Et encore un verre [PV Erwan de Rosnarho]

Assise à une table en terrasse, Eléanor regardait autour d'elle la foule se mouvoir en une danse qui n'avait rien de gracieuse. C'était juste bruyant. Un attroupement de sorciers et sorcières courant, esquivant, râlant, se bousculant et se marchant dessus avec l'espoir d'arriver au plus vite à la boutique désirée.

Bien sûr, parmi cette foule pouvait se trouver une personne dangereuse prête à sortir sa baguette pour blesser, torturer ou même tuer ceux qui se trouveraient sur son passage.

L'activité professionnelle d'Eléanor faisait qu'elle ne dormait jamais sur ses deux oreilles, qu'elle ne faisait confiance qu'a un nombre très limité de personne et que toute sortie à découvert était un risque potentiel. Évidemment, le Chaudron Baveur donnant sur le Chemin de Traverse présentait peu de risque. On y croisait aussi bien des ministres que des enseignants de l'école Poudlard.

Ayant beaucoup voyagé, la canadienne avait été intrigué par le système de l'école très différent de celui d'Alkren, mais elle avait une telle rapidité d'adaptation qu'au bout d'une journée cela lui semblait aussi très normal.

Stella, confortablement installé sur l'une des trois autre chaise disposé autour de la table s'étira paresseusement avant de se caler contre le dossier de la chaise, l'une des pattes avant pendant dans la vide, la queue faisant balancier.

Une chatte noire pour une sorcière, amusant non?

Mais Stella n'était pas un simple chat. C'était son familier. Comme une extension d'elle même doué d'une volonté propre. Au premier abord il n'y avait pas de ressemblance entre l'animal et la jeune femme. Pourtant, pour un œil exercé et dans des circonstances plus spécifiques, notamment en cas de risque ou de traque, elles passaient inaperçu, félines, dangereuses, cruelles,...

Pour l'heure, elles n'avaient pas l'air dangereuses. L'animal paressait au soleil et sa maîtresse sirotait une bière au beurre dans une robe de sorcière bleu nuit qui cachait son jean, son débardeur noir et surtout ses armes. Sa baguette bien sûr, mais aussi quelques couteaux dissimulé ici et là.

Elle n'était pas en mission, elle était en sortie shopping. Habits, livre, accessoires divers, elle s'était comporté comme une fille à qui l'on donne une bourse ne demandant qu'a être vidé. Après tout, c'était de l'argent gagné honnêtement. Elle avait du mettre la main sur un type qui avait violé et assassiné deux gamines de 12 et 14 ans. Pour le coup, elle l'aurait bien punit elle même, mais elle avait seulement reçu pour instruction de le livrer. La police humaine n'avait jamais réussi à l'attraper. Et par un jeu de relation, elle avait été mise en contact avec son client. L'une des conditions du deal étant qu'il ne devait pas poser de question. Le marché avait été parfaitement respecté des deux cotés, mais restait une certaine frustration de ne pas avoir infligé à ce salop*** la punition qu'il méritait.

Posant son verre sur la table, la canadienne repensait à son planning du soir. Un peu de baston lui ferait le plus grand bien. Elle verrait avec Rahkesh s'il voulait s'entrainer. Sinon il lui faudrait trouver une autre solution,... S'enivrer n'en faisait pas parti, mais le verre vide était une tentation à laquelle elle ne résista pas.

Se tournant vers le patron, en train de parler avec un client installé au bar, elle lança : "La même chose Patron!"

Bizarrement les gens ne savent pas reconnaître quelqu'un de dangereux quand il l'ont en face d'eux. Eléanor n'avait pas l'air dangereuse, mais elle était habillé de façon fort simple et décontracter, elle aurait du faire parti de ses gens qu'on ne remarque pas.

Elle haussa donc un sourcil de surprise quand un homme lui demanda - fort poliment - de se joindre à elle en compagnie de son ami. En temps normal, la canadienne l'aurait fait déguerpir en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Mais quand on entre dans une pièce on se découvre. Si l'on reste caché sous une cape, c'est que l'on a quelque chose à cacher. En tant que chasseur de prime, le radar d'Eléanor s'était déclenché. Son radar ne c'était pas déclenché en mode alterne, mais plutôt en mode "quelqu'un a quelque chose à cacher". Eléanor n'était pas un traqueur pour rien. Elle aimait analyser la situation, anticiper les prochains mouvements de sa proie, déterrer les secrets qui le forcerait à sortir de son trou pour mieux les piéger!

