I got you under my skin ! [FE]

I got you under my skin There is no comprehension There is real isolation There is so much destruction Feat. Kiara & Elliot

Elliot souleva les paupières avec un affreux mal de crâne. Il laissa échapper un gémissement, et se redressa quelque peu, essayant de discerner quelque chose de son regard vitreux. Tout était flou devant lui, il n'arrivait pas à voir à un mètre. Il ne se souvenait pas avoir bu à ce point ! Pourtant, il avait la sensation que sa cécité était provoquée par autre chose... Il avait l'impression de ne pas être bien ancré dans son corps, et d'y être en même temps trop à l'étroit. C'était une bien étrange, et sûrement causé par Kiara qui s'était jetée sur lui juste avant qu'il transplane ! Elle l'avait perturbée en lui sautant dessus comme ça ! Tiens, d'ailleurs où était-elle ? Il allait prendre un malin plaisir à lui faire avaler ses gencives... Elle avait voulu le suivre, elle n'allait pas être déçue. L'humilier à ce point avait un prix. Il n'était pas du genre à se venger, il était plutôt du style à foncer selon l'impulsion du moment. Et à cet instant précis, il était hors de lui.

Petit à petit, sa vision devint plus nette, même s'il se sentait toujours très mal. Il s'assit sur le sol et s'aperçut qu'il se trouvait dans une rue du centre-ville de Londres. Là, c'était certain : le transplanage s'était mal passé, car il n'avait pas voulu arriver dans un endroit pareil ! Peut-être que c'était le voeu de Kiara, mais pas le sien, en tous cas ! Il poussa un soupir, se demandant où était la jeune femme. Ce petit jeu de cache-cache commençait à l'agacer. Elle aurait au moins pu avoir le courage de l'affronter !

Il secoua un peu la tête de gauche à droite pour essayer de reprendre ses esprits, et passa une main dans ses cheveux. C'est alors que quelque chose lui parut suspect, et limite angoissant. Perplexe, il sentit ses doigts glisser dans une longue mèche qu'il mit devant ses yeux écarquillés pour mieux la regarder. Une mèche blonde ! Il était devenu blond ! Mais qu'est-ce que...? Il eut un terrible pressentiment, qui se confirma lorsqu'un homme plutôt séduisant lui tendit la main en lui disant avec gentillesse :

"Je peux vous aider, mademoiselle ?"

Aaaah, c'était quoi ce délire ? Sans perdre une minute de plus, Elliot se leva d'un bond et se rua sur la vitrine la plus proche. Son reflet le laissa bouche bée un court instant, juste avant qu'il pousse un cri strident. Il était devenu Kiara ! Il leva les mains pour être certain de ce qu'il avançait, et vit son reflet faire de même.

"Mais... mais... mais..."

On pouvait comprendre que son élocution en avait pris un coup. Il se retourna vers l'homme qui avait voulu l'aider à se relever, et vit que celui-ci semblait indécis.

"Je suis une fille ? Hein, je suis bien une fille ?!"

L'homme -sûrement un pauvre Moldu ne comprenant pas à quoi il avait affaire- s'éclipsa rapidement, laissant Elliot seul au milieu de la rue.

"Qu'est-ce que tu m'as fait, encore ?" s'écria-t-il en grimaçant de dégoût, car il entendait la voix de Kiara prononcer ses propres mots. "Ca te suffisait pas de m'humilier ? Il fallait en plus que tu te clones et que tu me mettes... là-dedans ?"

Il se désigna lui-même, mais voulait juste désigner le corps de la jeune femme. Ca devenait vraiment compliqué... Tout ce qu'il voulait en cet instant, c'est être seul avec Simone, devant un bon film, sans penser à ce qu'il venait de subir. En toute logique, il pensait que Kiara pouvait l'entendre, car elle ne lui aurait pas fait subir une nouvelle humiliation sans être là pour regarder. Elle était tellement sadique...

"Où tu as mis mon corps ? JE VEUX MON CORPS !" hurla-t-il au beau milieu de la rue tout en piétinant du pied.

Plusieurs Moldus qui passaient par là le dévisagèrent avant d'accélérer l'allure pour s'éloigner le plus possible de cette cinglée qui parlait toute seule. Profondément désespéré de ne pas avoir de réponse, Elliot poussa un nouveau soupir et mit les mains sur ses hanches. Il pencha alors la tête et, se disant qu'il pouvait profiter un peu de la situation, il mit les mains sur sa poitrine avec une moue d'appréciation. Autant s'amuser un peu, surtout qu'il n'avait pas eu le temps d'accomplir ce geste lorsqu'il se trouvait encore dans la cabine avec Kiara.

Puis, soudain, il sentit un certaine résistance au niveau de ses mains, comme si quelqu'un ou quelque chose voulait à tous prix qu'il les enlève. Il avait également l'impression qu'on bataillait à l'intérieur de lui -ou du corps de Kiara- pour prendre sa place. O_o Quel était ce nouveau maléfice ? Il eut à peine le temps de résister qu'il vit le corps de Kiara bouger sans qu'il le demande, comme s'il était contrôlé par quelqu'un d'autre que lui. Indécis, il préféra attendre et observer. Peut-être qu'il aurait certaines réponses à ses questions... Il l'espérait, du moins ! Il n'allait tout de même pas rester comme ça jusqu'à la fin de sa vie !

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There are too many questions There is not one solution There is no resurrection There is so much confusion

Instinct féminin ou non, Kiara l'avait mal sentit depuis le départ. Ce demeuré sans cervelle portait la poisse. Elle aurait du le laisser partir dès le début et engager quelqu'un pour lui faire payer, plutôt que de jouer sa super-héroïne et de tenter par elle-même de le faire souffrir. A présent elle se retrouvait complètement sonnée, avec une impression d'étouffement insoutenable, allongée elle ne savait où sur la planète Terre. Elle ignorait où Elliot avait voulu se rendre, tandis qu'elle avait imaginé une rue quelconque, dans laquelle une tonne de monde se promenait à cette heure. De la sorte, il n'aurait pas pu tenter de l'exterminer sur place à cause du trop grand nombre de témoins, alors qu'elle pouvait lui crier dessus et le frapper sans risquer de passer pour une folle... vu que c'était déjà le cas.

C'était comme si son corps était trop lourd, elle ne pouvait pas esquisser un seul mouvement. Rien que de s'imaginer bouger l'épuisait. Pourtant, elle vit le paysage devant elle changer, comme si elle se déplaçait. Encore trop perturbée par ce transplanage des plus décevants, elle ne prêta pas attention à ce détail, se contentant d'observer la rue londonienne qui l'entourait. Elle se sentait étrangement seule... La main qu'elle avait attrapé avant de disparaître de la taverne de Pré-Au-Lard semblait avoir changer de place, et une inquiétude commença à l'envahir sans qu'elle ne le souhaite. Où il était donc passé cet imbécile ? Elle allait être accuser de complicité de fuite si jamais les deux autres Aurors les retrouvaient ! Elle n'avait rien fait de mal elle ! Si par sa faute elle était emmenée au Ministère pour se faire juger de je-ne-sais-quel-crime, il allait l'entendre ! Elle n'était pas prête d'avoir finit de régler ses affaires avec lui.

Elle voulut secour la tête de droite à gauche, afin de se remettre les idées en place, et passa ensuite... ATTENDEZ ! Depuis quand confondait-elle sa droite et sa gauche ? Et pourquoi est-ce qu'elle voyait son bras bouger sans le sentir ? C'était comme si elle faisait des choses sans que ce soit elle qui les fasse... Son corps avait-il été entièrement anesthésié durant le choc ? De telle manière à ce qu'elle ne puisse plus rien ressentir physiquement ? Elle aurait mieux aimer se pincer pour vérifier sa théorie complètement décalée, mais même en le voulant à tout prix, elle n'arrivait pas à diriger sa main sur le bras opposé. Plus jamais d'alcool, plus jamais !

Elle eut alors devant les yeux une de ses mèches blondes, qu'elle trouva étrangement magnifique. Cependant, elle n'eut pas le temps de se pencher sur la question du "Pourquoi je bouge sans bouger" plus longtemps qu'une main se tendit vers elle. Un grand sourire s'afficha alors sur son visage - enfin c'est ce qu'elle croyait, vu que pour elle, elle était en train de sourire - et elle s'apprêta même à accepter l'aide de ce gentleman. Pourtant, ce n'est pas ce qu'elle fit. Elle se mit sur ses jambes à une vitesse hallucinante et se retrouva face à une vitrine sans comprendre comment. Alors, elle comprit ce qui lui arrivait, seulement au moment où elle cria sans crier.

C'était bel et bien son reflet qu'elle voyait juste en face d'elle. Mais quelqu'un d'autre le voyait aussi, du même angle qu'elle, de la même manière. Quelqu'un la squattait. Elle eut l'étrange impression de se dissoudre en des milliers de petits morceaux à l'idée qu'une autre personne puisse diriger tout ses faits et gestes.. Enfin non, pas les siens, ceux de celui ou celle utilisant son apparence. C'était vraiment très flippant cette idée, et elle fut prise d'une panique incontrôlable, qui ne fit qu'augmenter quand elle réussit enfin à mettre un nom sur la personne en question.

QU'EST-CE QUE MCKEE FOUTAIT DANS SON CORPS ? Il avait perdu le sien en route ou quoi ? Peut-être bien.. Et c'est pour ça qu'il n'était pas à proximité... Elle avait tout fait foiré ! C'était de sa faute à elle ! Mais non. Si lui n'avait pas commencé il y a 17 ans, il n'en serait pas là, donc c'était de sa faute à lui et rien qu'à lui. Elle n'avait pas à se blâmer pour les erreurs d'un autre ! En plus il utilisait sa voix ! Elle détestait ça. Comme si elle parlait sauf qu'elle disait n'importe quoi vu que c'était Elliot qui les disait à sa place. Et en plus il venait de lui faire louper une occasion en or de passer la soirée avec un moldu sympa pour rattraper cette journée pourrie ! La prochaine fois qu'elle le recroiserait dans la rue, il allait la prendre pour une folle et se barrer en courant, comme il venait de le faire juste à l'instant.

Elle ne préféra même pas répondre aux questions qu'elle se... non, qu'il lui posait, les trouvant tout à fait idiotes. Non mais il avait finit là ? Pourquoi ce serait forcément de sa faute à elle ? Il pensait réellement qu'elle rêvait de partager son corps avec un détective raté ? Que c'était ce genre de fantasmes qu'elle avait ? Elle aussi il voulait qu'il la laisse tranquille au plus vite, surtout qu'elle n'avait aucune idée de quoi il serrait capable vu ce qu'elle lui avait fait subir !

C'est là qu'il dépassa les bornes. Il la toucha. Enfin il se toucha mais la toucha elle, elle pouvait le sentir et le voir. Elle retint un cri de dégoût alors qu'elle se décidait enfin à réagir. En y mettant toute sa force, elle opposa une résistance mentale, et usa des 50% de contrôle sur son propre corps qui lui restait sans hésiter. Elle arriva enfin à lui faire retirer ses mains de l'endroit où il les avait posé, alors qu'elle semblait de nouveau maîtresse de ses propres gestes. C'était pire qu'être courbaturé un lendemain de journée sportive sans s'être étirer avant. Elle se sentait salie à l'idée qu'il était là, avec elle, et une grimace s'afficha rapidement sur son visage déjà déformé par la surprise.

