Mission Evènements # 1 : Le Tournoi des Bermudes

What’s going on ?

Il pouvait parler de manque d’éducation, l’autre abruti ! D’accord, Rodolphus avait réagi à vif, impulsivement… peut-être comme Rabastan l’aurait fait… Mais au moins, lui, il ne débarquait pas de nulle part, en plein tournoi pour venir foutre sa bouse de dragon partout. Non mais, il y a des limites, tout de même…
Alors, effectivement, briser une théière, si ça ne portait pas malheur, ça avait au moins le don de montrer que l’attitude de l’intrus inconnu était on ne pouvait plus insolente et malvenue. Et quoi, c’était ce type qui était censé remporter le tournoi ? Il n’était même pas là lorsque l’olibrius organisateur avait rencontré les concurrents. Aucune idée de qui était ce rustre qui ne s’était même pas présenté. C’était à se demander qui manquait d’éducation ! A vrai dire, c’était la marmite qui critiquait le chaudron, là…

Le Diffindo n’atteignit pas la cible visée, mais ladite cible, par contre, répliqua dare-dare, telle une abeille à qui on aurait piqué son miel, en faisant exploser une bonne moitié de l’arbre derrière lequel se planquait Lestrange.
L’arbre, il s’en foutait. Mais encore un coup comme ça et le tronc serait coupé en deux… il y avait d’ailleurs à présent de fortes chances que ledit tronc se craque sans l’aide de personne et penche du côté où il était en grande partie amoché… autrement dit, du côté où Michael jouait maintenant avec la poussière et les petits cailloux. Vous allez dire que ce n’était pas bien grave, que Terragone était de toute manière quasiment hors course… mais les règles d’un duel ne sont pas les mêmes que celles du Seigneur des Ténèbres et, plutôt que de pousser l’arbre à écraser Terragone, Rodolphus préféra éviter un fâcheux accident en lançant un Feudeymon sur l’arbre en question, histoire de le faire tomber de l’autre côté, dans un épouvantable fracas qui fit trembler le sol.

Revenant alors face à l’autre conchyliologique adepte de thé, Rodolphus eut un sourire carnassier qui traduisait de manière très claire sa mauvaise humeur, tandis que le Feudeymon continuait sa tâche de dévorer le tronc d’arbre couché par terre.

"En vérité, votre présence m’insupporte. Si vous me forcez la main, vous ne le regretterez que trop tard, my dear… Alors comme ça, vous critiquez les Européens ? Mais vous n’êtes qu’un émigré de plus, c’est cela ? L’un de ces bons à rien à qui l’Europe a apporté la civilisation et qui la récompensent en venant s’incruster dans des pays qui n'ont aucunement besoin d’eux ? Il n’y a pas de quoi être fier, l’étranger. "

Tiens, de tels propos rappelaient un peu ceux que le Mangemort avait un jour lâchés à Alidor Beia, lors d’une rencontre hasardeuse où il avait pu néanmoins s’amuser un peu, verbalement uniquement, bien sûr, lieu public oblige… Oui, Lestrange avait quelque chose contre les étrangers… enfin, pas contre tous, mais contre ceux qui le dérangeaient. C’était le cas pour Beia, ça l’était aussi pour cet inconnu du tournoi.

L’avantage de la position de Rodo était d’avoir choisi un Feudeymon pour l’arbre. Comme chacun sait, ce maléfice ne se retourne jamais sur son créateur, mais a plutôt tendance à être un allié précieux. Le maîtriser n’était pas à la portée de tout le monde, mais des années de pratique de la Magie Noire sont largement suffisantes… Les flammes vivantes vous obéissent comme un animal de compagnie, par un lien dû à une concentration et à une puissance magique suffisantes. Bref, je vous passe les détails, le Feudeymon dévorait l’arbre et Rodolphus faisait face à son adversaire. Le temps passait et le Mangemort ne tenait par à finir ici, sur cette île, sans avoir au moins tenté tout ce qu’il pouvait tenter.

"Vous savez ce qui est drôle dans cette affaire ? Ce foutu tournoi n’est qu’une vaste connerie… Je me retrouve face à un concurrent qui n’en est pas un… Mais soit, à dire vrai, le peu d’action jusqu’ici me pousse à agir en conséquence… J’espère que vous avez une bonne résistance à la douleur… Endoloris !"

Un sortilège impardonnable, évidemment… le deuxième dont Rodolphus faisait usage contre un être humain durant ce tournoi. L’Avada avait servi pour dégager le passage dans la forêt, mais ce mec-là, il méritait de souffrir. Et cette souffrance, Lestrange la souhaitait plus que tout. Il ne supportait pas le détachement de l’intrus, il n’acceptait pas son intervention et il n’appréciait pas plus ses propos. Non, vraiment, si le Mangemort n’avait pu souhaiter qu’une seule chose, depuis quelques minutes, ça aurait été de faire souffrir ce type jusqu’à ce qu’il supplie, lui faire goûter la puissance de la Magie Noire, lui faire comprendre qu’il n’était rien de plus qu’un lombric qui défiait l’un des tout proches lieutenants du Seigneur des Ténèbres en personne… Le Doloris était le maléfice préféré de Lestrange, celui qu’il utilisait le plus souvent, celui qu’il infligeait depuis des années à un tas de gens… Ce n’était pas l’entrainement qui manquait. Et le sorcier était tout à fait capable de viser correctement, même à quelques mètres de distance. Souhaitant la douleur et la souffrance plus que tout, le sortilège maléfique qui avait jailli de la baguette de Rodolphus était d’une puissance digne de figurer en très bonne place dans ses records personnels. L’intensité de la volonté alimentait un maléfice désireux de ronger, de torturer, de dévorer sa victime… à l’instar du Feudeymon qui terminait de bouffer les dernières feuilles de l’arbre. Arrivé à la fin de son « repas », ce feu vivant se mit en quête d’une autre nourriture et c’est ainsi qu’il découvrit le pied de Rahkesh… pour le plus grand plaisir de Lestrange.