Plus on lui cachait, plus elle cherchait. C'était un jeu. Même principe que jouer à cache cache. Sauf qu'elle avait toujours le rôle du chat.

A part Rahkesh, personne ne savait à quel point elle maîtrisait ses émotions. Sous ses airs aimable, elle invita les deux hommes à s'assoir à sa table. Intérieurement, elle se léchait les babines comme un matou de gouttière.

En parlant de chat, Stelle pointa son museau sur la table comme si l'intérêt de sa maîtresse l'avait instantanément éveillé. Le chat regarda les deux hommes s'installer sur les deux chaises libres.

L'animal émit un miaulement de protestation. L'homme à capuche l'intriguait autant que la canadienne.

Ce fut ce moment que choisi le barman pour lui apporter son verre.

" Merci, apporter moi un bol de lait pour mon chat s'il vous plait. Et ces messieurs prendront ?" Elle se tourna vers ses invités pour qu'ils commandent. Elle savait à l'avance que le sorcier sous cape ne parlerait pas. Ce serait son compagnon qui prendrait la commande.

Elle attendit que le barman soit reparti vers son comptoir avant de commençer son investigation : "Je me nomme Eléanor Sullivan. A qui ai-je l'honneur?"

La canadienne sentit sur elle le regard de l'homme dénommé Erwan, comme il l'indiqua par la suite. D'abord insistant, puis finalement il devait avoir laissé tomber. Cependant, l'homme à coté de lui, si c'en était un, semblait mal à l'aise.

La façon dont le fameux Erwan se présenta était, au yeux de la canadienne, pompeuse et irritante. Il faut dire qu'Eléanor ne pouvait décemment pas présenter son métier et encore moins ses réussites. Pour certain, être assassin est pire que d'être caissier dans les supermarchés moldus.

Pour Eléanor c'était le métier qu'elle voulait faire. Point. A la ligne.

Elle n'était pas du genre à se laisser dicter sa conduite. Ni à se laisser monter la tête par des titres tel que "conseiller auprès de Roi des sorciers". Chacun à son rôle à jouer. Dans l'ombre ou la lumière. Et l'ombre lui sciait bien mieux.

Il était peut être conseillé mais pas très malin. Elle n'avait certainement pas l'aura meurtrière et sa curiosité n'aurait pu mettre mal à l'aise le petit homme. Elle n'avait encore rien fait.

Elle n'était pas du genre à se délecter de la peur de sa victime. Ce qui l'intéressait c'était la traque. C'est tout.

Tant qu'il ne fuirait pas. Il ne risquait rien. Mais ça, il devait l'ignorer.

Elle afficha un air surpris et répondit : " Quelqu'un me surveille peut être et n'apprécie pas que des étrangers s'installent à ma table. Qui sait? ... "

Evidemment, elle savait qu'il n'en était rien. D'abord parce qu'elle l'aurait sut si on la suivait et ensuite parce que personne n'avait de raison de la suivre. Elle n'avait pas encore fait assez de bruit pour s'être fait de vrai ennemis.

"Ah, au fait, enchanté de faire votre connaissance."

Il semblait tout à coup s'être souvenu des convenances et Eléanor, bien que de type guerrière, n'ignorait tout de même pas sa bonne éducation et ses bonnes manières.

"Moi de même monsieur De Rosnarho. Puis-je vous demander ce qui vous amène si loin de votre comté natal?"

La France et surtout la Bretagne n'était en réalité pas si loin, et pour avoir voyagé de par le monde, Eléanor le savait. Mais de quoi parler sinon de ça? Il ne lui avait pas franchement donné d'ouverture sur la conversation.

Le barman arriva et déposa le bol de lait et les deux hydromels sur la table avant de filer vers un groupe de jeune gens - probablement des écoliers de Poudlard - qui arrivait bruyamment pour prendre un verre.