"Retente ça encore une seule fois, et tu peux être certain que tu retrouveras pas ton corps en un seul morceau !" Cria-t-elle à l'intention du squatteur alors que plusieurs regards se tournaient vers elle. "C'est comme si je me faisais psychologiquement violée.. C'est affreux.. Je crois que je vais faire une crise de panique.."

Elle n'arrivait jamais à gérer son stress, alors imaginer que son pire ennemi du moment puisse faire tout ce qu'il voulait d'elle, c'était assez effrayant. Se détachant de la vitre et du reflet qu'elle lui renvoyait, elle étudia les lieux qu'elle ne reconnut malheureusement pas.

"D'un côté, j'aurais bien envie de rester tout le temps comme ça, rien que pour te pourrir le reste de ton existence... Mais vu comment c'est parti, ce serait plus le contraire qui se produirait."

Elle commença à se tortiller dans tout les sens, tournant en rond en se cognant à plusieurs reprises contre des passants et une autre fois contre un poteau. Ca faisait mal, oui.

"Et de l'autre, je veux pas que tu me colles éternellement. Alors va falloir qu'on coopère, Elly. J'avais jamais pensé à t'appeler comme ça.. Elly ! On dirait un prénom de fille !"

La prochaine fois, il faudrait qu'elle réfléchisse à deux fois avant de tenter de le provoquer alors qu'à tout moment, il pouvait prendre le contrôle.

Cette fois-ci, Elliot était vraiment au bout du rouleau. Lorsqu'il vit le corps de Kiara bouger et parler avec une autre conscience que la sienne, il aurait voulu hurler et se claquer la tête contre les murs. Seulement ça, il ne le pouvait pas étant donné que la petite blonde avait pris sa place dans le contrôle du corps. Ca allait être joyeux si en plus de tout ce qu'ils avaient vécu, il fallait qu'ils partagent la même enveloppe. Etait-il maudit ? De mauvaises fées s'étaient-elles penchées sur son berceau à la naissance ? Il commençait à le croire, car avoir la poisse à ce point, ce n'était pas humainement possible !

Elle se sentait violée, la belle affaire ! Et lui, il se sentait comment ? Il aurait bien voulu le lui dire, mais à ce moment-là, Kiara était tellement en colère qu'il ne parvenait pas à reprendre le contrôle du corps. Une peur-panique s'empara alors de lui, tandis que la petite blonde criait au beau milieu de la rue, effrayant tous les Moldus aux environs : et s'il ne retrouvait jamais son corps ? Et s'il restait prisonnier de Kiara à tout jamais ? Il y a une demi-heure encore, cette éventualité ne l'aurait pas gênée outre mesure, étant donné la proximité qu'ils s'étaient permis tous les deux, mais là c'était trop ! Partager le corps d'une femme, c'était tellement... frustrant. Oui, c'était le mot. Il se sentait excité à cette idée, et en même temps, la perspective de ne rien pouvoir faire de concret le mettait au supplice. Et si on ajoutait à ça le fait qu'il avait voulu se taper la fille en question alors qu'à présent, elle lui sortait par les yeux, on ne s'en sortait plus ! Bien entendu, il restait quelques pulsions par-ci par-là, signalant une sensation d'inachevé entre eux, mais elle s'évanouissait bien vite quand Elliot baissait les yeux sur ses mains et qu'il voyait des doigts fins et manucurés !

Quoi ? Kiara voulait rester dans cet état pour le restant de sa vie, rien que pour lui pourrir la sienne ? Elle était complètement tarée ou quoi ? Pendant un court instant, Elliot la crut, et il eut l'impression de se liquéfier dans sa chair. Etrange image, mais il faut dire qu'il n'était pas très bien ancré dans ce corps. Il avait parfois l'impression de se balader à l'intérieur comme les âmes translucides qu'on voyait dans les films à la tv, et d'autres fois, comme à cet instant précis, il se sentait beaucoup trop à l'étroit. Normal : Kiara était tellement petite et étriquée comparé à son corps à lui ! Non pas qu'il soit gros, mais il était musclé. Ca faisait toute la différence.

Le plus fort, ce fut quand elle lui donna ce surnom débile que ses camarades de classe lui octroyaient en primaire avant de le jeter dans les flaques d'eau. Elly. Elly le Nul. Baby Elly. Le pire, c'était que sa mère l'appelait aussi comme ça. Envahi par une brusque vague de colère, le jeune homme parvint à reprendre le contrôle du corps et hurla sa magnifique réplique, heurtant les oreilles de tous les passants alentour :

"NE M'APPELLE PAS ELLY SINON JE T'APPELLE KIKI !"

Mouais. Ca faisait légèrement règlement de comptes niveau maternel. Elliot n'en avait rien à faire. De toutes façons, grâce à Kiara et à son stupide transplanage râté, il n'avait plus rien à lui cacher, à présent. Elle l'avait vu nu et avait emprisonné involontairement tout ce qu'il restait de lui. Il était à elle corps et âme. Refusant cette idée avec rage, il serra des poings et cogna dans un mur. C'était un effet secondaire, ces temps-ci. Cependant, le résultat fut bien différent de d'habitude, car ne se souvenant pas qu'il n'était plus dans son corps d'athlète, il sentit une douleur fulgurante traverser sa petite main fragile. Il observa les jointures de ses doigts ensanglantés avec des yeux ronds, se mordant les lèvres pour s'empêcher de crier, et marmonna :

"Je suis désolé de t'avoir abîmé."

Hein ? O_o Il s'excusait ? IL S'EXCUSAIT ?! Il n'avait pas à demander pardon ! Après tout, tout était de sa faute ! C'était elle qui avait commencé ! Si elle s'était contentée de passer un moment inoubliable avec lui plutôt que de l'humilier, on n'en serait pas là ! Malgré tout, il plongea sa main valide dans les poches de Kiara, et en sortit la baguette magique de la jeune femme. Ensuite, il alla s'isoler dans un recoin sombre afin que les Moldus ne le voient pas utiliser la magie, et il murmura une formule pour faire apparaître un bandage autour des petits doigts gracieux.

"Voilà, ça sera déjà mieux que rien du tout..." dit-il d'une voix amère.

Il avait râté sa vocation : il aurait dû être Médicomage. Non mais franchement, il faisait quoi, là ? Les femmes le piétinaient les unes après les autres, et comme un benêt, il tendait l'autre joue ! Il s'occupait de la main de Kiara comme s'il s'en voulait d'avoir cogné dans un mur par sa faute ! O_o Bon, il faut préciser qu'il avait mal autant qu'elle, donc le bandage était le bienvenu, mais tout de même ! Si elle souffrait un centième de ce qu'il avait souffert, elle aurait déjà suffisamment de tourments jusqu'à la fin de sa vie ! Il exagérait sûrement un peu, mais il ne savait plus sur qui compter. Il se sentait las de tout. Kiara avait réussi à anéantir la confiance qui lui restait en la gente féminine, et sur l'humanité en général.

"Je suis vraiment trop con !" soupira-t-il en laissant sa tête blonde heurter le mur derrière lui.

Ce n'était pas le moment de s'apitoyer sur son sort, il avait plus important à faire pour le moment. Il fallait trouver un moyen d'arranger les choses pour tous les deux, et ensuite ils pourraient reprendre leur vie chacun de leur côté. Peut-être qu'entre-temps Elliot trouverait le moyen de se venger, même si ce n'était pas son habitude de faire payer aux autres, mais il avait été pas mal mis à l'épreuve ces derniers temps pour s'en sentir capable.

Il resta quelques secondes immobile, réfléchissant à une solution, et se décolla enfin du mur, les yeux plissés.

"Attention, je vais transplaner." dit-il à voix haute pour prévenir Kiara. "N'essaie pas de m'en empêcher, je veux retrouver mon corps et je pense que dans ton cas, tu as envie de pouvoir prendre un bain sans que je sois là pour tout voir."

Malgré lui, il esquissa un sourire, se disant qu'il n'était pas contre de rester un peu plus dans le corps de la jeune femme pour obtenir ce genre de revanche, mais il sentit alors quelque chose le repousser à l'intérieur. Il s'ébroua, et plaçant sa baguette au-dessus de sa tête, il dit :

"Eh ! Non, c'est pas le moment que tu prennes ma place ! Est-ce que tu sais où transplaner, hum ? Moi oui, je ne vois qu'un seul endroit où pourrait être mon corps. Alors accroche-toi, c'est parti !"

Il prit une grande inspiration mais hésita un court instant. Et si jamais son corps ne se trouvait pas dans le lieu qu'il espérait ? Que ferait-il ? Kiara et lui seraient contraint d'aller à Sainte Mangouste et d'expliquer leur cas ! Ils n'étaient sûrement pas les premiers à "fusionner" de la sorte, mais c'était tout de même humiliant ! Quoique Elliot n'en était plus à ça près...

Il ferma les yeux et transplana sans réfléchir plus longtemps à ces tristes éventualités. Lorsqu'il souleva les paupières, il fut soulagé de voir l'appartement de Jazz, son ami de toujours, apparaître. Tout était à sa place : le miroir, les magazines dans le porte-magazines, la table basse, le canapé, le corps sur le canapé... attendez : le QUOI ?

"AAAAAH MAIS C'EST PIRE QU'UN FILM D'HORREUR !" s'exclama Elliot en apercevant son propre corps inanimé, assis sur le sofa, les yeux fermés, la chemise encore ouverte et la peau blafarde.

Il courut jusqu'au corps et mit sa tête entre ses mains, appelant Jazz pour qu'il vienne l'aider de toute urgence, mais il fallait se rendre à l'évidence : son ami n'était pas là, car sinon, il aurait remarqué le cadavre ambulant qui faisait tache sur son canapé.

"Je... je suis mort ?" balbutia Elliot, tripotant le visage glacé qui était le sien. "C'est horrible, j'ai l'impression d'être Patrick Swayze !"

Grand blanc. Bon, d'un côté, personne ne pouvait lui répondre, mais songeant que Kiara n'avait sûrement pas compris l'allusion, Elliot crut bon d'ajouter d'un ton impatient :

"C'est un acteur Moldu ! Il joue un fantôme dans un film ! C'est horrible ! Il se voit en dehors de son corps et il ne peut rien faire ! Comme moi... Je suis mort ! Mais c'est pas possible ! J'avais encore tellement de choses à vivre ! Bon là comme ça, j'ai pas d'exemple à donner, mais... mourir comme ça, à cause d'une blonde qui a la vengeance dans la peau, c'est trop bête !"

Il s'éloigna de son corps pour marcher un peu, essayant de trouver une idée géniale. Il fallait se rendre à l'évidence : il était devenu un fantôme, mais il pouvait agir dans le corps de quelqu'un. Un peu comme dans l'Exorciste. Elliot regardait trop de films. Il aurait dû en voir moins et passer plus de temps à vivre sa vie ! Il s'en rendait compte maintenant que c'était trop tard ! Triste ironie du sort...

Il passa un moment à pester contre cette situation pour le moins désespérée, lorsqu'il décida de faire un dernier acte héroïque. Prenant son courage à deux mains, il s'arrêta de faire les cent pas, et fixant son corps sans vie, il déclara d'une voix blanche :

"Je ne suis qu'un écho... Je ne devrais même plus exister... Faut que je me rende à l'évidence : je ne suis plus rien. Alors... soit je décide de te pourrir la vie jusqu'à la fin de tes jours, soit je m'efface... Mais je ne m'effacerai pas !" reprit-il avec plus de hargne. "Pas question que je te fasse ce plaisir ! C'est de ta faute si on est dans cette situation, alors j'attends une brillante idée ! Quand on m'a, on me garde !"

