Don’t trust me † ▬ Aaron ; Terminée le 11/09

© Kazumi

Chapter I ; « Tu te souviens de ce temps où tout était facile, où tu souriais encore sincèrement, où tu profitais de la vie, où tu croyais en les autres mais surtout en toi-même, où tu merdais pas sans arrêt, où tu savais apprendre de tes erreurs, où tu savais conjuguer le verbe aimer, où tu croyais que la vie était belle ? Ce temps où on était peut-être cons, ignorants, stupides, idiots, pitoyables, puériles mais putain… Qu’est-ce qu’on était heureux.. »

L’être humain est constamment en train de se plaindre & pourtant, la majeure partie du temps, il n’a pas idée de la douleur que certains peuvent ressentir. Il y a tellement d’orphelins, au sein du château, d’enfants adoptés et tout le bordel… Moi, je n’ai connu rien de tout ça. Mon enfance fut des plus heureuses. Elle approchait même de la perfection, d’après mes souvenirs… souvenirs qui deviennent un peu plus vague chaque jour, qui se perdent au fur et à mesure que j’avance, c’est comme si je m’éloignais toujours un peu plus de ce que j’ai vécu à ce moment-là ; le bonheur. C’est vrai, je n’ai jamais manqué de rien. Mon sourire était habituel ; ma joie perpétuelle.

Je suis né à Londres même. Mes parents sont William & Eleonore Middleway, des moldus… On leur dit souvent qu’ils sont jeunes, par rapport à notre âge. Enfin, je me comprends. Ils ont eu leur premier enfant peu après la vingtaine. Mon grand frère Edward était l’enfant rêvé. Edward a toujours été très charismatique. Et puis, c’était le premier enfant de la famille, la fierté. Deux ans après est arrivée l’erreur ; moi-même. Mais ça, ils ne l’ont pas su tout de suite. J’étais un petit garçon comme les autres, en apparence. Mes parents m’ont aimé tout comme ils ont aimé leur premier fils, sans faire de différence. Puis est arrivée ma sœur cadette Jade, un an après. Aux yeux des gens, les Middleway, c’était un peu la famille parfaite. Un couple qui s’aime et dévoué à ses enfants. Trois enfants sages et intelligents. On avait la cote ! Mais la perfection, c’est comme les contes de fée ; ça n’existe pas.

Mon père travaillait et travaille toujours dans les affaires. Ma mère, quant à elle, a fait pas mal de petits boulots. Aujourd'hui, elle travaille dans le commerce. Nous ne sommes et n’avons jamais été ni riche ; ni pauvre. Dans la moyenne, dirons-nous. Je ressemblais assez à mon frère aîné, dans mon enfance. Seule différence majeure : il était blond, moi j’étais brun. Tous les deux, nous étions tout simplement inséparables. On en a vécu des choses ensemble. Il n’y avait pas Edward sans Aaron, il n’y avait pas Aaron sans Edward. Notre activité favorite était sans doute d’énerver notre petite sœur. Jade, la belle Jade. Elle était coléreuse, et nous on s’en amusait. Mais on l’aimait quand même. Malgré tout, on était des enfants sages, la plupart du temps. Des enfants sages, beaux, et intelligents, comme disait la grand-mère.


Chapter II ; « On a tous besoin de croire que quelque chose existe au delà de la banalité du quotidien. Être capable de se transformer en quelque chose de mieux, même si personne ne croit en vous. »

Les temps changent, les souvenirs restent intacts. J’étais de moins en moins proche de mon frère, on ne s’entendait plus vraiment, tous les deux. Nous n’avions plus les mêmes centres d’intérêt, il entrait dans la cour des grands, le collège. En revanche, je me suis assez rapproché de ma sœur, qui ne représentait alors plus uniquement mon souffre-douleur (c’est affectif, évidemment). Dans la vie de tous les jours, j’étais un peu moins épanoui, un peu plus réservé, voire solitaire. Je me sentais différent de la masse, et cela s’est manifesté un jour, lorsque nous nous disputions avec mon frère. Comme tous les frères de cet âge, on se battait parfois. Mais évidemment, en tant qu’aîné, il avait le dessus sur moi à chaque fois. Alors qu’il s’approchait de moi pour me frapper, sans doute, il fut violemment propulsé en arrière, d’une telle force qu’il soufra de problèmes de dos pendant plusieurs semaines. Cela ma valu la colère de mes parents, & une certaine haine de la part de mon frère qui n’a toujours pas disparu aujourd’hui.

Je reçus ma lettre d’inscription à Poudlard un certain 17 Juillet 1991. Je me rappelle encore de la date, c’est con, je sais. Mais ce jour marqua un réel changement dans ma vie. Mes parents n’ont pas voulu y croire, au début. Ils ont même pensé qu’il s’agissait d’une farce de ma part. Voilà l’image qu’on avait déjà de moi, à cette époque là ! Quant à moi, j’y croyais. Je voulais y croire. Ce monde m’avait l’air tellement magique (Et pour cause…) Quel enfant ordinaire de 11 ans n’aurait pas rêvé de se rendre dans une école comme celle-ci ? Après maintes & maintes réflexions, mes parents se firent une raison et ils acceptèrent mon inscription au château ; malgré la jalousie grandissante de mon frère à mon égard. Etre sorcier n’était pas quelque chose qui est donné à n’importe qui (a)

Mon entrée à Poudlard se fit dans les meilleures conditions. J’étais un brillant élève, et ce depuis le début. Un intello, comme disaient certains. J’étais loin d’être le garçon le plus populaire du château mais je dois avouer qu’à cette époque-là, la notoriété était le dernier de mes soucis. Je n’eus malgré tout aucun mal à m’intégrer & j’ai bien vite trouvé des amis avec qui partager mes journées. Quand je rentrais au domaine familial, durant les vacances, mes parents me faisaient un accueil chaleureux. Il en était de même pour ma sœur. Quant à mon frère, il était toujours distant, sans raison apparente. A croire que je n'étais peut-être pas le plus jaloux de la famille...


