La Belle au Bois Mordant [FE]

Le Mal, c'est quelque chose de toujours possible. Et le Bien, c'est quelque chose d'éternellement difficile. Feat. Vladimir & Aliénor




Traquée.

Aliénor était traquée, voulant à tous prix s'échapper d'un monde qu'elle ne comprendrait jamais. Elle courait du plus vite qu'elle le pouvait, mais la lumière du jour raidissait chacun de ses muscles, engourdissait son cerveau, diminuait son champ de vision. Elle était sans cesse obligée de s’arrêter pour reprendre son souffle (ce qui était ridicule quand on y pensait, car elle ne respirait pas vraiment), guettant le moindre bruit suspect. Heureusement, son ouie demeurait infaillible malgré le jour qui déclinait lentement. Trop lentement. Aliénor haïssait ce soleil aveuglant qui rendait sa peau diaphane encore plus pale ! Etait-ce de sa faute si elle ne bronzait pas ? Un jour, un Moldu aventureux lui avait fait cette remarque. Le pauvre bougre n’avait plus eu l’occasion de dire quoi que ce soit d’autre. La vampire était directe, elle ne tergiversait pas, même lorsqu’elle était encore vivante. A dire vrai, elle ne se souvenait plus vraiment de son existence humaine. Tout se résumait à quelques impressions trop vagues pour mettre un mot dessus. Parfois, elle se sentait envahie par la nostalgie, mais elle fermait aussitôt les fenêtres de son passé. Pas besoin de s’attarder sur des choses insignifiantes. Elle était beaucoup mieux dans l’après-vie, n’est-ce pas ?

Comme elle s’était cachée derrière un arbre le temps de « respirer » un peu, elle repensa à ce qui l’avait amené en Angleterre. Elle esquissa un petit sourire en coin en se souvenant d’un jeune freluquet pour le moins appétissant qui l’avait abordée un soir, à la frontière de l’Ile de Nuit, dans le Grand Nord. Le jeune inconscient avait un message à lui transmettre de la part du Seigneur des Ténèbres. Rien que ça ! Lord Voldemort, sorcier redouté et redoutable, quémandait sa présence à Londres pour « parlementer » comme avait dit le messager en bégayant. Aliénor avait trouvé cela mignon. Elle s’était approchée de lui, avait posé sa main sur son torse et l’avait fait glissée jusque dans sa nuque, tout en l’hypnotisant de ses yeux bleu azur. Le jeune sorcier ne tremblait plus, car elle l’avait rassurée avec ces simples mots :

« N’aies pas peur. Je ne te ferai aucun mal. »

Etrangement, cela avait marché. Il faut préciser qu’Aliénor avait un petit don qu’elle utilisait dès qu’elle en avait l’occasion. C’était tellement amusant de jouer avec sa nourriture. Puis, approchant son visage du sien tout en l’envoûtant d’un simple regard, elle l’avait embrassé. Le messager ne se rendit pas compte qu’il était mort. D’un simple baiser, elle l'avait tué. Elle accompagna le mouvement du corps qui s’affaissa sur le sol, et éloignant ses lèvres ensanglantées des siennes, elle dit d’un ton à la fois suave et amusé :

« Merci pour l’info ! »

Ensuite, elle passa son index diaphane sur la bouche vermeille du jeune homme, comme pour dire « c’est notre petit secret » et lui avait tourné le dos sans plus d’intérêt. Elle s’était doutée que Voldemort n’enverrait pas l’un de ses adeptes pour lui délivrer un message, car il savait très bien qu’il ne reviendrait pas vivant de l’Ile de Nuit. Le messager était certainement un pauvre innocent sous le sortilège Impérium. Les innocents avaient encore meilleur goût. La vampire appréciait déjà ce mage noir dont elle avait suivi les périples avec un certain intérêt, même si elle trouvait qu’il s’était fait vaincre très facilement, la première fois. Un simple nourrisson avait eu raison de lui ? Elle, en tous cas, n’avait jamais eu de problème pour croquer les nouveaux-nés. Ce Seigneur des Ténèbres lui paraissait bien chétif, mais elle était tout de même curieuse de savoir ce qu’il lui voulait.