Puis, repensant à Charline et à sa tromperie, il ajouta, les bras croisés :

"Les filles qui en valent la peine me gardent."

Ouh, coup dur pour son ex, mais d'un côté, elle n'était pas là pour l'entendre. De plus, les récents évènements avaient affûté sa verve et il n'avait plus l'intention de taire ses pensées les moins sympathiques. De toutes façons, puisqu'il était mort, autant se lâcher ! Personne ne pourrait lui dire que c'était mal, vu qu'apparemment dieu n'existait pas ! Il n'avait vu aucune lumière l'entourer ou aucune ombre l'emporter. Donc, il pouvait faire ce qu'il voulait ! Et il n'allait pas s'en priver ! Mais pour l'instant, il voulait savoir si Kiara avait une idée pour rétablir la situation, même si cela lui paraissait impossible. Il avait senti la jeune femme batailler depuis plusieurs minutes, et il lui laissa galamment le champ libre.

Après tout, s'il était mort, il avait l'éternité pour lui faire vivre un enfer, et il n'allait pas se priver...

Elliot ne se ferait plus avoir. Il l'avait laissée prendre le contrôle du corps pour qu'elle trouve idée géniale afin de les sortir de cette situation cauchemardesque, mais au lieu de ça, elle se mettait à lui gueuler dessus ! Cette fille était une vraie harpie ! Mais qu'est-ce qui avait pu lui prendre de vouloir coucher avec elle ? Bon, il faut dire que pendant qu'ils s'embrassaient, elle n'avait pas le temps de parler, donc il ne pouvait pas savoir qu'elle était déjantée à ce point ! Ca lui apprendrait de ne pas essayer de mieux connaître les gens avant de les embrasser... Enfin bref ! Elle avait un sacré toupet de le traiter de pervers et de tout lui reprocher ! Après tout, c'était par elle que tout avait commencé !

Quand il lui avait laissé gentiment la place, elle avait commencé par dire qu'il adorait son corps. Pff, vraiment n'importe quoi. Ce n'est pas parce qu'elle était blonde et bien fichue qu'il était forcément fan ! Bon ok... il avouait ne pas être insensible à son charme -ce qui expliquait d'ailleurs qu'il se soit fait avoir en beauté dans les toilettes- mais ça n'enlevait rien au fait que maintenant, la seule envie qu'il avait envers elle était de lui arracher ses superbes cheveux blonds et de les lui faire manger. D'ailleurs, il avait hâte de récupérer son corps à lui pour mettre son plan à exécution.

"Mais si t'es mort... Tu préfères l'incinération ou tu veux juste être enterré au cimetière le plus proche ?"

Non mais elle se fichait de lui ? Elle voulait le tuer encore une fois ? Il aurait voulu pester, lui hurler dessus pour lui dire qu'il ne voulait ni l'un ni l'autre, mais Kiara était déjà partie dans un autre délire. Elle était vraiment difficile à suivre. Elle osait toucher son corps glacé ! Brr ! La sensation le fit frissonner, ou alors c'était la jeune femme qui frémissait... Impossible de savoir. Cette situation était insoutenable, il fallait trouver un moyen de s'échapper à tous prix ! Il écouta ce qu'elle avait à dire concernant la mort et tout le reste, mais il montra son mépris en essayant de l'expulser. Qu'est-ce qu'elle y connaissait, hein ? Ca lui arrivait souvent de se promener avec le corps de quelqu'un d'autre ? Non, alors qu'elle se la ferme ! Il essaya de la chasser à plusieurs reprises, mais Kiara tenait bon. Il eut brusquement peur qu'elle ne le laisse plus jamais s'exprimer, qu'il reste bloqué à l'intérieur d'elle pour le reste de sa vie, mais il refusa cette idée avec obstination. Qu'elle profite donc de pouvoir parler et agir, car il allait bientôt prendre sa revanche !

Quelques secondes plus tard, il songea qu'il aurait vraiment dû reprendre ses droits sur le corps car elle avait sorti une telle niaiserie qu'il se serait étouffé de stupeur s'il avait pu. Elle avait faim ! Elliot était sûrement mort et coincé dans son corps à elle, et mademoiselle avait faim ! Elle ne voulait pas non plus regarder un petit film à la TV ? Siroter un cocktail ? Non mais franchement, c'était limite de la non assistance à personne en danger !

Il était tellement hors de lui qu'elle montre si peu d'importance à son problème qu'il n'entendit pas tout de suite ce qu'elle avait ajouté. Puis, lorsque cela percuta son cerveau -qu'il partageait avec Kiara, donc c'était un cerveau de blonde, ça mettait du temps à venir - il poussa un cri à la Hulk et reprit ses droits sur le corps avec brusquerie. Non mais, fallait pas déconner non plus.

"Premièrement, c'est pas chez moi ici, c'est chez mon meilleur pote." dit-il d'un ton où l'on sentait qu'il tentait de contenir sa colère. "Et deuxièmement..."

Il arrêta de parler volontairement, le temps de se donner une gifle plutôt violente. Il voulait faire payer à Kiara ce qu'elle venait de lui dire, et le fait d'être dans son corps ne le faisait pas passer pour un bourrin qui frappe tout ce qui bouge, puisqu'il s'était tapé lui-même d'une certaine façon. Il trouvait son idée géniale, et même s'il avait la joue en feu, ça faisait un bien fou de savoir que Kiara ressentait la même douleur.

"... je ne suis pas un pervers !" reprit-il d'un ton fulminant cette fois-ci. "C'est toi la nympho de l'histoire ! Attends, tu te pointes dans les toilettes des hommes et tu me jettes dans une cabine pour me déshabiller ! J'étais censé faire quoi ? Te dire "Non désolé Mademoiselle, mais je suis un moine bouddhiste qui cherche la paix intérieure" ? Franchement, tu aurais arrêté de m'embrasser pour autant ? T'es tellement cinglée que je suis sûr que ça t'aurait excité encore plus ! Et puis, j'ai pas l'habitude de m'envoyer en l'air dans des toilettes, mais tu n'avais pas l'air de vouloir aller ailleurs ! J'étais pas comme ça, avant ! J'étais... différent."

Il poussa un soupir rageur et alla s'asseoir sur le canapé pour mettre sa tête dans ses mains. Il essaya de se calmer, et se laissa tomber sur le dossier, la tête en arrière et les yeux au ciel. Il étendit ses bras et sentit alors le contact froid de son corps sur sa peau. Surpris, il sursauta et se leva d'un bond comme s'il avait mis les doigts dans une prise électrique.

"Ah ! Je me souvenais plus qu'il était là ! Enfin... que j'étais là ! Oh, ça devient trop compliqué !"

Il considéra son corps inerte sur le canapé et le désigna à Kiara d'un doigt accusateur.

"Il faut arranger ça ! Je veux pas que Jazz rentre et voit cette nouvelle déco dans son salon ! Il va faire une crise cardiaque ! Ca le tuerait de me voir mort !"

Et c'était vrai : ils avaient vécu tellement de choses, ces deux-là... Ils se connaissaient depuis des années et avaient une confiance aveugle l'un en l'autre. Il y en avait même à qui ça faisait peur ! Tout en pensant à son ami avec tristesse, il eut une idée subite qui le fit écarquiller les yeux. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ?

"Et si on transplanait de nouveau ? On tient mon corps par le poignet et on transplane de la même manière ! Ca pourrait marcher, non ?"

N'attendant pas de réponse de Kiara, puisque après tout elle ne pouvait pas en donner, il sortit la baguette de la poche du short de la jeune femme (d'ailleurs, c'était dingue qu'elle puisse tenir en longueur à l'intérieur, mais ce n'est pas le moment de s'attarder là-dessus O_o ), et la plaça au-dessus de sa tête, prêt à tenter le tout pour le tout. Il était en train de s'approcher de son corps inerte, sur le canapé, quand il perdit subitement tout contrôle sur le corps de Kiara. Elle devenait douée pour lui piquer sa place. Il fallait qu'il se méfie...

Tout s'expliquait alors. Il était désespéré au point de se rendre chez son meilleur ami pour raconter tout ses petits soucis ? Il faisait pitié ! Il n'était même pas capable de se remettre sur pied lui-même ! C'était un mec ou non ? Il était plutôt censé aller se battre dans un bar pour évacuer sa rage, ou encore draguer une autre fille qui lui aurait fait oublié la précédente... Mais pas aller pleurer dans les bras de son pote. Encore heureux que c'était pas sa mère, là elle n'aurait pas pu se retenir plus longtemps et se serait ouvertement moqué de lui. Ce qu'elle faisait déjà, en fait.

Elle sentit alors un violent choc au niveau de sa joue, et si elle avait pu crier elle l'aurait fait. C'était encore plus douloureux que le mur qu'elle s'était pris quelques minutes plus tôt. Elle ne comprit pas tout de suite comment la douleur était arrivée jusqu'à elle, et surtout pour quelles raisons. Elle ne s'était pas cognée contre un mur, n'avait pas de rage de dent actuellement, ni de problèmes de mâchoire quelconques... Et c'est seulement quand il reprit la parole qu'elle réussit à mettre une raison sur la marque rouge qui allait sans doute perdurer encore quelques secondes sur son visage. Il l'avait frappé ? Sérieusement ? Il avait osé ? Et en plus il se mettait à l'insulter ?

Dès qu'elle reprendrait le contrôle, il allait vraiment le lui payer. Pour l'instant, elle ne faisait rien, elle se contenait tant bien que mal, elle l'écoutait papoter en serrant les dents. Façon de parler vu que pour l'instant, c'est LUI qui utilisait ses dents et sa salive pour raconter n'importe quoi ! En plus il mêlait les moins bouddhistes à leur histoire ! Les pauvres ne faisaient rien, à part vénérer leur Dieu dans leurs temples, pourquoi les citer maintenant ? Aucun respect !

"Ah ! Je me souvenais plus qu'il était là ! Enfin... que j'étais là ! Oh, ça devient trop compliqué ! Il faut arranger ça ! Je veux pas que Jazz rentre et voit cette nouvelle déco dans son salon ! Il va faire une crise cardiaque ! Ca le tuerait de me voir mort !"

Elle faillit mourir de rire à cette réplique. Enfin théoriquement, elle ne serait pas complètement morte vu que si elle disparaissait, son corps ne bougerait pas et Elliot étant toujours là pour le tenir debout, peut-être en aurait-il profité. A vrai dire, elle ne préférait même pas savoir ce qu'il ferait si jamais il avait une totale emprise. C'était trop effrayant, rien que l'idée d'y penser... Elle préféra se concentrer sur ce qu'il racontait. Elle n'arrivait vraisemblablement pas à se dire que, quelqu'un sur cette foutue Terre, pouvait pleurer le décès du pauvre ex-Auror. A moins qu'il est une tortue ? Parce qu'elle savait les tortues très sentimentales, c'est comme les koala. La dernière fois qu'elle était partie un mois sans Froufrou, il avait faillit se pendre tellement il s'inquiétait pour elle. Elle devait absolument aller le voir d'ailleurs ! Depuis plus de 24 heures elle ne lui avait pas rendu visite !

"Et si on transplanait de nouveau ? On tient mon corps par le poignet et on transplane de la même manière ! Ca pourrait marcher, non ?"