Chapter III ; « La route des enfers est facile à suivre ; on y va les yeux fermés. »

Le temps s’écoule, les semaines se succèdent sans qu’on ne puisse les dissocier, les mois s’accumulent dans la banalité, en apparence. Mon évolution n’est pas vraiment celle que j’espérais. J’entrai bien vite dans ce que l’on appelle l’adolescence, sans doute. La vie à Poudlard ne fut plus tout à fait la même. Ma lassitude à propos du château était inégalable. Les personnes qui s’y trouvaient me dégoûtaient, tout simplement, de part leurs attitudes. Je devins moins épanoui, je changeai de fréquentations petit à petit. Je n’avais plus rien de l’intello de base que j’avais pu être par le passé…

Et lorsque je rentrais à la maison, c’était pire. J’avais comme l’impression qu’avec le temps, mes parents me zappaient… Les seules fois où l’on communiquait, c’était pour s’engueuler. Les conflits familiaux se multipliaient en effet au fur et à mesure que le temps passait. A chaque vacances, c’était pire. Quant à mon frère, il ne m’ignorait plus. Non, il me cassait à chaque occasion venue. Avec ma sœur, on ne se voyait pas beaucoup, et on ne savait plus vraiment quoi se dire, bien qu’il s’agissait à peu près de la seule personne de la famille qui m’était à peu près supportable.

Au cours de ma cinquième année, je commençai à changer. C’est là que j’ai véritablement relâché le rythme au niveau scolaire. Je suis passé d’une majorité de O à une majorité de A. Ca n’était pas si terrible que cela, mais cela suffisait aux professeurs pour constater mon laisser-aller. Quant à mes amis, ils me faisaient chier « Ca ne va pas ? » J’avais vraiment une gueule à aller bien, sérieux ? Et puis eux, ils ne pouvaient pas comprendre. C’étaient des pourri gâtés pour la plupart, passionnés de magie & tout le blabla… Je restais avec eux par nécessité, tout simplement parce que je n’avais personne d’autre. Je me sentais seul, parfois. Je déprimais, en secret, mais j’affichais un grand sourire au quotidien. Je jouais des apparences. Mon look changea également. Je devins un peu plus « trash » si l’on peut dire, ce qui a suffit a certains pour me classer dans les styles « emo », « gothique », ou même « racaille »… Puérile !

Les vacances d’été furent les pires de toutes. L’ambiance était devenue invivable, imbuvable. Il y eut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Un soir, une semaine avant la rentrée, alors que j’étais tout seul à la maison, je sortis dans le jardin pour fumer. Je m’étais toujours opposé à la cigarette, mais j’avais récemment fait l’erreur d’essayer. Personne n’était au courant, bien sûr, et surtout pas ma famille ! C’est alors que mon frère arriva avec sa bande de potes. Il commença à me provoquer, comme à son habitude, à me menacer de me dénoncer à propos de la clope, mais aussi à se foutre de ma gueule avec ses débiles de potes en raison de mon statut de sorcier et parce que j’avais changé… Il ne se gêna même pas pour m’insulter. Je m’efforçai de garder mon calme, puis la colère finit par m’emporter. Ma réplique fut brève « Ferme ta gueule, connard ! ». Je lui avais parlé avec un mélange d’agacement, de mépris, d’agressivité. J’étais plus énervé que jamais. Il m’a regardé d’un air mauvais, puis il s’est barré, avec ces potes. Je savais qu’il se vengerait… Une heure plus tard, alors que j’étais retourné dans ma chambre, il entra, sans que je ne remarque sa présence. Là, il commença à me frapper, de toutes ses forces, sans même que je ne comprenne ce qui se passait. Il m’insulta de nouveau, de tous les noms. J’essayais de me défendre, en vain. Je ne faisais pas le poids. Je crois n’avoir jamais eu aussi mal. En vérité, j’ai même cru qu’il allait me tuer… Je me suis effondré par terre, le visage en sang, l’œil au beurre noir. Je crois que j’ai perdu connaissance, car je ne me souviens pas l’avoir vu partir.

Je me rappelle très bien de mon réveil, en revanche. Je n’avais pas les idées très claires, cependant, et surtout, plus la moindre énergie. J’avais même du mal à me relever. Tant bien que mal, je pris quelques affaires et je décidai de me barrer, une bonne fois pour toutes. Je n’avais nulle part où aller, je regrettais d’avoir envoyer mes amis chier. Je me réfugiai chez ma grand-mère, mais mes parents me retrouvèrent bien vite… Alors j’ai traîné dans la rue, mangé dans la rue, dormi dans la rue, vécu dans la rue pendant quelques jours. Je ne fis pas vraiment que de bonnes rencontres. Je tournais mal, très mal, et je n’avais à présent plus personne pour m’aider.

Je m’apprêtai alors à rentrer à Poudlard avec de nombreux secrets, un lourd passé, une douleur physique mais surtout psychologique encore plus présente que jamais. Mon style était devenu plus sombre et moi, plus renfermé.