent me rappelait en effet quelque chose ; mais n’étant pas sûre j’étais criblée par les doutes, je préférais donc lui poser la question. Je regardais mon interlocuteur droit dans les yeux ; je fais ça à chaque fois. Des fois, ça rend les gens mal à l’aise, ça les trouble. Souvent, je m’en aperçois, alors d’un seul coup je baisse mon regard ; d’autres fois je m’excuse. Là, je ne remarquais rien. Ainsi je continuais à le fixer dans les yeux. J’essayais de fouiller dans ma mémoire, où avais-je vu ce visage… Malheureusement, rien ne me revenais.

J’étais tout de même assez bouleversée par la tournure que prenait la conversation ; j’allais devoir parler de celui qui se trouve être mon père; celui qui a trahi toute un début de famille, celui qui m’aura empêché un bon épanouissement malgré l’acharnement de ma mère & de ses parents à faire en sorte que je ne manque de rien. Malheureusement, il n’ont presque rien pu faire contre le manque d’un père… Je n’avais vraiment pas envie d’en parler, que ce soit avec ce jeune homme ou avec qui que ce soit d’autre, mais je pensais que mon état risquait de s’empirer. Je sentis monter en moi un vif sentiment de grande colère, je sentais que si jamais je ne faisais pas quelque chose pour me calmer j’allais éclater en sanglots au beau milieu de la salle. J’avais envie de me lever & de sortir, changer d’air, mais par respect je restai assise. Je fermais juste les yeux ; afin d’essayer de faire le grand vide. Après ça, je décidai enfin à commencer mon récit.

« Je.. Je ne sais pas si je réussirais à finir.. Tellement c’est dur d’en parler.. »

Là, je m’arrêtais net dans ma phrase, afin de prendre ma respiration une bonne fois pour toutes. Il ne fallait vraiment pas que je pleure; pas en public. Ainsi je me concentrais sur ce que j’avais à dire &, d’un ton naturel, je continuais.

« Je n’ai jamais vu mon père ; il a abandonné ma mère peu avant ma naissance. Elle me disait qu’il prétextait le fait d’être beaucoup trop jeune pour élever un enfant, alors ma mère m’éduqua seule avec l’aide de ses parents, qui sont d’une grande bonté. Mais quelques jours avant mes onze ans, je reçu une lettre de sa part, m’expliquant tout… Mais si tu savais à quel point je le haïs. Ma mère s’est remariée, mais je doute qu’elle soit aussi heureuse que dans sa jeunesse. Bref, c’est compliqué, même moi je ne comprends pas tout… »

Contre toute attente, j’avais réussi à dire le principal sans flancher, sans fuir, les larmes aux yeux. J’étais limite fière de moi car c’était vraiment la première fois que je parlais de ça à un « inconnu ». Alors le sourire aux lèvres, je me détendis tout naturellement. Voilà, je me sentais bien.

Comme quoi, cela ne m’avais pas tuée de parler de ça, non ? Totalement libérée, j’avais enfin pris mes aises pour de bon. Mais bon, j’avais tout de même envie de changer d’air. Mais, respectueuse envers le jeune homme, je me tus & continuai d’écouter ce qu’il me disait. Peut-être qu’il me jugeait ? Non, je ne pense pas. C’était un Serdaigle, pas un vil Serpendard. Il commençait à vraiment y avoir du monde à l’intérieur ; l’air devînt vite aussi irrespirable que celui du dehors. Je sentais que je pâlissais du à la chaleur. Mais je secouais ma tête afin de n’affoler personne. En secouant ma tête, je repris quelques couleurs. Mais afin d’être sûre, je pris une gorgée de bièraubeurre. Toujours aussi dignement. Je me sentais dans l’immédiat beaucoup mieux. Mais je ne savais pas jusqu’à quand… L’adolescent face à moi commença alors à s’excuser d’avoir lancer ce sujet, je ne pouvais que le rassurer.

« Non mais tu sais; au fond, je pense que ça ne peut m‘être que bénéfique. Donc moi, je te remercie de m‘avoir posé cette question qui, en fin de compte, me permit de me libérer de ce fardeau. »

Cela faisait déjà près d’une demi-heure que nous parlions, mais je me rappelais pas lui avoir demandé son prénom… Alors que j’avais moi-même dis le mien. Je trouvais ça tout de même assez étrange. La seule solution possible était sans doute d’aller le lui demander. Rapidement, entre deux questions, j’essayais de caler la mienne qui semblait sans importance ; mais qui en avait pourtant tellement pour moi. Oui, j’aime savoir le prénom ainsi que le nom, voire tout ce que je peux savoir, de la personne avec laquelle je parle. Disons qu’il s’agit d’une… obsession.

« Je suis désolée mais… Mais il ne me semble pas que tu m’aies précisé ton nom… Je peux savoir comment tu te prénommes ? Ca me gêne de pas savoir… »

J‘avais enfin réussi à poser ma question, alors, le fixant éternellement dans le blanc des yeux, sans même ciller des paupières, j‘essayais de le troubler.

Le temps s’écoulait très vite ; si vite que je ne le voyais même pas passer. Dès que Matt m’indiqua son identité, il s’éclipsa à la vitesse de l’éclair, me laissant là, seule. Je le suivais du regard dans ses moindres gestes ; de la mise en place de sa veste jusqu’à ses premiers pas. Cela m’avais fait beaucoup de bien d’avoir discuté avec une nouvelle tête. Celle-ci allait me rester gravée dans la mémoire encore longtemps. Ce sourire… Ce visage… Il me sera impossible de ne pas le reconnaître si je venais à recroiser sa route. Je garderais en tête aussi que Matt m’a gentiment payé une bièraubeurre, ainsi je lui dois une faveur. Je la tiendrais, c’est sûr. Dans les derniers instants, je regardais Matt s’éloigner & je lui fis un petit signe de la main, accompagné d’un sourire discret au coin de la lèvre.

« Oui, on se reverra, c’est promis… »

Une fois seule, je pris le verre de bièraubeurre & finis le reste ; je n’aimais pas gâcher. J’étais assise face au comptoir, mes mains faisant le tour de mon verre, je regardais le vide qu’il pouvait renfermer, et sur un coup de tête, je le remerciais. Je parlais toute seule mais j’avais soufflé un mot de remerciement que malheureusement il n’allais pas entendre. Je restai immobile pendant un peu plus de cinq minutes, puis je relevai la tête afin de regarder l’heure. Un peu déçue, je me levai, ajustai ma veste et m’en allai. Je marchais très lentement dans Pré-au-Lard, toujours aussi bousculée par la foule. Je voulais rentrer chez moi, mais une petite voix dans ma tête me proposait de m'amuser un peu plus ici ; ainsi je gambadais sans destination précise. Où pourrais-je bien aller faire un tour ? Je regardais par terre, quand tout à coup je relevai la tête. Je vis l'enseigne de la boutique de bonbons. J'allais donc y faire un tour. Avant de rentrer, je pensais une dernière fois à ce garçon. J'étais heureuse d’avoir fait une nouvelle rencontre ; un Matt très charmant, d’ailleurs.

[RP terminé]