QUOI ? Mais il était dingue ou il en faisait exprès ? Il était devenue magicien fou qui tente des trucs et d'autres à tout bout-de-champ dans l'espoir que ça marche ? Il avait pensé aux effets secondaires ? Non bien sûr, c'était la blonde -intelligente- qui devait s'y coller ! Sans prévenir elle reprit alors le dessus, son expression changeant complètement. Il était bête, idiot, stupide, irréfléchi, abruti, crétin, ignorant, taré, incapable... Un peu de tout ça en même temps, bien que ça voulait dire la même chose. Ca pouvait avoir un côté touchant, mais elle n'oubliait pas qu'il venait de la traiter de nymphomane. Elle n'était pas nymphomane !

"Avant que tu dises ou tentes quoi que ce soit, tu dois savoir une chose. Je me suis pas jetée sur toi parce que j'en avais envie ! Tout ça c'était par intérêt ! J'avais tout planifié ! Oh bien sûr, tu peux pas comprendre, c'est trop recherché pour ton cerveau. Ce n’est pas parce que tu parles que tu es intelligent après tout ! Pour toi, on agit toujours par impulsion, non ? C'est le cas souvent, mais là ça l'était pas. Oui c'est vrai, j'avais pas prévu de te croiser et donc j'ai dû mettre ça en place sur le coup. Mais avant que je le fasse, le plan était déjà en marche. Tu suis ? Puis pour informations les moines m'intéressent pas ! Je peux avoir beaucoup mieux que ça !"

Essoufflée, elle reprit une grande bouffée d'air, retrouvant son calme. Elle ne l'avait pas stoppé seulement pour répondre à ses reproches. Elle avait pour habitude de se ficher complètement des critiques qu'on lui faisait, après tout elle était très bien comme elle était que ça plaise à Elly ou non. Si elle l'avait empêcher de reprendre son corps inanimé surtout, c'était parce qu'elle n'était pas du tout rassurée par sa technique.

"En plus ton idée de transplanage répété... Bon d'accord, ça peut marcher. Mais imagine qu'on se retrouve tout les deux dans ton corps à toi ? Ce sera le mien qui sera abandonné ! Je peux pas l'accepter ! Ou pire... Si tu te restes dans le mien et que je suis seule dans le tien ? C'est plus pour toi que ça m'inquiéterais là... Je sais pas de quoi je serais capable !"

De pleins de choses. De lui déformer le corps, de lui couper des membres, de le faire transformer de la tête au pied pour qu'il ressemble à Hulk en plus vieux et plus vert. Elle avait envie de le dégoûter jusqu'au bout. Ce n'était même plus à cause des chewing-gums en réalité, elle avait réussit à lui faire payer pour ça. Mais... c'était comme si elle ne pouvait plus s'en empêcher. Non, ce n'était pas une psychopathe, seulement elle commençait à s'habituer à agir de la sorte avec lui. Ce qui n'était vraiment pas bon signe... Elle n'avait pas réellement de limites, alors si elle ne se stoppait pas rapidement... Il fallait qu'elle tente de le voir sous un autre angle. Qu'elle pense à autre chose qu'à la probabilité de pouvoir contrôler le corps d'Elliot et de s'amuser avec. Ca devenait vraiment trop morbide dans sa tête, elle commençait à elle-même ne plus apprécier.

"Après tu fais comme tu veux ! Personnellement j'aimerais bien rester comme je suis, mais si ton rêve à toi à toujours été de vouloir être une femme... Pourquoi pas !"

Elle était assez convaincante là ? Non ? Ca ne se voyait vraiment pas qu'elle rêvait de voir ce que ça faisait d'être brune ? Ou plutôt brun, dans le cas présent. En plus elle aurait une excuse pour retoucher ses cheveux sans se faire agresser si c'était elle le lui ! Waouh, ça devenait bizarre. Ils étaient elle, même si elle avait toujours été elle mais que lui était elle depuis très récemment.

"Non sérieusement, il faut que je mange quelque chose. N'importe quoi fera l'affaire, mais si j'ai le ventre vide je risque de pas tenir le coup. Et ça m'étonnerait que tu veuilles que ton "copain" se retrouve avec un mort pas complètement mort et une fille inconsciente dans son salon, n'est-ce pas ?"

D'un pas décidé elle quitta donc le salon à la recherche de la cuisine. Heureusement pour elle, même en habitant dans une chambre à l'auberge, elle connaissait à peu près la construction basique des appartements et ne mit pas de temps avant d'arriver à hauteur du frigo et des placards. Sans se gêner - après tout, le meilleur ami du propriétaire était avec elle, c'était comme si elle avait son approbation, non ? aucune violation de domicile donc - elle commença à ouvrir les divers tiroirs à la recherche d'un quelconque paquet de gâteaux. Quelque chose au chocolat, de préférence. Elle tomba sur des biscuits à moitié entamer et du se contenter de ça. Ne perdant pas plus de temps, elle commença à se nourrir, se sentant beaucoup mieux comme ça.

"Franchement, t'allais chand même pas me laicher mourir de faim, chi ? Par contre, va falloir que tu refaches des chourses je crois bien."

Finissant le paquet de gâteaux qu'elle posa négligemment dans un coin, elle retourna à son exploration de la pièce et s'attarda à l'intérieur du frigidaire. Elle en sortit un pot de confiture, sentant à l'intérieur d'elle le pauvre Elly s'impatienter.

"Oh c'est bon, je m'excuse si j'ai l'appétit de Shrek ! Tu te plaindras à mon estomac !" répliqua-t-elle alors qu'elle trouvait le pain dont elle prit une tranche avant de partir à la recherche d'une cuillère pour préparer son goûter improvisé. "Et essaie pas de reprendre le contrôle maintenant, le coup de la tartine en pleine figure on me l'a déjà fait. Pareil pour le décolleté. J'ai déjà tout eu avant de te rencontrer !"

Pourtant, ce bougre ne se gêna pas pour réussir à la remettre en arrière alors qu'elle commença à peine à apprécier le goût de la confiture, le sadique.

Si ce petit jeu du "je prends le contrôle du corps, dégage !" continuait, Elliot sentait bien qu'il allait finir par se défenestrer. Il tuerait Kiara au passage, mais ça ne serait pas une très grande perte. Plus elle parlait, moins il l'appréciait. Il était évident qu'elle le détestait depuis ses onze ans, aussi, lorsqu'elle donna une explication au fait qu'elle s'était jetée sur lui dans la taverne, il se retint d'éclater de rire. Mais bien sûr... elle avait fait tout ça que par intérêt. Il se souvenait encore à quel point elle semblait accro à ses cheveux, et ça, ce n'était pas du cinéma. En plus, il n'appréciait que modérément qu'elle le prenne pour un demeuré à tous bouts de champ. Il avait hâte de pouvoir l'expulser pour mener à bien l'idée qu'il avait derrière la tête, mais c'était sans compter sur elle qui pensait que sa théorie de transplanage répété était trop aléatoire. Avaient-ils vraiment un autre choix, franchement ? Il préférait tenter le tout pour le tout plutôt que de rien tenter du tout !

Puis elle remit sa faim sur le tapis. Elliot s'en fichait comme de ses premières chaussettes, mais elle avait l'air d'y tenir à son estomac. D'un côté, comme il partageait son ventre avec elle, il sentait bien le vide à l'intérieur et les gargouillis incessants l'empêchaient de se concentrer.

D'un pas décidé, Kiara emmena donc Elliot avec elle dans la cuisine. Il la vit ouvrir les tiroirs, à la recherche d'un quelconque aliment comestible, et sembla trouver son bonheur avec un paquet de gâteaux déjà entamé. Elle commença à les manger, et le jeune homme à l'intérieur d'elle trouva cette sensation de se nourrir sans pour autant mastiquer soi-même légèrement bizarre. Il entendait la mâchoire se lever et retomber sur les biscuits afin de les écraser, et il ne prenait pas part à ce geste. Non vraiment, cette situation n'était plus possible ! Surtout que les biscuits en question avaient un goût horrible et il ne pouvait même pas ouvrir la bouche pour les recracher !

Bien entendu, il fallut que Kiara finisse tout le paquet. Le torturer était devenu un don chez elle : elle le faisait même inconsciemment, maintenant ! Elle posa le paquet vide dans un coin et s'intéressa au frigidaire. Oh non, mais elle allait manger encore longtemps ? Ils avaient autre chose à faire, bon sang ! Il le lui fit comprendre en essayant de la chasser de son corps, et celle-ci trouva bon de répliquer un truc complètement nul. Se plaindre à son estomac ! Ce n'était pas la peine : il faisait déjà suffisamment de bruit tout seul !

Elle prit une tranche de pain et se mit à chercher quelque chose, sûrement une cuillère pour tartiner un truc dessus... Là, il y en avait marre ! Elle mangerait lorsqu'ils auraient rétabli les choses, et pas avant !

Retrouvant le contrôle, la première chose que fit Elliot fut d'aller jeter la tartine à la poubelle, puis de courir jusqu'à l'évier pour recracher le bout de pain qu'il avait en bouche. Tout avait vraiment mauvais goût chez Jazz... ou alors, c'était le fait qu'il soit dans un corps qui ne soit pas le sien qui lui déformait les sensations. Quoiqu'il en soit, il se dépêcha de boire un verre d'eau pour atténuer le goût abominable qu'il avait dans la bouche, puis, inspirant un grand coup, il prit la parole :

"Tu manges vraiment n'importe quoi ! C'est écoeurant ! Si j'avais su ça avant, jamais je ne t'aurais embrassé !"

De toutes façons, il ne pourrait plus jamais faire une telle chose maintenant qu'il s'était baladé dans son corps. Ca avait quelque chose de pas très net. O_o L'histoire du baiser lui fit se rappeler de leur passé commun -toujours trop présent à son goût- et de la fabuleuse réplique de Kiara à ce sujet.

"Au fait, ton explication du "je me suis jetée sur toi que par intérêt", je n'y crois pas une seconde !" s'écria-t-il, plus agacée qu'énervé. "Je sais très bien que je suis sexy et attirant ! Personne ne me résiste ! Pas même les vieilles mémés un peu perverses... hélas... Et en plus, j'ai très bien vu que tu étais accro à mes cheveux ! Je vais même te le prouver tout de suite !"

D'un pas déterminé, il sortit de la cuisine pour retourner dans le salon, et là, s'agenouilla devant son corps pour passer la main dans ses cheveux bruns et lui gratter la tête. O_o Il commençait à débloquer, mais passer trop de temps dans le corps d'une fille pouvait faire cet effet.

"Hein, alors ? Dis seulement que ça ne te fait rien !" poursuivit-il d'un ton légèrement extatique. "Je te sens frémir, ne dis pas le contraire ! J'ai des cheveux aphrodisiaques et tu le sais très bien !"

Il ne pensait pas dire ce genre de phrases un jour, mais Kiara ne lui laissait pas le choix. Elle devait avouer qu'elle avait ressenti ne serait-ce qu'un dixième d'un petit quelque chose pour Elliot. Il avait besoin de l'entendre. Il fallait qu'elle le lui dise. Sinon, il risquait de faire une grosse bêtise... Il s'éclipsa le temps qu'elle parle, mais à son grand étonnement, elle ne prit pas sa place pour contrôler le corps. D'abord perplexe, il l'encouragea en la "poussant" un peu, mais n'ayant aucune réaction, il retrouva sa place d'origine.