C’est ainsi qu’elle se retrouva à quelques kilomètres de Londres, dans une foret, traquée par des Aurors qui avaient appris son arrivée. Il faut dire qu’elle n’avait pas été très discrète. Aliénor ne se déplaçait pas pour rien, et aimait le faire savoir. Et puis, toutes ces petites courses poursuites étaient salutaires : ça faisait garder la santé à tous ces nigauds du Ministère de la magie.

Elle se rendit compte qu’elle les avait semé lorsqu’elle n’entendit plus aucun pas sur le sol, ni aucun « plop » annonçant un transplanage impromptu. Ils déclaraient forfait beaucoup plus tôt qu’avant. Ils devaient être devenus fonctionnaires. Aliénor se mit à rire toute seule à cette idée et rejeta ses longs cheveux bruns en arrière. Elle attendit encore quelques secondes, puis sortit de sa cachette, soulevant ses jupes d’un geste gracieux. Malgré le temps qui passait, elle s’habillait rarement autrement qu’en robe du XVIème siècle. Elle adorait cette mode et de cette manière, elle gardait un pied dans son époque.

Elle commença à marcher dans la foret, prenant le temps d’observer les arbres qui lui fournissaient suffisamment d’ombre pour ne pas sentir la morsure du soleil, mais s’arrêta soudain en apercevant un homme immobile, à quelques mètres d’elle. Il semblait l’attendre, et même si elle était étonnée de le voir ici, elle ne le montra pas. C’était assez étrange de voir le ministre de la magie du Grand Nord dans une foret anglaise. Que faisait-il ici ?

S’approchant de lui davantage avec un dédain saisissant, elle lâcha le bas de sa robe qui retomba élégamment sur ses chevilles.

« Vous aimez la randonnée au point de venir vous promener à 5000 kilomètres de chez vous ? » demanda-t-elle avec une once d’ironie dans la voix.

Elle s’arrêta lorsqu’elle fut à un mètre de lui, et croisa les bras tout en redressant fièrement la tête. Il y avait quelque chose chez cet homme qu’elle ne comprenait pas et qui l’agaçait. Cela venait sûrement du fait qu’il était le seul humain à résister à son don. Malgré tous ses efforts, elle n’avait jamais réussi à l’influencer. Ce ministre était un mystère impossible à résoudre.

« Vous vous inquiétez pour moi ? Il ne fallait pas. Je m’amuse beaucoup avec ces Aurors anglais. Je les promène depuis plusieurs heures. Les pauvres ont beaucoup de kilos à perdre. Je les aide comme je peux ! »

Elle esquissa un sourire mutin et innocent, puis se mordit les lèvres tout en l’observant plus en détails. Aussi incroyable que cela pouvait paraître, elle était touchée que Vladimir se soit déplacé pour elle. Même si elle était parfaitement capable de se débrouiller seule, elle était contente d’avoir un peu de compagnie dans ce pays qu’elle n’avait plus visité depuis des siècles. Surtout qu’elle aimait beaucoup jouer avec Vlad…

Aliénor fit une petite moue d'autosatisfaction en entendant la réplique de Vladimir. Evidemment que la Grande Bretagne pouvait lui être reconnaissante de faire transpirer ses Aurors afin qu'ils perdent leurs kilos en trop ! Elle se voyait déjà se faire appeler "Sainte Aliénor, celle qui rendit la santé aux valeureux Aurors du Ministère", mais cette appelation fit apparaître une grimace écoeurée sur son visage aussi lisse que du verre. Elle préférait continuer à être crainte plutôt que de passer pour la mascotte de la course à pieds !