Stella fila immédiatement la tête dans son bol de lait et miaula de contentement.
Eléanor repris sont verre, qu'elle leva vers les deux hommes. Où plutôt vers l'homme et demi avant de le porter à ses lèvres.

Elle allait peut être obtenir des renseignements intéressant. Et tout s'achète et se vend pour un peu qu'on sache où acheter et où vendre. Et ça Eléanor le savait!

Eléanor avait vu et entendu beaucoup plus de chose étrange que la majorité des humains, moldus et sorciers confondu. Mais là, c'était la cerise sur le gâteau, une information de choix.

Un courant d'air avait fait tomber la capuche du compagnon d'Erwan et celui-ci se précipita pour la remettre en place. Seulement Eléanor avait été aux premières loges pour appercevoir le Korrigan. Le petit homme était saisissant et Eléanor ne put qu'afficher sa surprise.

La vitesse avec laquelle Erwan expliqua la raison de la présence d'Arados à Eléanor lui mit la puce à l'oreille. Même si elle avait vu à quel point la population locale avait peur de celui que tout le monde appelait Vous-savez-qui ou encore Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, de là à ce que le roi des Korrigfans se déplacent en personne, c'était franchement gros. Surtout qu'ils prenaient des risques en venant ici, c'est tout l'intérêt des représentants, de représenter des personnes qui ne peuvent se déplacer (souvent pour des questions de sécurité).

Et puis la bretagne, situé en France n'était pas encore concerné par le fameux Lord Voldemort. Sa folie des grandeurs ne l'avait pas encore pousser à s'attaquer au continent. Il devait vouloir assurer son étendu sur le Royaume-Uni avant de penser à s'attaquer à d'autres pays.

En tout cas, c'est ce que ferait Eléanor à sa place. Mais elle n'y était pas. Revenant à ses deux curieux personnages, elle demanda : "Se rendre dans l'un des bars les plus célèbre de Londres n'est - à priori - pas une bonne idée quand on chercher l'anonymat. Pourquoi donc être passé par ici?"

L'intonation révélait sa curiosité face à ce choix étrange et peu logique. Il mettait en danger son fameux roi, si c'était le roi. Mais le korrigan était tout de même en danger. Révéler ainsi sa nature à n'importe qui n'est pas une bonne idée et Eléanor se demanda si elle pourrait vendre cette information et à qui.

Je vous entend dors et déjà dire que c'est immoral que de vouloir vendre cette information en se moquant des conséquences que cela pourrait engendrer. Mais Eléanor avait sa propre conception de la moralité, on ne devient pas assassin quand on éprouve des scrupules à tuer son prochain. Et puis, il faut bien gagner sa vie!

Eléanor regardait l'homme avec dédain. Nan mais il se croyait où celui là :Il s'incruste avec son pote Korrigan à la table de la jeune femme alors qu'il y avait plein de table libre, il 'raconte sa life' a qui veut bien l'entendre, puis tente de forcer les barrières mentales de la jeune femme alors qu'elle n'avait pas encore fait de geste menaçant. Et puis franchement, rien à battre que son soit disant roi ne lui fasse pas confiance. Le nombre de personne à qui elle faisait confiance dans le monde entier se comptait sur les doigts d'une seule main. Et en Angleterre, il n'y en avait qu'une seule, Rahkesh!

Et puis elle n'était pas du genre à se laisser emmerder par un type qui se croyait super intelligent, super important et blablabla. Il représentait tout ce qu'elle détestait. Incroyable non?

Elle se pencha vers lui, comme pour lui faire une confiance. Mais il n'en était rien :
"Vous voulez que je vous dise. J'en ai rien à faire de vos salades. Vos menaces sous-entendu ne me font pas peur. Et si votre copain est effectivement roi, il est bien idiot de confier sa sécurité à un type tel que vous et encore plus de vous demander des conseils vu le peu de jugeote que vous avez!" Le ton était plutôt calme, mais ses yeux lancaient des éclairs. Elle n'était pas exactement le genre de personne que l'on pouvait contrarier sans en payer les pots cassés.

Elle se tourna vers Stella qui lui sauta sur l'épaule et s'enroula autour de sa nuque, lâcha quelques pièces de monnaies sur la table pour payer ses consommations et balança un dernier "Je ne vous salut pas!" avant de transplaner.