Je s’rai content
Quand tu seras mort
Vieille canaille

Serge Gainsbourg

De plus en plus, cet étranger irritait Rodolphus. Le Mangemort était excédé par son attitude nonchalante, par ses interventions désobligeantes et par sa manière, quasiment moldue, d’esquiver les sortilèges que Lestrange lui lançait. Non mais… On n’avait jamais vu des sorciers dignes de ce nom éviter des maléfices avec une roulade ou en se baissant ! Où était la classe des duels, sinon ? Que restait-il de l’honneur d’un duel si on se roulait par terre en plein combat ?

Alors comme ça, en plus d’être une raclure, monsieur était canadien ? Pour un peu, le mangemort aurait pu croire que ce pauvre type cumulait lourdement les tares. Ne dit-on pas des Canadiens qu’ils ont peur du noir ? Si c’était vrai, ce gars-là devait pisser dans son froc avec le retour et la montée en puissance du Seigneur des Ténèbres. Rien que pour voir cela, ça valait la peine de survivre à ce foutu tournoi.

"Soit, « le Canadien »… Si ça peut te faire plaisir… Mais je persiste et signe : un type comme toi n’a rien à faire ici. À moins que l’autre dingue t’ait embauché ? ça doit bien aligner quelques centaines de gallions, ça, non ? le Canadien se battrait-il pour un peu d’or ? C’est triste, tout de même, tous ces immigrés qui viennent chez nous et qui sont obligés de bosser pour avoir de quoi se faire passer pour des sorciers normaux !"

Goguenard, Rodolphus cherchait la corde sensible de cet inconnu, pour pouvoir mieux frapper là où ça faisait le plus mal. En parlant de mal, le Feudeymon n’avait pas bien compris où était la proie pour laquelle il était là. Lestrange le contrôlait toujours, heureusement, mais l’heure n’était pas à se faire griller une brochette de branches, bon sang ! Car l’autre, là, tout Canadien qu’il fût, avait apparemment décidé de réagir autrement que comme un vulgaire moldu, désormais, sa baguette lui servait à autre chose qu’à faire mumuse avec du thé. Il préférait les couteaux à la théière, à présent. L’équation était simplissime : couteaux + wasi = nécessité d’un fameux coup de bol pour tous les éviter. Car, à la vitesse à laquelle les projectiles étaient propulsés, il fallait maîtriser l’Ancienne Magie pour se débarrasser de ces foutus couteaux efficacement. S’il avait pu transplaner, c’est ce que le Mangemort aurait fait, là, maintenant, tout de suite, en voyant les couteaux et en entendant la formule. Le réflexe que Rodolphus eut, pour éviter de mourir ici bêtement, fut de lancer un Aguamenti : l’eau permettrait de ralentir les couteaux et de les dévier. Car, évidemment, Lestrange était bien trop fier pour esquiver à la moldue, comme le Canadien… d’ailleurs, sa jambe le gênait trop pour effectuer des mouvements rapides. Et puis, même après une roulade, il fallait pouvoir se relever. Pas évident avec une blessure.

Et, en effet, l’eau, envoyée en jet, eut pour effet de ralentir les couteaux et d’en dévier certains suffisamment pour qu’ils ne soient pas tous un problème… mais l’un d’eux atterrit droit sur le pied du sorcier et un autre lui écorcha méchamment le bras gauche, laissant une entaille profonde dans la chair et décuplant la haine de Lestrange pour son adversaire. Tout cela s’était passé en quelques secondes à peine et Rodolphus se retrouvait désormais avec une jambe blessée, le pied prolongeant cette jambe traversé d’un couteau planté droit comme un i et un bras vachement entamé. La main droite plaquée sur la plaie ouverte qui faisait rougir ses vêtements, Lestrange poussa une sorte de rugissement. Azkaban lui avait fait perdre certaines habitudes de combat. Il allait falloir remédier à cela. Peut-être en s’entraînant avec Bellatrix.

Ainsi donc, Rodolphus avait rugi, traduisant en ce cri bestial toute sa haine et sa douleur, mettant dans ce cri une bonne dose d’énergie et d’énervement, car oui, il avait les nerfs. Et crier cela, ça permettait un regain d’activité. Allez savoir pourquoi, l’être humain s’est toujours donné plus de force en gueulant.
Bref, les yeux injectés de sang, la fureur crispant chacun de ses muscles – je vous dis pas l’état du pied au couteau, d’ailleurs, contracter des muscles avec un couteau au beau milieu, ça ne fait pas du bien – voilà que le Mangemort sembla fermement décidé à en finir. Ecumant de rage, il adressa encore quelques mots à l’autre, avant de lancer son maléfice.

"Beau lancer de couteaux, le clown. Il est temps d’arrêter de jouer avec tes pirouettes ridicules, assume ton rôle jusqu’au bout, pourriture de Canadien !"

Le maléfice d’engorgement jaillit aussitôt de la baguette de Lestrange. Engorgio. Bien lancé, rendu plus fort par la rage de son propriétaire, le maléfice atteignit Rahkesh au niveau du sternum, juste sous la gorge. En même temps, le Feudeymon, ayant terminé sa branche, était revenu à ses premières amours, à savoir la jambe d’Armadeus, sur le long de laquelle il semblait désormais grimper comme un gymnaste sur une corde, mais un gymnaste qui dévorerait celle-ci au passage.