Il esquissa alors un petit sourire triomphant avec la bouche de la jeune femme, prenant son silence et son refus d'agir pour un oui. Aha, il l'avait eue. Elle avait craqué pour ses cheveux. Il se redressa, fier de lui, et profita qu'elle semblait déroutée pour prendre sa baguette que tenait son corps inerte.

"Reste bien sage" dit-il à Kiara. "Le prends pas mal, mais je préfère retrouver mon corps plutôt que de rester chez toi. T'es pas très accueillante...!"

Cette fois-ci, elle se manifesta, sûrement dans l'intention de l'empêcher une nouvelle fois d'accomplir son dessein, mais la détermination d'Elliot fut la plus forte. D'un geste réticent, car la jeune femme essayait de retenir la main qui avançait vers le poignet blanchâtre, il se saisit de son bras et plaça la baguette au-dessus de sa tête.

Il eut alors une intense envie de vomir tandis qu'il sentait son corps de distendre dans tous les sens. Un tourbillon de couleurs passaient devant ses yeux, si bien qu'il dut fermer les paupières pour se concentrer sur la destination. Il pensa avec force à l'appartement de Jazz qu'il venait de quitter, et se sentit brusquement tomber sur le sol comme s'il avait fait une chute de vingt étages. Tout courbaturé, il gigota quelque peu pour s'assurer qu'il n'avait rien de cassé, et hésita avant de soulever les paupières. Et si jamais c'était pire qu'avant ? Il ne voyait pas comment cela serait possible, mais avec Kiara, on ne sait jamais ! Il s'appuya sur les coudes pour se redresser un peu, et ouvrit difficilement les yeux. Il aperçut alors le salon de Jazz, et il poussa un soupir soulagé. Le lieu, c'était bon. Maintenant, il devait s'assurer que le corps était également le bon.

Avec une intense appréhension, il baissa la tête et resta pantois une longue minute, la bouche et les yeux grands ouverts. Il fixait son jean et sa chemise, sa si belle chemise 100% virile à moitié chiffonnée et ouverte, dévoilant un torse tout aussi virile.
Merci mon dieu. Merci.

Il se sentait encore trop faible pour se relever, aussi se contenta-t-il de lever le poing vers le ciel avant de retomber par terre car plus rien ne le soutenait. IL ETAIT DE NOUVEAU CHEZ LUI ! Il ne se sentait plus à l'étroit ! Même si sa tête venait de heurter la moquette et que cela lui faisait un mal de chien, il s'en fichait royalement ! La douleur, c'était la sienne ! Il ne la partageait plus avec une fille complètement cinglée et blonde ! Un sourire de bonheur incommensurable étalé sur les lèvres, il fixait le plafond d'un air béat.

Puis, quelques secondes plus tard, il se rendit compte qu'il manquait quelqu'un. S'étant remis de ses émotions, il s'assit en tailleur sur le sol, et regarda de tous côtés.

"Kiara ?" fit-il d'un ton incertain.

Où était-elle ? Surtout qu'elle avait sûrement sa baguette puisqu'il avait transplané avec son corps à elle ! Elle ne lui avait pas fait le coup de lui faucher ? La connaissant, elle en était tout à fait capable ! Saisi par ce doute affreux, Elliot se leva d'un bond et commença à chercher la jeune femme. Mais à mesure qu'il vérifiait derrière les coussins du canapé et dans le frigo de la cuisine, une sensation étrange se répandit en lui, et il commença à paniquer sérieusement : et si elle partageait son corps à lui, maintenant ?

"Kiara ! Je t'en supplie, réponds-moi ! Et pas avec ma propre bouche, par pitié !" cria-t-il d'un ton limite désespéré.

Il y eut une minute d'attente insoutenable, un moment terrible pendant lequel Elliot commença à ronger les ongles qu'il venait de retrouver. Il pensa à quelque chose d'affreux : pire que d'avoir Kiara dans son corps, la jeune femme avait pu se faire démembré en transplanant et elle n'existait plus nulle part ! Il l'avait tuée en voulant retrouver son corps à tous prix ! Bon, cette journée avait très mal commencé, mais avoir un meurtre sur la conscience, c'était le pire du pire ! Comment pourrait-il se remettre d'un tel choc ? Même s'il ne portait pas la jeune femme dans son coeur, la tuer était loin d'être un soulagement !

Aussi, lorsqu'il l'entendit sortir de la salle de bains et aboyer sur lui, il resta perplexe un court instant, les doigts dans la bouche et les yeux exorbités. Puis, il fut bien obligé de réagir comme elle le poussa dans le fauteuil qui était juste derrière lui, en le tenant par le col avec un air de défi. Le jeune homme tomba sans résister sur le siège moelleux, fixant Kiara d'un air interrogateur, se demandant pendant un instant de pure folie si elle comptait l'embrasser. O_o Elle était tellement bizarre que cela ne l'aurait étonné qu'à moitié ! Puisqu'il pouvait observer tout à loisir ce corps qu'il n'était plus obligé d'habiter, il regarda la jeune femme dans les yeux, sans ciller, attendant qu'elle fasse quelque chose puisque c'était de sa faute s'il se trouvait dans cette position ! En levant légèrement les yeux, il s'aperçut qu'une grosse bosse violacée marquait son front. Le choc du transplanage avait dû être tout aussi violent pour elle que pour lui. Il passa une main dans ses cheveux blonds afin de mieux voir cette ecchymose et esquissa un petit sourire un peu méchant, l'air de dire "c'est bien fait", mais qui disparut aussitôt alors qu'il la serrait dans ses bras.

Attendez un peu avant de le juger, car vous ne savez pas ce que ça fait de partager un corps avec quelqu'un d'autre. Il était encore perturbé de sa récente "in and out of body experience", ce qui expliquait les émotions contraires qu'il ressentait. De plus, le fait d'apprendre que Kiara était bel et bien en vie, et que du coup il n'était pas responsable d'un meurtre non prémédité, avait de quoi le mettre en liesse. C'est pour cette raison qu'il enlaçait la jeune femme de toutes ses forces, trop content de l'entendre respirer et de sentir son coeur s'affoler contre le sien. Qu'elle dise seulement ensuite qu'elle ne ressentait rien pour lui...

Il était parfaitement conscient de ce qu'il faisait. Serrer l'ennemi dans ses bras avait quelque chose de réconfortant, étrangement. Il resta un court instant tout contre elle, puis s'éloigna sans fournir d'explications à la jeune femme, qui devait penser qu'il était devenu fou. Cependant, il posa tout de même une main sur chacune de ses joues, assez fermement pour l'empêcher de bouger si jamais l'envie lui en prenait, et gardant son visage à seulement quelques centimètres du sien, il murmura sans aucune émotion :

"Cesse de gueuler pour un rien et va te doucher."

C'était la première fois qu'il parlait aussi durement à une femme, mais il avait compris que Kiara appartenait à cette catégorie qui aimait traiter les autres comme des chiens. Il fallait que ça change ! Surtout qu'il avait l'impression de mieux la connaître. Peut-être de savoir qui elle était mieux que quiconque, peut-être même mieux qu'elle-même. Après tout, il avait partagé son corps, il connaissait ses plus petits secrets. C'était comme s'il avait pris un peu d'elle avec lui en partant. Il était devenu une partie d'elle ! Il frissonna à cette pensée mais cligna des yeux pour chasser cette idée. Mon dieu, ressembler à cette folle : mieux valait mourir !

Elle ne semblait pas vouloir bouger. Elle attendait sûrement une manière de se venger (encore) de lui. Comme elle n'esquissait pas un geste et que cela commençait à l'agacer, Elliot approcha son visage un peu plus du sien, baissant les yeux sur ses lèvres entrouvertes. Il resta un court instant dans cette posture, montrant son hésitation, et avança un peu plus son visage pour finalement s'arrêter au tout dernier moment. Quel supplice ça devait être...

"Non, je ne vais pas me faire avoir encore une fois." dit-il, envoyant son souffle chaud sur sa joue. "Il faudra que tu te trouves une autre marionnette à martyriser. Je peux te présenter des potes que je n'aime pas, si tu veux !"

S'éloignant tout à fait d'elle, il se redressa, la forçant à se pousser. Il esquissa un petit sourire espiègle en la regardant de haut en bas, si désirable malgré tout ce qu'elle avait pu lui faire. Mais sa petite escale dans son corps lui avait permis d'arriver à se contrôler. Elle l'avait rendu plus fort, mais il n'irait pas jusqu'à la remercier pour ça. O_o D'un autre côté, il avait hâte qu'elle aille prendre sa douche car il n'était pas sûr de pouvoir lui résister bien longtemps, et connaissant la bête, il préférait ne pas tenter l'expérience de l'amour physique avec elle. Qui sait ce qu'elle lui ferait ? Elle essaierait peut-être de le tuer, vu qu'elle n'y était pas encore parvenue et que ça semblait être sa fixation du moment ! Et puis, il venait de prendre une grande résolution : hors de question d'être de nouveau nu face à elle ! Elle lui jetterait sûrement un sort honteux qui l'empêcherait de s'afficher avec d'autres filles ! Tiens d'ailleurs, à propos de sortilèges...

"Tu pourrais me rendre ma baguette ?" demanda-t-il soudain en penchant la tête sur le côté, se rendant subitement compte que le débardeur de Kiara était déchiré dans le dos.

Comment s'était-elle fait ça ? Cachait-elle un pauvre mec dans la salle de bains, qui l'avait rattrapée par le débardeur quand elle l'avait laissé, esseulé ? Avec elle, tout était possible, donc il préférait être paré à toute éventualité, quitte à imaginer les scénarios les plus absurdes. Puis, se rendant compte qu'il devait paraître louche de l'observer de la sorte, il se remit droit, les mains dans le dos, et se racla la gorge.

"La salle de bains est par là, si tu veux te doucher..." dit-il, un peu mal à l'aise. "Enfin tu le sais vu que tu en viens !"

Il venait de perdre le peu d'assurance qu'il avait gagné ces dernières minutes, tout ça à cause d'un débardeur déchiré. Finalement, il n'avait peut-être pas tant changé que ça.

Il voyait très bien qu'il l'avait offusquée à jouer avec elle comme il venait de le faire, mais il y avait pris un certain plaisir. Après tout, il fallait bien qu'il se venge à sa manière de ce qu'elle lui avait fait subir, mais il s'y prenait autrement, il préférait la laisser croire qu'il était à deux doigts de craquer pour elle pour ensuite devenir froid et distant. La pire des tortures car de ce fait, elle n'allait pas tarder à douter de sa capacité à séduire.

Savourant sa petite victoire, il la regarda fouiller dans ses poches à la recherche de sa baguette magique. Les secondes se mirent à défiler, et Elliot commença à se demander comment elle faisait pour ne pas trouver un si grand objet dans des poches aussi petites ! Elle avait sûrement eu recours à un envoûtement pour agrandir ses poches sans que cela ne se voit... Elle était maligne, mais il espérait pour elle qu'elle n'ait pas perdu sa baguette en route car sinon, il allait faire plus que de la faire douter de son sex appeal.

Heureusement, elle trouva la baguette quelques instants plus tard, la brandissant d'un air triomphant comme si c'était une sorte de trophée. Elliot la regarda sans rien dire, la trouvant plus bizarre que jamais. Elle s'attendait à ce qu'il la remercie ? Son sourire lui faisait peur... Et puis, il n'allait certainement pas s'abaisser à lui dire merci d'avoir vécu un enfer en sa compagnie !