Cependant, elle oublia bien vite les étranges idées qui traversaient son esprit quand elle vit Vlad faire les quelques pas qui lui restaient pour se retrouver face à elle, quasiment front contre front. Enfin, étant donné qu'Aliénor était un peu plus petite que lui, elle avait une vue plongeante sur son cou et sa jugulaire qui palpitait. Un frisson la parcourut alors qu'elle sentait son odeur et voyait cette veine trembloter d'impatience, comme si elle réclamait qu'on la saigne sur-le-champ. La vampire passa langue sur ses lèvres, très tentée, mais pencha la tête à regret en voyant l'homme lui tendre la main. Sans attendre plus longtemps, il lui prit la main et la serra avec force. Une sensation incroyablement agréable et bienfaitrice envahit chaque atome du corps d'Aliénor, et elle lâcha un gémissement avant d'observer Vlad avec des yeux écarquillés, à la fois étonnée et impressionnée. Elle avait l'impression qu'il faisait nuit, alors que le soleil ne s'était toujours pas couché. D'un simple contact, Vlad lui avait permis de récupérer toute sa force de vampire qui était endormie pendant la journée. Aliénor regarda tout autour d'elle, éblouie devant la majesté et la beauté d'une forêt auréolée de la lumière du soleil couchant, et esquissa un grand sourire, se sentant tellement puissante dans toute cette clarté !

"C'est... magique !" dit-elle en se tournant de nouveau vers Vlad sans cesser de sourire. "Vous n'êtes pas un sorcier pour rien."

Elle fronça légèrement les sourcils, sachant très bien qu'un sorcier, malgré tous ses pouvoirs, n'était pas capable d'un tel prodige. Comment faisait-il pour la dérouter à ce point ? Il préféra changer de sujet. Il lui conseilla de ne pas rester trop longtemps dans ce pays, mais elle se contenta de lui répondre par un haussement d'épaules. Que risquait-elle ? Elle avait survécu aux différentes épidémies des derniers siècles, aux famines, aux guerres, à Tokio Hotel... Qu'avait-elle d'autre à craindre ? Rien qui marche et qui respire sur cette terre, en tous cas.

Amusée à l'idée qu'il s'inquiète pour elle, même si elle n'était pas certaine que ses paroles devaient être comprises en ce sens, elle planta son regard hypnotique dans le sien, et déclara d'un ton suave :

"On se croirait dans ce conte pour enfants... Vous savez, la Belle et la Bête. Sauf que je ne sais qui de nous deux est la Bête en question..."

Elle fit un autre sourire, plus espiègle, et approcha lentement son visage du sien quand soudain, deux "Plop" se firent entendre à côté d'eux. Aliénor roula des yeux, et s'éloigna de Vlad le temps de regarder les deux Aurors qui venaient d'apparaître.

"Allez jouer ailleurs !" dit-elle tout en secouant la main d'un geste agacé.

Les deux Aurors se regardèrent, et s'exécutèrent en donnant l'impression de ne pas comprendre pourquoi ils agissaient ainsi. Ils disparurent mais Aliénor ne s'intéressait plus à eux depuis longtemps. Il était facile de faire changer d'avis ces simples humains tels des girouettes. Si la vampire se laissait traquée, c'était juste pour s'amuser. En réalité, elle pouvait les faire déguerpir très rapidement, et sans même utiliser ses canines.

"Donc, où en étions-nous ?" reprit-elle tout en fixant Vlad sans ciller. "Ah oui, je me disais que vous étiez inconscient de vous déplacer sans escorte. Sans votre unité d'élite... Vous n'avez pas peur du grand méchant loup ?"

Elle l'observa un court instant mais ne lui laissa pas le temps de répondre. Elle avait fait courir une main dans son dos et une fois qu'elle trouva son cou, passa ses doigts autour pour amener son visage jusqu'à elle. Là, elle l'embrassa langoureusement, desserrant l'étreinte de sa main autour de son cou, sentant sa jugulaire palpiter de délice sous ses doigts fins. Emplie de désir et en pleine possession de son pouvoir de vampire, elle jugea que c'était une très belle journée pour lui donner la mort. Elle n'aurait sûrement pas eu autant envie de le tuer si elle ne l'avait pas embrassé, mais l'un allait rarement sans l'autre pour les créatures de la nuit...

