{ Sarah Madison Waldon - Fini le 04/10/10

Une femme criait à pleins poumons dans une petite chambre d’hôpital blanche. Un homme lui tenait étroitement la main et embrassait son froid moite de sueur de temps en temps. Il lui arrivait également de lui souffler quelques mots d’encouragements, les yeux rivés sur une petite tête qui commençait à de plus en plus apparaître. Il l’avait tellement attendu cet enfant! Sûrement lui plus qu’elle parce que quelque chose en lui criait un besoin de paternité, ou du moins, une nécessité de fierté. Et cette fierté qu’il avait tant de mal à connaître dans sa vie, il exigeait l’obtenir par le biais de sa progéniture. Il fallait que cet être-ci soit parfait à tous niveaux. C’était primordial.
Contre toute attente, Eleonora mit au monde une petite fille qui ne ressemblait ni à elle, ni à Thomas. Lorsqu’il l’a prit dans ses bras, il reconnu instantanément les traits de son père à lui, et il en fut deux fois plus fier. Déjà, avec ce corps frêle contre lui, il se sentait plus important. Il savait que cette fois-ci, il ne serait pas déçu.

Au fil des années, Sarah grandit et montra aux yeux de tous une personnalité bien à elle. Elle était curieuse, vivace, souriante, amusante, des fois colérique, très courageuse, perspicace… Pourtant, aucune de ces qualités n’attiraient l’attention de Thomas qui n’attendait qu’une seule chose. Et plus cette chose tardait à arriver, plus il était distant envers la fillette qui recherchait constamment la présence de son père. Parce que oui, à l’âge avancé de huit ans, l’enfant n’avait encore jamais montré le moindre signe magique. Et pourtant, Merlin sait combien sa femme et lui avaient tenté de les faire apparaître. Ils hurlaient constamment sur elle sans raison apparente, la laissaient seule dans le noir des heures durant, ils l’avaient même poussé du toit une fois pour voir si elle s’arrêterait en pleine chute… mais non. Eleonora avait été obligé de la rattraper elle-même avec sa propre baguette. Une vieille blessure se rouvrit dans le cœur des parents.

Il pleuvait quand leur vie prit un tournant décisif. Sarah avait neuf ans, et une sainte horreur des orages. Dans toute l’immense demeure, on pouvait l’entendre pleurer à chaudes larmes en appelant ses parents de toute sa petite voix. Contre toute attente, Thomas se leva. Il ouvrit la porte avec une telle brusquerie qu’instantanément, Sarah arrêta de pleurer. Son père fonça sur elle, ombre gigantesque et menaçante. Il l’empoigna très fort et, rempli de colère contre cet être qui aurait du lui apporter tellement plus, la lança contre le mur. L’enfant l’heurta de plein fouet. À peine réalisa-t-il son geste qu’un autre phénomène se passa. Il entendit un bruit de verre brisé. Son corps entier subissait l’assaut de coupure. Il atterri quelques mètres plus bas dans un très sale était, mais plus heureux que jamais. Elle s’était enfin manifestée. Eleonora ne ressentit pas autant de bonheur que lui lorsqu’ils durent passer une soirée entière à Sainte Mangouste pour cette bonne nouvelle.