Pensant sûrement la même chose que lui, Kiara enleva la main du jeune homme de son dos pour déposer la baguette dans sa paume, en prenant soin de refermer ses doigts dessus pour éviter qu'elle ne tombe. Comme s'il allait être assez fou pour ne pas s'en saisir aussitôt, de peur que la jeune femme ne change d'avis subitement et la reprenne ! Elliot se cramponna donc fermement à sa baguette magique, la gardant levée quelques secondes, au cas où Kiara en aurait profité pour lui faire un coup foireux. Puis, constatant qu'elle avait l'air de vouloir être gentille -pour une fois- il la baissa et la rangea dans sa poche de jean, rassuré de l'avoir de nouveau avec lui. A présent, il était entier : il avait son corps, sa baguette, et le débardeur de Kiara dans la main. Euh attendez, quoi ?

Elliot fit des yeux ronds, se demandant ce que faisait cette chose trouée et déchirée dans sa main, puis leva la tête vers Kiara pour l'observer d'un air tout aussi perplexe. Il se rendit compte alors qu'elle était en soutien-gorge devant lui. Logique d'un côté, puisqu'elle venait d'enlever son débardeur. Il eut un instant de panique, se disant qu'elle allait vouloir recommencer le cirque de la cabine de toilettes, mais fort heureusement, la raison était toute autre. Retrouvant l'usage de la parole, il parvint à articuler alors qu'elle venait de lui faire une tape sur l'épaule pour l'encourager :

"Mais je suis pas une couturière ! Et puis, c'est pas pour dire, mais il n'y a rien à sauver, là !"

Il prit le débardeur par les bretelles et le déroula sous les yeux de la jeune femme, ce qui n'était pas très utile puisqu'elle savait déjà dans quel état il était. Le regardant à son tour, en essayant de ne pas penser au fait que le tissu était encore chaud et portait l'odeur envoûtante de Kiara, il fit une petite moue et poursuivit :

"Remarque, peut-être que je pourrais lui donner un coup de neuf avec un 'reparo', mais pas sûr que ça fonctionne sur les vêtements... Je peux toujours essayer, hein ?"

Levant les yeux vers la jeune femme, il s'aperçut qu'elle s'était éloignée, sûrement pour aller prendre sa douche comme elle l'avait dit au départ. Sauf qu'elle s'était arrêtée en chemin, restant face à lui en donnant l'impression de ne pas savoir quoi faire. Elle fit les quelques pas qui les séparait, une expression indéchiffrable sur le visage. Elliot eu un mauvais pressentiment, mais avait perdu le peu de volonté qui lui restait pour avoir la force de se reculer. La fixant en silence, il déglutit avec peine en l'entendant dire qu'elle avait quelque chose à lui demander... Il espérait que cela ne soit pas un truc trop dur à lui refuser... Il était déjà en train de se faire un film mental -que voulez-vous, il s'imagine vite des choses, c'est un homme ! - quand Kiara lui parla de shampoing. Il eut l'impression de faire une chute de vingt étages, et entendit un bruit de verre brisé. Elle lui avait cassé son trip. Ah, ce qu'il pouvait la détester.

"Mon shampoing ?!" s'écria-t-il d'un ton étonné. "Attends, on a partagé ton corps, on a failli mourir à tour de rôle, et tu me demandes quel shampoing j'utilise ? Mais il te manque vraiment une case !"

Il la dévisagea, totalement indécis par cette fille qui sautait du coq à l'âne sans reprendre sa respiration ! Cependant, son air grave le calma quelque peu, car étrangement, elle était très sérieuse. Il planta donc son regard dans le sien, attendant qu'elle agisse. Oui, qu'attendait-elle ? Il sentit alors sa main passer derrière son oreille, frôlant à peine ses cheveux. La fixation qu'elle faisait allait le rendre cinglé ! Frémissant à ce léger contact, il secoua légèrement la tête pour reprendre ses esprits et éviter de se laisser piéger par cette blonde qui savait vraiment bien s'y prendre. Puis, elle s'excusa dans un murmure pour ce qu'elle s'apprétait à faire, mais Elliot n'écoutait plus vraiment. Il n'était pas aussi fort qu'il le pensait pour résister aux avances d'une fille. A cet instant précis, elle pouvait faire de lui tout ce qu'elle voulait, et elle ne se priva pas.

Elle passa sa main au-dessus de sa tête et il pensa en toute innocence qu'elle allait la mettre derrière son cou pour l'attirer vers elle et l'embrasser sauvagement. Pourtant, rien de tout ceci ne se passa. Il attendit quelques secondes, s'approchant un peu plus d'elle, lorsqu'il sentit quelque chose de froid couler dans ses cheveux. Il s'immobilisa et frissonna, jetant un regard interrogateur à Kiara. Celle-ci, comme prise en faute, lâcha un objet qu'elle tenait en main et courut s'enfermer dans la salle de bains. Un peu sonné par toute cette agitation, Elliot passa une main dans ses cheveux et l'en retira toute gluante et collante. Il ne mit qu'une seconde à comprendre ce qu'elle avait fait, et le tube de colle qu'il ramassa par terre le lui confirma.

"Quelle sal...!"

Furieux, il courut pour la rattraper, mais il se heurta contre la porte fermée à clef. Il abaissa plusieurs fois la poignée en manquant de l'arracher, si furibond qu'il aurait été capable de la faire sortir de ses gonds.

"OUVRE ! OUVRE ESPECE DE CINGLEE TORTIONNAIRE DE CHEVEUX !" hurla-t-il en tapant de toutes ses forces sur la porte, provoquant un vacarme assourdissant.

La colle continuait de couler dans ses cheveux, et poursuivait sa lente descente insupportable dans sa nuque. Il frissonna en sentant la matière visqueuse sur sa peau, et pris d'une impulsion subite, il sortit sa baguette de sa poche comme un cow boy aurait dégainé son revolver. Il la pointa sur la porte toujours close, bien déterminé à lancer un Bombarda dessus pour déloger la blonde de sa cachette, puis, songeant à quelque chose de bien pire, il rangea sa baguette et alla chercher le débardeur dans le salon. Se postant de nouveau face à la porte fermée, il lui lança un regard machiavélique comme si Kiara pouvait le voir, et déclara d'un ton étrangement serein :

"Ecoute. Ecoute bien."

Il prit le débardeur entre ses mains, et, d'un geste implacable, le déchira en deux, puis en quatre, puis en huit. Il semblait ne pas vouloir s'arrêter, le bruit du tissu qui se déchirait était une douce musique dans son oreille. Lorsque le débardeur ne ressembla plus à rien, il laissa tomber les bouts en petit tas sur le sol, juste devant la porte. Bien fait pour Kiara : elle serait obligée de se promener en sous-vêtements dehors. Si ça tombe, elle avait déjà transplané bien loin de cet appartement, mais Elliot songea qu'elle était bien trop dérangée pour trouver une solution aussi simple.

Fier de son méfait, il passa dans le salon et se dirigea à grands pas dans la cuisine. Là, il enleva sa chemise, ouvrit le robinet d'eau froide, et se pencha sur l'évier afin de se nettoyer les cheveux comme il le pouvait. La colle qui avait commencé à sécher lui donnait l'impression d'avoir mis un gel particulièrement résistant, mais heureusement, ce n'était pas de la Super Glu. L'eau en vint donc à bout après dix bonnes minutes. Il tremblait à moitié, car l'eau glacée lui gelait le crâne, mais il avait besoin de refroidir ses pensées de torture et de mort imminente envers Kiara. Il était en train de commencer à se détendre lorsqu'on frappa à la porte. Il sursauta et se cogna contre le robinet, puis étendit la main pour le fermer d'un air sombre. N'ayant pas pensé à vérifier s'il y avait quelque chose pour s'essuyer avant de commencer à se mouiller, il fut contraint de rester comme il était, l'eau dans ses cheveux dégoulinant et roulant dans son cou et sur son torse. Il attrapa sa chemise, l'enfila mais la laissa ouverte le temps de sécher un peu. Il était à mille lieues de penser qu'il pouvait choquer quelqu'un à aller ouvrir la porte dans cet état-là, mais il avait vécu tellement de choses en si peu de temps qu'il n'était pas en phase avec le moment présent.

Il ouvrit donc la porte d'entrée dans un état second, gardant la poignée en main pour la refermer si jamais c'était un scout qui vendait du chocolat ou des témoins de Jéhovah qui voulaient discuter de la fin du monde. Pas le temps pour ce genre de trucs. Il avait suffisamment à gérer pour l'instant.

"Oui ?" fit-il d'une voix impatiente sans vraiment regarder la personne qui était devant lui.

Il poussa un petit soupir et fronça subitement les sourcils, reconnaissant la nouvelle venue sur le pas de la porte.

"Charlie ?" s'écria-t-il d'un ton plus concerné cette fois-ci.

Pile à ce moment-là, il entendit le bruit de la douche venant de la salle de bains, signe que Kiara n'était pas partie. Elliot eut le réflexe de fermer la porte, mais arrêta son geste avant de le commencer. Observant Charline avec une expression indéchiffrable, il attendit qu'elle explique la raison de sa présence devant l'appartement de son meilleur ami.

"L'amour supporte mieux l'absence ou la mort que le doute ou la trahison." feat Kiara S. Greenleaf , Elliot McKee & Charline V. Canterbury





Pourquoi lui avait-elle dit la vérité? Pourquoi avait-elle fait cette erreur si stupide ??? Elle aurait pu trouver un moyen de mentir, une excuse bidon qui aurait surement était mieux reçu que l’aveu d’un « adultère » … Mais non, il avait fallut qu’elle lui dise la vérité, peut-être pour soulager sa conscience d’une certaine manière… Malgré ça Charline ne pouvait s’empêcher de se sentir terriblement fautive, de s’en vouloir et surtout d’avoir peur, peur de le perdre pour toujours cette fois-ci. Après leur dispute il était partie, il avait transplané on ne sait où et depuis la jeune femme ne cessait de le chercher… Elle avait fait le tour du monde, enfin le tour de l’Angleterre à sa poursuite mais sans succès, à croire qu’il la fuyait… Ben oui, c’était surement ça quand on y pense, elle l’avait quand même trompé … Mais mince, c’était il y a cinq ans, il faisait tout un plats d’une petite erreur lointaine alors que lui en commettait sans arrêt et elle ne lui faisait pas payer de cette façon! Franchement, les hommes étaient vraiment trop sensible…

Bref, après plusieurs jours de recherche intensif Charline eut une révélation : Et si Elliot était chez son meilleur ami? Jazz Machinchose? Ca semblait une idée plutôt intéressant et logique, la question était : Pourquoi n’y avait-elle pas pensé avant? Peut-être parce qu’elle était perturbé par tout ça… Tellement effrayé… Enfin, inutile de tergiverser, il fallait agir ! Sans attendre une minute de plus Charline transplana jusqu’à l’appartement du meilleur ami d’Elliot, une fois devant la porte elle hésita un moment, se demandant si c’était une si bonne idée, peut-être devrait-elle simplement le laisser tranquille quelques années… Quelques centaines d’années… Non, non, non, elle devait lui parler et s’expliquer, Charlie l’aimait trop pour le laisser partir aussi facilement, c’était hors de question. Se recoiffant légèrement, remettant ses vêtements en place, la jeune femme frappa à la porte après avoir prit une profonde inspiration. C’est à cet instant qu’elle se trouva particulièrement ridicule, après tout il n’était peut-être même pas là, alors pourquoi elle stressait autant? Levant les yeux au ciel et se traitant de tous les noms intérieurement, la Canterbury croisa les bras, espérant que l’homme qu’elle cherchait aller ouvrir la porte et par chance ce fut le cas.