Elle intensifia son baiser, et frissonna en sentant le goût du sang couler sur sa langue. Il n'en avait plus pour longtemps. Dans quelques secondes, il allait rejoindre ses ancêtres alors que son corps demeurerait à jamais dans la forêt. Mais, alors qu'elle s'abreuvait au coeur même de sa vie, elle se sentit subitement défaillir. Déconcertée, elle le relâcha et se recula, le dévisageant avec un certain mécontentement. Quelque chose l'avait empêché d'achever ce qu'elle avait commencé. Mais quoi ? Elle-même n'arrivait pas à le savoir.

"Je déteste quand vous faites ça." dit-elle comme une petite fille à qui on refusait obstinément son jouet préféré.

D'un revers de main, elle essuya le sang qui coulait au coin de sa bouche et regarda Vlad de haut en bas d'un oeil mauvais. Qu'est-ce qui le rendait si spécial ? Et surtout, pourquoi se sentait-elle irrévocablement attirée par lui ? Cela avait sûrement à voir avec les costumes qu'il portait. Aliénor avait toujours eu une préférence pour les hommes bien habillés.

Quand il était en voyage dans l'Empire du Soleil Levant, Vladimir avait contemplé l'armée de l'Empereur Du Bai Li. Peu de gens en dehors des frontières de cet Empire savaient que l'armée personnelle de l'Empereur était consituée uniquement d'animagus capable de se transformer en dragon. Lors de la démonstration privée que lui avait réservé Du Bai Li, Vladimir avait sentit son coeur flotter dans les airs en contemplant ces magnifiques créatures. Il avait exigé la création d'une toute nouvelle baguette à son retour dans la Cité Rouge. Cette dernière possèdait un crin de Dragon Fen Sheng, les fameux dragons impériaux de l'Empire du Soleil Levant. S'il en avait été capable, Vladimir aurait aimé se transformer lui aussi en ces magnifiques créatures et s'envoler dans les airs. C'était peut etre pour cela qu'il aimait quand Aliénor le conduisait aux frontières de la vie et la mort. Il se sentait pousser des ailes et s'envoler. Si seulement cette sensation durait plus longtemps...

Aliénor l'avait libéré de son étrainte, et il était resté quelque secondes comme possédé. La jeune femme avait aucun pouvoir sur lui, et lui non plus sur elle, mais cette sensation qu'il éprouvait quand elle lui faisait ça, il avait du mal à s'en remettre. Elle s'était mise à parler la première, lui rappelant qu'elle détestait quand elle n'arrivait pas à bout de ses victimes. Mais que pouvait il bien faire à ce sujet ? Se laissait tuer ? Une Vampire qui n'arrivait pas à mettre fin aux jours d'un simple mortel, c'était plutôt inhabituel. Face aux habitants des Carpates, Vladimir avait une certaine emprise. Le sortilège protégeant ces créatures lui permettait de couler des jours heureux sans craindre une attaque de leur part. Mais Aliénor dans tout ça ? Elle était redoutée par la plupart des Vampires, et Vladimir savait à quel point elle se souciait peu des autres, et avait aucun remord à abréger la vie de certaines personnes. Alors pourquoi elle l'épargnait à chaque fois ?

Il était venu sans escorte, sans arme, sans la moindre chance de quitter ces bois. Et elle se trouvait face à lui, incapable de lui faire le moindre mal. Quelque chose l'empechait de le toucher, et ça l'amusait, car il savait très bien de quoi il s'agissait. Elle devait s'en douter depuis le premier jour, mais elle n'arrivait pas à se l'avouer à elle même. Et elle oserait jamais le formuler à voix haute. Ca n'était pas de l'amour, ça n'était pas de la compassion, c'était autre chose... Quelque chose de plus profond, ancré en elle, de plus fort. Ca devait sans doute la rendre dingue de ne pas en avoir la certitude. Mais elle était déjà suffisament dingue avant de se poser la question, du coup Vladimir avait aucun remord à la laisser dans le doute.