C’est à ce moment-ci que le vrai calvaire de Sarah commença. De but en blanc, l’attitude que son père avait envers elle changea. Lui qui se préoccupait si peu de l’éducation de sa fille la prit totalement en main, pour son plus grand déplaisir. Il lui fit lire des dizaines et des dizaines de bouquins, tous plus rébarbatifs les uns que les autres, l’obligea à essayer une centaine de baguettes différentes et, lui interdit de faire son entrée dans l’école de magie de Poudlard. Évidemment, cela faisait déjà quelques temps qu’elle apprenait deux trois sorts par-ci par-là, mais à partir du moment où son père eu l’autorisation de la garder chez eux pour faire son apprentissage magique, ils passèrent à la vitesse supérieure. Elle était levée à six-heure du matin, tous les jours, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige. De sept heure à midi, il voyait tout ce qui était théorie, prenait une heure pour manger, puis passer à la pratique de treize à dix-huit heure. Elle n’avait aucun répit, si bien qu’elle en perdait l’appêtit. Sa mère avait bien tenté de modérer ce train de vie, mais Thomas ne voulait rien entendre. Il fallait qu’elle maîtrise tout le programme et rapidement. Il avait donc fait le tri dans ses matières: l’histoire de la magie, l’astronomie et autres matières jugeaient « inutiles » étaient passées à la trappe. Sarah ne sortait jamais. Le dimanche était le seul jour où ils ne travaillaient pas, le seul jour que sa mère avait réussi à lui arracher. La journée, elle n’était pas là. Elle s’échappait des heures durant à son boulot pour ne plus vivre elle aussi la folie de Thomas. Sarah aurait rêvé la suivre, partir loin de cette maison aux allures de prison. Son seul moyen de s’évader un tant soit peu était les livres. Elle passait ses dimanches à ça, à lire. Beaucoup de livre sur les sortilèges, les enchantements et les potions, mais aussi d’autres livres, certains moldus, qu’elle dénichait dans la vaste bibliothèque de sa mère. Souvent, elle se sentait comme Electre, pleine de rage. Elle attendait l’arrivée chevaleresque d’un frère inexistant. Ou bien d’un Roméo qui l’oblige à renier sa famille et abdiquer son nom pour partir vivre loin, très loin. Mais ça n’était que de la fiction. La réalité, c’était les entraînements du lendemain qui l’attendaient.

À treize ans, elle avait un niveau d’attaque et de défense d’une sixième année, mais ne connaissait rien à l’histoire magique ou aux influences des étoiles sur le monde. Et surtout, elle ne connaissait pas le monde extérieur, ne savait même pas que des gens sans pouvoirs magiques existés. Derrière les grilles en fer de son jardin, c’était l’inconnu. Alors, quand son père fut convoqué par le ministère pour elle ne savait trop quelles raisons, Sarah n’hésita pas une seule seconde. Munie seulement de sa baguette, elle s’échappa. Évidemment, le portail était fermé magiquement, elle du donc l’escalader et puis sauter, ce qui lui valut de belles égratignures. Mais ça n’avait pas vraiment d’importance. Elle se mit à courir le plus vite possible sans se retourner, sans avoir une quelconque notion de temps. La seule distance qu’elle pouvait mettre entre elle et sa maison importait. À bout de souffle, elle s’arrêta et regarda autour d’elle. Des gens marchaient, parlaient tout seul en tenant de drôles d’objets, il y avait aussi d’étranges machines très bruyantes. Dans cet environnement là, tout, absolument tout, semblait être un danger. Pourtant, invisible au milieu de cette foule dense, elle ne s’était jamais autant sentie en sécurité. Les heures défilées comme des secondes, si bien que la nuit tomba sans qu’elle ne s’en aperçoive. Elle ne voulait pas rentrer, et elle ne le fera pas. Jamais. Blottie contre le mur d’une sombre ruelle, elle attendait de trouver le sommeil quand deux hommes sortirent d’elle ne savait trop où. Ils s’approchèrent d’elle avec méfiance, regardant avec insistance sa baguette. Sarah réagit spontanément. Elle propulsa le plus proche contre un tas de poubelles, le deuxième se retrouva saucissonné au sol. Pour la seconde fois de la journée, elle s’enfuit. La petite fille n’avait juste pas remarqué un troisième homme, beaucoup moins imposant que les deux premiers. Elle eut juste le temps de le voir sourire avant de sombrer dans l’inconscience.

♣♣♣

« L’Augure: Bonjour mademoiselle. Avant que vous ne vous mettiez à crier ou à chercher votre baguette que j’ai évidemment enlevé de votre portée pour notre sécurité à tous, j’aimerai que vous sachiez qu’ici il ne vous sera fait aucun mal.

-Laissez moi partir, s’il vous plaît…

L’Augure: Partir? Dans quel but? Après tout, vous n’aviez pas l’air des mieux installés dans cette ruelle! Et si vous me disiez plutôt comment vous vous appelez.