En l’apercevant elle ne pu s’empêcher de sourire, rassuré de le voir sain et sauf, car mine de rien elle s’était inquiété de ne le trouver nulle part, elle avait eut peur qu’il fasse une bêtise, genre se suicide ou pire la tromper par vengeance, oui il fallait qu’elle revoit ses priorités. Bref, l’air un peu gêné la jeune demoiselle répondit simplement.

« Elliot … Salut… »

Ouaa, c’est se qui s’appelle avoir de la conversation hein! Mais attendez, c’est quoi se bruit que Charline entendait en fond sonore? L’air perplexe elle tendit l’oreille, se rendant compte qu’il s’agissait d’un simple bruit de douche qui coule, aucune importance, c’était surement son amie « Gazz » qui prenait une douche. Sans attendre une minute de plus elle entra en force chez cet ami en prenant la parole l’air déterminé.

« Je sais que tu ne veux pas me voir mais il faut vraiment qu’on parle, alors tais-toi et laisse moi parler s‘il te plait! » En disant ça elle se retrouva au milieu de la pièce à quelques mètres d’Elliot qui avait sa chemise entrouverte… O-O Pourquoi fallait-il toujours qu’il soit à moitié nu quand ils se voyaient? Ce type était nudiste ou quoi? Essayant de ne pas faire attention a ce détail O combien important, la jeune femme enchaina, l’air toujours autant déterminé mais aussi gêné et embarrassé. « Heu… Je suis vraiment désolé… Tout ce qui s’est passé à cette époque était sans aucune importance, tu étais si mal à ce moment-là, et je savais pas pourquoi, je pensais que c’était de ma faute, que j’avais fait quelque chose qui t’avais fait du mal et je me sentais vraiment vraiment très mal … J’étais affaiblis, perdu… Et ce type sans importance pour moi en a profiter mais il n’y avait pas d’amour ni même d’envie… Je n’étais presque pas consciente de ce qui se passait parce que je ne pensais qu’à toi et à ce que j’avais pu te faire pour te rendre si malheureux… Et … Il y a une femme qui sort de la salle de bain... » A ce moment-là la porte de la salle de bain s'ouvrit laissant apparaitre une femme , mais pire après quelques secondes elle se rendit compte que la femme en question n'était autre que Kiara Greenleaf ... En serviette... La bouche entrouverte Charline ne pu balbutier que quelques mots. « Kiara?…Mais qu’est-ce que tu fais ici??… » Là un nouvel éclair de génie traversa son esprit… Elliot à moitié nus, Kiara plus qu’à moitié nus… Inutile d’être Einstein pour comprendre ce qui s’était passé … La pauvre Charline ne parvint qu’à lâcher un malheureux. « Oh mon dieu … »

Ca voulait tout dire… Un mélange de colère et de tristesse se mit à envahir le cœur de Charline et elle prit la parole, les yeux légèrement larmoyants et pourtant elle affichait un petit sourire, un sourire faussement ravis et qui cachait toute la tristesse qu’elle ressentait à cet instant…

« C'est fantastique , une de mes amis les plus cher et mon copain qui couche ensemble, que demander de plus... »

Elle allait se faire tuer, être déchirée en morceau, brûlée vive ou pire, il allait lui couper la tête ! La bonne vieille méthode à la hache ! Recroquevillée au fond de la salle de bain, fixant la porte en espérant qu'elle tiendrait bon, elle écoutait celui qui ne voyait pas les shampoings à leur juste valeur crier derrière la paroi. Vraiment, elle priait tout les dieux existant là-haut pour qu'il finisse par renoncer à rentrer, car qui sait ce qu'il aurait été capable de faire dans son état actuel. D'accord, ce n'était pas vraiment sympa de sa part, mais elle avait dit qu'elle s'en voulait aussi ! Ce n'est pas comme si cette fois elle n'avait aucun regret ! Quand enfin elle ne remarqua plus aucun mouvement suspects de la poignée et que les bruits extérieurs à la pièce eurent cessés, elle pensa bêtement qu'il avait finit par se dire que ça ne servait à rien de s'énerver et qu'il était parti se laver les cheveux. DOONG! Mauvaise réponse. Le calme apparent était d'autant plus effrayant que le bruit des secondes précédentes. Prise d'une poussée d'inquiétude elle se rapprocha de la porte, prêtant attention au moindre souffle qu'elle pouvait entendre de l'autre côté. Elle sursauta légèrement quand il reprit de nouveau la parole, son ton ayant changé du tout au tout. Une expression de terreur se dessina lentement sur le visage de la sorcière alors qu'elle comprenait tout juste ce qui était en train de se passer, juste à côté.

"Non... non, t'as pas osé !" Pas de réponses. Il avait osé.

Elle attendit quelques longues minutes, s'imaginant l'état de son haut. Il devait être méconnaissable. S'assurant qu'il était parti loin d'ici, enfin à l'autre bout de l'appartement quoi, elle entrouvrit légèrement la porte et du placer une main sur sa bouche pour ne pas se mettre à crier à la mort. Elle ne supporta pas bien longtemps cette vision d'horreur et claqua sèchement l'ouverture qui trembla sous le choc (c'est qu'elle ne calculait pas toujours sa force). Elle n'arrivait pas à s'empêcher de penser à ce qu'elle venait de voir. Il avait dépassé les bornes, à faire ainsi souffrir ses vêtements. Il n'imaginait pas à quel point ça coûtait cher ! Et ça ne repoussait pas comme les cheveux ! Non, elle ne pleurerait pas. Hors de question qu'elle se mette dans un tel état à cause d'un pauvre mec comme Elliot.

Pour se changer les idées et se débarrasser de cette impression affreuse d'être passée dans un mixeur qui la prenait soudainement, elle ne trouva rien de mieux que d'aller faire cette foutue douche. Il faudrait qu'elle trouve quelque chose à se mettre avant de partir, parce que mine de rien on pouvait facilement attraper un coup de froid en transplanant. Même si elle se doutait qu'il adorerait la voir malade et souffrir le martyr, elle ne comptait pas se laisser faire. L'eau tiède qui lui passait sur le corps lui permit de se ressourcer. Il n'y avait plus de McKee pour lui gâcher sa journée, plus de débardeur déchiré et encore moins de porte qui s'ouvre... Une porte qui s'ouvre ? Elle avait toujours eu l'ouïe très fine. Fermant les robinets d'eau, elle passa un rapide coup d'œil autour d'elle pour ne trouver qu'une unique serviette à portée de main. Tant pis, elle s'en contenterait. Elle voulait simplement savoir s'il s'était décidé à sortir prendre l'air et que l'appartement se révélait ainsi lui appartenir le temps d'une heure... Cependant, elle se rendit bien vite compte que c'était plutôt quelqu'un qui venait lui rendre visite en entendant une voix féminine. Pourtant, elle se trouvait dans l'appartement du meilleur ami... Oh, alors ce n'était sans doute pas une fréquentation de l'idiot !

Sans gêne, la serviette entourant sa taille, elle ouvrit la porte, décidée. Elle avait quand même prit l'initiative de se sécher un minimum les cheveux, pour ne pas transformer le sol en piscine, mais ça ne l'empêchait pas d'être encore plus ou moins mouillée. Quel ne fut pas le choc alors, quand elle reconnut la fameuse invitée ! Pourquoi avait-elle l'air surprise de la voir ainsi ? Oui, pour Kiara, c'était une situation tout à fait banal, que de se retrouver à moitié nue dans un endroit qu'elle ne connaissait pas la veille, avec un homme qui l'avait accompagné toute la journée, et une femme qui n'était autre qu'une amie de longue date. Ca lui arrivait tout les jours, voyons !

"Yo ! Je suis... de passage, ici. Et toi, pourquoi t'es là ? T'es une amie de l'ami à lui ?" Dit-elle bien innocemment en désignant Elliot du doigt. "D'ailleurs tu me dois un t-shirt... T'es un vrai sauvage quand tu veux, j'en avais déjà croisé avant mais des comme toi, jamais !"

Elle ne se doutait pas une seconde que ses phrases pouvaient être prises à double sens. Elle allait se diriger vers la cuisine pour se servir à boire, se sentant un peu comme chez elle oui, mais c'est seulement là qu'elle capta le regard des deux autres. Oh non. Elle se rappelait le bar, quelques heures auparavant. "Oh, moi je viens de rompre avec quelqu'un qui m'a annoncé qu'elle m'avait trompée il y a 5 ans de ça et que j'étais peut-être le père de sa fille..." C'était quand même pas... ? Elle se mit à éclater de rire, sans raisons. Elle avait envie de rire. Non, ce n'était pas elle, elle avait meilleur goût quand même. Elle n'était pas descendue si bas ! ... Attendez, elle avait dit quoi, là ?

Elle se mit à toussoter bruyamment, manquant de s'étouffer, bloquant complètement sur la dernière phrase que venait de prononcer Charlie. Copain ? Donc c'était elle ? Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu.

"Excusez moi j'ai du avaler un truc pas net... L'air est pollué, c'est pas de ma faute !" Quelques secondes plus tard, elle s'était enfin remise. On pouvait alors facilement deviner à son expression à quel point elle était choquée, sur le moment. "Tu te trompes sur toute la ligne... On a rien fait du tout ! Ou alors, il m'a drogué et je me souviens de rien !"

Elliot avait un peu de mal à organiser ses idées. Il faut dire qu'il ne s'attendait pas à trouver son ex sur le pas de la porte de son meilleur ami ! Que faisait-elle ici ? Avait-elle une aventure avec Jazz ? Si jamais c'était le cas, il faudrait qu'il ait une conversation avec lui, car il détestait les potes qui poignardent dans le dos. Puis, il reconnut avec logique que ce qu'il avait imaginé était impossible, car Charline n'était pas du genre à s'enticher de grands maigrichons aussi sexys que Pierre Palmade. Mais passons, ce n'était pas le moment de penser à Jazz, mais à Charlie qui venait de lui passer devant le nez pour entrer dans l'appartement. Son sans-gêne légendaire lui revint en mémoire en même temps que son parfum qu'il connaissait si bien... Elliot ferma la porte d'un geste mécanique et croisa les bras, restant à quelques mètres d'elle pour plus de sûreté.

Elle commença à parler, lui ordonnant de se taire alors qu'il ne voyait de toutes façons pas quoi dire. N'avait-il pas été suffisamment clair, la dernière fois ? Pourquoi venait-elle pour ressasser la même histoire ? Il la voyait déjà s'excuser platement sur ce qu'elle avait commis, le supplier à genoux de la reprendre, jurer qu'elle ne recommencerait pas, pleurer toutes les larmes de son corps et se noyer dedans... Bon, ses pensées allaient peut-être un peu loin, mais concernant Charlie, il espérait plus que de plates excuses. A vrai dire, il ne savait pas exactement ce qu'il voulait d'elle. Elle avait détruit toute la confiance qu'il avait placée en elle. C'était triste à dire, mais maintenant, lorsqu'il la regardait, il ne voyait plus son grand amour de jeunesse, mais juste une fille comme les autres. L'amour pouvait-il s'éteindre de la sorte ? Si on lance un grand seau dessus, le feu se noie et meurt.