Vladimir avait passé une de ses mains, délicatement, le long de ses lèvres pour essuyer le restant de sang qu'Aliénor avait laissé là. Qu'est ce qu'elle pouvait être sale comme Vampire. La voir ainsi, désemparée, toute petite face à lui, ça le faisait se sentir fort, puissant. Il était le maître des Vampires, et la seule qui lui resistait encore était incapable de lui faire face. Comme c'était facile avec ces créatures. Et comme il aimerait que ça soit toujours aussi simple avec elle.

"Sans le sang cette fois ci..."

Il avait dit cela avant de s'avancer vers Aliénor, et de passer ses mains sur ses joues avant d'approcher son visage du sien. Il l'avait embrassé tendrement et passionnément, avant de sentir la jeune femme vibrer, et de se reculer juste un chouilla pour laisse entrevoir son sourire ravageur.

"Chacun son tour..."

Avait il dit. Car il venait de mordre la jeune femme aux lèvres, et il savait qu'elle adorait ça. Il n'était pas friand du goût du sang, mais elle l'avait fait saigné la première. Il ne pouvait pas la laisser garder le dessus. Enfin... Pas à ce niveau là... Pendant qu'il l'embrassait, il sentait quelque chose approcher au loin. Un léger grissement. Quelque chose qui émettait un bruit quasi indétectable. La nuit était quasiment là, et ils avaient perdus leur temps en bavardage. Qu'est ce qu'il pouvait la hair d'avoir gaspiller un aussi précieux temps qu'ils auraient pu utiliser autrement. Il ne c'était pas arrêter de l'embrasser pour autant, et il avait passé une main dans les cheveux de la jeune femme, les tirants en arrière de force pour lui faire échapper un petit cri. Ensuite, il l'avait à nouveau embrasser sauvagement avant de la faire se reculer jusqu'à contre l'arbre le plus proche. Le bruit, la nuit... Il sentait qu'en dehors de tout ce qui était sur le point d'arriver, elle reprenait des forces, et bien plus que celles qu'il pouvait lui donner. Son instinct de chasseuse était sur le point de se réveiller, et même si ça l'inquiétait pas, il ne voulait pas d'elle comme ça. Il s'était arrêté de l'embrasser, et il avait reculer rapidement, mettant un terme à leur étrainte.

"Ca suffit ! Je dois y aller." avait il dit en s'accordant quelque secondes pour reprendre son souffle.

"Vous devriez en faire de même. D'ailleurs, si je peux vous être d'une quelconque utilité..."

Il avait prononcé cette phrase en lui tendant la main. Ce qu'il lui proposait, c'était de la conduire hors des frontières des autres Empires que le siens. D'un geste rapide et avec l'aide d'un sortilège, il pourrait la faire transplaner avec lui dans un autre endroit du monde. Peut être même un où le jour n'était pas encore couché et où ils pourraient continuer là où ils en étaient restés. Ca ne dépendait que d'elle. Il pouvait l'aider, ou la laisser là...

Ce qu'il pouvait être agaçant, parfois ! Aliénor le considérait d'un regard profondément méprisant, refusant d'avouer qu'il avait une certaine emprise sur elle... Un vampire amoureux d'un humain ! C'était le comble des clichés les plus navrants ! Surtout qu'elle ne se considérait pas comme envoûtée par lui. Ce n'était pas de l'amour qu'elle ressentait, c'était plus une curiosité croissante qui se transformait peu à peu en une haine profonde. Qui était-il ? Pourquoi le voyait-elle d'un oeil différent ? Qu'importe : les années auraient bientôt raison de lui. Elle n'était plus sûre de le trouver si... intéressant lorsqu'il serait un vieillard édenté.