Pour le moment, la fille en question s'était arrêtée de parler, fixant son torse comme s'il avait eu subitement un troisième téton ou une autre horreur du genre. Alarmé, Elliot baissa la tête et constata que sa chemise était simplement ouverte. Bah quoi, elle ne se souvenait plus à quoi il ressemblait ? Avait-elle la mémoire courte à ce point ? Ne trouvant pas utile de refermer sa chemise, il se contenta de poser de nouveau les yeux sur Charlie, toujours avec une expression neutre. Il voulait ne rien laisser transparaître de ses sentiments pour ne pas qu'elle se fasse des idées ou qu'elle les interprète mal. Il détestait ce genre de situations où il fallait prendre des pincettes et faire attention à tout ce qu'on faisait. Il était plus impulsif qu'autre chose, c'était donc difficile de se contenir, surtout quand Charline remettait le sujet épineux sur le tapis ! Lorsqu'elle lui avait avoué son adultère, il avait transplané aussitôt, et il sentait qu'il avait très envie de recommencer alors qu'elle en reparlait en trouvant des excuses pour expliquer son acte impardonnable. Il décroisa les bras pour enfouir une main dans la poche de son jean, serrant sa baguette qui était à l'intérieur, mais préféra oublier son idée de transplanage alors qu'un léger mal de crâne faisait surface à cette simple idée. Il valait mieux ne plus transplaner pendant quelques jours, peut-être même que Kiara l'avait dégoûté à vie de le faire ! Justement, en parlant de la jeune femme, Charlie lui fit savoir qu'elle était sortie de la salle de bains. Il ne manquait plus que ça...

Elliot passa une main dans ses cheveux mouillés, puis baissa de nouveau les yeux sur sa chemise ouverte, pour relever brusquement la tête vers Kiara qui avait revêtu une serviette de bains trop courte à son goût. Ah oui, vu comme ça, la situation pouvait paraître légèrement ambiguë, surtout qu'il avait la tête dégoulinante d'eau lui aussi, comme s'il avait pris une douche avec elle avant de la laisser terminer seule dans la salle de bains ! Le jeune homme éclata de rire à cette idée, ce qui devait paraître encore plus bizarre, et c'est alors que les paroles de Charline percutèrent son cerveau : elles se connaissaient ? O_o Le pire dans tout cela, ce fut Kiara qui confirma.

Oh non. Pitié, tout sauf ça. Elliot avait très mal géré cette journée, qui était certainement l'une des plus horribles de toute son existence, et il savait très bien que Kiara se dépêcherait de tout raconter à ses copines : tout d'abord, comment elle l'avait facilement convaincu de faire un truc louche dans les toilettes publics avec elle, la façon dont elle l'avait abandonné sans vêtements et sans dignité, le passage avec la mémé perverse et les Aurors musclés, le fait qu'elle l'avait fait passer pour un fou, puis finalement leur aventure intérieure dans son corps ! Mais quand il imaginait ses copines rirent à tout ce cinéma abracadabrant, il ne pensait pas que l'une d'entre elles serait Charline, son ex, qui se moquerait de lui sans vergogne ! Il vivait un véritable cauchemar éveillé.

Le regard fixe, il ne réagit pas tout de suite à ce que Kiara avait dit. Il avait juste entendu les mots "sauvage" et "Tee-shirt", ce qui ne l'aidait pas vraiment à comprendre le sens de sa phrase. Tandis que la jeune femme se dirigeait vers la cuisine, Elliot sortit de son mutisme et demanda d'un ton un peu bégayant à Charline :

"V-vous vous co-connaissez ?"

Il repassa une main dans ses cheveux, ne contrôlant plus vraiment la situation, et même si ce geste ne l'aidait pas vraiment à reprendre contenance, le fait de sentir les mèches encore humides suffit à lui rappeler la dernière folie de Kiara. Une expression espiègle et limite vicieuse se peignit sur son visage jusqu'ici impassible, et il suivit Kiara dans la cuisine. Il venait d'avoir une idée de vengeance parfaite pour les deux filles qui s'étaient incrustées dans sa vie et dans l'appart' de son pote. La vengeance serait plus agréable pour l'une que pour l'autre, mais d'un côté, il en voulait davantage à Charline qu'à Kiara malgré tout ce que cette dernière avait pu lui faire. Il n'avait jamais été doté d'un très grand sens logique.

Il entra donc dans la cuisine, et balayant les paroles de Kiara d'un revers de main, il la prit dans ses bras, la renversa en arrière (en manquant de cogner sa tête blonde contre l'évier ) et lui offrit un long baiser doux et langoureux. Dire qu'il avait profité de la situation était un euphémisme, mais la vengeance avait tellement bon goût... ou pas, car le jus d'orange qu'elle venait de boire lui donna envie de vomir. Cependant, il resta fort et ne s'éloigna pas d'elle avant plusieurs secondes, le temps que leur baiser fasse son petit effet chez la personne visée. En effet, Elliot s'était arrangé pour que Charline ne loupe rien de cette embrassade improvisée. Parfois, il était tellement gamin.

Se redressant, et remettant de la même façon Kiara sur ses pieds, il se recula d'elle avec un petit sourire. Puis, il prit la bouteille de jus d'orange qui traînait sur le plan de travail, et la lança dans la poubelle pour éviter que la jeune femme ne recommence à boire ce truc. Franchement, c'était écoeurant. Masquant la grimace qu'il retenait par un sourire, il se tourna vers Charline tout en restant très proche de Kiara. Cependant, il n'était pas sûr que cette dernière n'allait pas lui faire regretter ce baiser volé. D'un autre côté, elle aurait pu se débattre, et elle ne l'avait pas fait...

"Eh oui, on a passé un moment de folie tous les deux !" dit-il d'un ton un peu trop enjoué. "Je lui ai un peu arraché ses fringues, mais elle aime ça ! D'ailleurs, j'en ai pas d'autres à te prêter, désolé." fit-il en regardant de nouveau Kiara. "A moins que tu veuilles mettre des vêtements d'homme... non pas les miens, je les garde -pour une fois que j'en ai sur le dos- bref ! Je vais te chercher ceux de Jazz. Il fait une taille 34, tu seras un peu à l'étroit mais je pense que ça devrait t'aller."

S'éclipsant en vitesse dans la chambre de son ami, il en revint quelques secondes plus tard avec une chemise et un jean. Il avait fait du plus vite qu'il pouvait pour éviter que Charline ne se mette pas à étrangler Kiara ou autre chose du même genre. Il les retrouva toutes les deux à leur place d'origine (elles étaient même trop sages ) et il retourna donc dans la cuisine donner les vêtements à Kiara.

"Alors, où vous êtes-vous connues ?" demanda-t-il en retournant dans le salon et en s'asseyant sur le canapé, l'air parfaitement détendu. "Ca doit être une histoire de dingues ! Surtout connaissant Kiara !"

Il se sentait nerveux, trop nerveux. Le fait de savoir que les deux femmes qu'il avait draguées ces dernières semaines se connaissaient le rendait un peu instable. Cela voulait-il dire qu'il ne pourrait jamais s'éloigner de Charline, même s'il le souhaitait très fort ? Serait-il enchaîné à elle à jamais ? Il avait peur de perdre son libre arbitre, mais plus que cela encore, il se revit assis et pratiquement mort sur ce même canapé. Il sursauta et se leva d'un bond, se rongeant de nouveau les ongles sans oser fixer ce divan diabolique.

"Je supporte plus les canapés. C'est terrible. Je suis devenu canapéphobe !"

Avec ce genre de phrases, il n'avait même plus besoin de dire à Charline que tout était fini entre eux : elle allait sûrement partir d'elle-même en songeant qu'il avait perdu le peu de neurones qu'il lui restait.

Malgré les paroles de son amie Kiara Charline n’était pas rassuré, en fait elle se doutait bien que quelque chose de pas très net c’était passez entre eux, Elliot n’était pas le genre de type à regarder une belle fille à moitié nus sans tenter quelque chose. Cela dit connaissant Kiara et sa folie légendaire elle lui avait peut-être fait connaitre de grands émois mais à ça façon, Charlie l’espérait même si finalement ça ne la regardait plus vraiment et pour preuve, « Beliote » semblait avoir définitivement tourné la page, ça se voyait dans son regard. Ca façon de garder le silence , de la fixer sans aucune émotion , elle ne l’avait jamais vus ainsi … La jeune femme semblait être tomber dans une sorte de transe discrète après ses dernières paroles , elle écoutait chacune des paroles dites , elle observait tout ce qui se passait avec la plus grande attention , et pourtant elle n’était pas vraiment là , comme perdu dans un océan de remords et de tristesse… Même quand Elliot embrassa fougueusement Kiara la Canterbury ne réagit pas, restant neutre, le visage légèrement souriant, un sourire particulier, qui ne voulait pas dire qu’elle était heureuse, loin de là, mais qu’elle n’arrivait simplement pas les détester pour ce qu’ils faisaient ou ce qu’ils avaient fait. C’est peut-être à ce moment là qu’elle comprit qu’Elliot la détestait maintenant… Ce dernier semblait prendre un malin plaisir à lui montrer qu’il ne pensait plus à elle , parlant de ce qu’il avait fait avec Kiara avec un sourire presque mesquin , amis encore fois Charlie ne répondit rien , gardant se visage étrangement neutre et serein.

« Mister je kiss sans permission » s’éclipsa un instant pour offrir des vêtements plus confortable à Kiara , Charline profita de cet instant pour se tourner vers son amis et lui sourire l’air de dire que finalement elle ne lui en voulait pas et que c’était sans importance , d’ailleurs avait-elle vraiment une raison de lui en vouloir? En avait-elle vraiment le droit? … Elliot fit de nouveau son apparition après quelques secondes, il revenait avec une rapidité folle, peut-être qu’il imaginait que son ex allait sauter sur Kiara dans l’espoir de la tuer, et c’est se qu’elle aurait fait si la fille en question n’était pas l’une de ses plus vieilles amies. Encore une fois la jeune femme écouta les dires d’Elliot sans vraiment réagir, restant d’une impassibilité qu’il ne lui ressemblait pas vraiment, elle ne daigna même pas répondre à ses questions et elle n’eut même pas un sourire lorsque ce cher McKee essaya de faire de l’humour. Baissant le regard un instant, pour se remettre les idées en place ou peut-être trouver le courage, elle s’essuya les yeux, ils étaient larmoyants depuis un certains moments mais elle se refusait à pleurer, elle était déjà assez pathétique comme ça… Avec un léger sourire elle finit par lancer.

« Je crois que c’est ça qui va le plus me manquer… Ton humour si … Elliotgantesque... »

Charline eut un petit rire, un rire léger qui trahissait une émotion tout autre. Elle se dirigea alors vers la porte d’entré, posant une main sur la poigné, restant figé quelques secondes avant de tourner la tête vers le « nouveau couple », ou pas, toujours légèrement souriante et pourtant, se sourire montrait davantage une tristesse profonde qu’un quelconque bonheur passager. Bref, elle prit de nouveau la parole.

« Instant sentimentale, action… J’espère que tu seras…. Heureux, que ce soit avec Kiara ou avec une autre… Enfin bref, tu m’as donné les plus belles années et les plus belles journées… Je suis désolé … Salut »

Sur ses mots elle fit un simple geste de la main, toujours avec ce sourire si mélancolique sur le visage, avant d’ouvrir la porte et de simplement partir, rester n’avait plus aucun intérêt de toute façon… Elle n’allait pas discuter de la pluie et du beau temps avec eux et apparemment peu importe ce qu’elle dirait, peu importe les excuse qu’elle présenterait ça ne changerait rien …