Néanmoins, pour le moment, elle ne pouvait nier qu'il était séduisant, et qu'il était capable de combler certaines de ses attentes... donc pourquoi ne pas en profiter un peu ?

Elle le regarda passer ses doigts le long de ses lèvres pour essuyer le sang, et ce simple geste suffit pour la mettre en appétit. Il s'avança vers elle, mit ses mains sur ses joues et l'embrassa passionnément. La vampire se laissa emporter dans ce tourbillon de saveurs qui la fit frissonner. Elle sentit alors une violente douleur dans sa bouche, puis le sang coula de nouveau, mais beaucoup moins, cette fois-ci. C'est alors que l'homme stoppa son baiser pour mieux la regarder avec un sourire irrésistible. Chacun son tour, avait-il dit. Aliénor se mordit les lèvres avant de l'embrasser de nouveau sauvagement, lui faisant très bien ressentir à quel point il lui avait fait mal. Vladimir lui rendait chacun de ses baisers, puissa une main dans ses longs cheveux. Aliénor eut un sourire furtif jusqu'à ce qu'il tire sa chevelure en arrière. Surprise, elle poussa un petit cri de douleur mais Vlad l'ignora totalement. Il la poussa contre l'arbre le plus proche, l'embrassant encore et encore, lui faisant clairement comprendre qu'il n'était pas du tout pressé de rentrer dans son empire...

A mesure qu'elle l'embrassait, elle sentait la nuit approcher et revêtir son sombre manteau, la rendant plus forte et plus dangereuse que jamais. Son pouvoir de vampire était exacerbé par les différentes sensations que provoquaient les baisers de Vlad, si bien qu'elle eut l'envie de le mordre encore, pour vérifier si elle y arriverait, cette fois...

Nouvelle frustration en sentant l'homme s'éloigner d'elle avant qu'elle ne puisse accomplir son dessein. Aliénor resta appuyée contre l'arbre, sous-entendant que s'il changeait d'avis, elle était toute disposée à quelques échanges supplémentaires. Elle afficha une petite moue déçue lorsqu'elle l'entendit dire qu'il devait partir. Elle savait très bien qu'il ne voulait pas d'elle la nuit, quand elle était au maximum de ses capacités. Craignait-il qu'elle ne le tue ? D'un côté, elle-même ne savait pas si elle serait capable de résister... Lui mettre un si alléchant amuse-gueule à sa portée et ne pas y toucher ? Ca serait comme une insulte !

Aliénor regarda la main qu'il lui tendait, puis releva les yeux pour l'observer d'un air appâté. Sa proposition était tentante... Elle pourrait transplaner à ses côtés et de ce fait, continuer ce qu'ils avaient si bien commencé dans cette forêt... Son visage se fendit en un sourire, puis elle se souvint de la raison de sa présence en Angleterre : Voldemort et son rendez-vous mystère. Aliénor avait toujours été bien trop curieuse pour ne pas résister à la tentation. Alors même si Vlad lui faisait une proposition pour le moins alléchante, elle se devait de refuser... pour le moment.

"Non merci, je suis très bien ici. Je prends des vacances bien méritées." dit-elle sans cesser avec ce petit sourire énigmatique. "Et puis, n'ayez crainte : rien ne peut m'atteindre. Je reviendrai dans le Grand Nord saine et sauve. Enfin... c'est une façon de parler !"

Elle se détacha enfin de l'arbre contre lequel elle était appuyée pour faire une révérence élégante. Elle avait toujours aimé le protocole et les bonnes manières. Et puis, cétait une façon de montrer qu'elle respectait Vlad, d'une certaine manière. Tout en se relevant, elle redressa la tête, et après avoir laissé échappé un petit rire cristallin, elle pivota sur ses talons et s'éloigna d'une démarche légère, sa robe jaune clair faisant des remous gracieux dans son sillage.

"A très bientôt, Monsieur le Ministre !"

Cette phrase, prononcée d'un ton ironique, se fit entendre alors qu'Aliénor avait déjà disparu et que Vlad n'avait pas encore transplané.