-Sarah…

L’Augure: C’est très joli Sarah, ça te va très bien! Je peux te tutoyer n’est-ce pas? Tu sais, tu nous as tous beaucoup impressionnés tout à l’heure, tu as l’air très forte! Pour une fille de ton âge, tu sembles bien entraîner. D’ailleurs, quel âge as-tu? Douze ans? Treize peut-être? Quel qu’il soit, des fillettes comme toi n’ont pas leur place dans la rue si tard. Je te propose Sarah de rester avec nous, quelques temps, et si ici ça ne te plaît pas, tu seras libre de retourner de là d’où tu viens. Tout ce que je te demande, c’est de nous, mais surtout de te laisser une chance. Je suis sûr qu’ici, tu seras mille fois plus heureuse que là où tu habites… Et je n’ai pas l’impression de me tromper, n’est-ce pas? »

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Et il avait eu raison. Dans cet institut, elle pouvait faire ce qu’elle voulait! Elle lisait tous les bouquins qui lui plaisaient, pouvait aller où bon lui semble tant qu’elle était accompagnée de l’Augure, et surtout, il n’y avait pas son père. Au fil du temps, elle s’était habituée à tout le monde, et mieux encore, elle s’était fait des « amis ». De temps en temps, elle pensait à sa mère, aussi à son père, mais dans ses moments là, elle craignait plus de rentrer chez elle. Sarah savait qu’un jour, l’Augure lui demanderait si elle voulait restée ici ou repartir chez elle. Elle savait que repartir voudrait dire recommencer à ne plus vivre. Et puis, l’Augure était très gentil avec elle…

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« L’Augure: Alors Sarah, as-tu pris ta décision?

-Je crois… Est-ce que si je reste ici, je pourrais aller voir ma maman de temps en temps? Pas tout le temps hein mais juste quelques fois pour qu’elle sache que je vais bien et que je m’amuse bien avec vous.

L’Augure: Hum… Je ne sais pas. Tu sais Sarah, j’aurais trop peur qu’ils te fasse du mal! Tu es très importante pour moi, tu ne peux pas savoir à quel point… Si je savais au moins comment ils étaient quand tu étais là-bas, si j’avais un moyen sûr de connaître ton passé, oui je te laisserai. Mais… enfin bref, je ne pense pas que tu accepterais de tout me montrer…

-Si, si! Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, ma mère est une personne très gentille, c’est vrai!

L’Augure: Alors viens avec moi Sarah… Viens me montrer tout ça. »

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Et elle le suivit. Sans se douter de ce qu’il allait faire. Sarah s’assit d’elle-même sur le fauteuil, ne broncha pas quand on commença à lui coller des émetteurs sur les tempes. Tellement confiante, elle ne ressentait aucune peur. L’Augure lui sourit, et elle lui sourit en retour. Et puis, elle hurla. Elle le sentait, ils étaient dans sa tête, ils étaient tous dans sa tête! Elle revoyait tout, les livres, les murs, les entraînements, le visage de sa mère, celui de son père, leur dispute quand ils la croyaient cracmol, les insinuations que son père faisait durant leurs disputes, la pluie, les barrières, les larmes, le froid. Elle était ailleurs, enfermée dans sa propre existence. Les mots « effacez-lui tout ça » retentirent en échos, comme si ils étaient très lointain…

Elle se réveilla quelques jours plus tard. Elle avait perdu la notion du temps. En fait, elle ne savait plus grand-chose, quelques brides. Ah oui, et elle avait un terrible mal de crâne, à vous donner les larmes aux yeux. Autour d’elle, il n’y avait rien qui pouvait lui rappeler l’endroit où elle se trouvait. Si ça n’était cette grande vitre qui la séparait d’une autre pièce et d’où une dizaine de personne l’observer. Elle n’aimait pas ça, elle se sentait comme un animal en cage. C’est-ce qu’elle était d’ailleurs. Connectée à tous ces câbles, elle était retenue, prisonnière de son lit. Elle tira sur les perfusions, à se les arracher, hurlait à pleins poumons. À la fin, toute cette agitation fit réagir et, après une lutte acharnée, on endormi la jeune fille pour une seconde fois.
Nouveau réveil. Moins douloureux. Elle avait beaucoup moins d’énergie que la première fois. Et nouveau fait également, elle n’était pas seul. Sur la chaise trônant à côté de son lit se tenait un homme d’âge plutôt avancé qui semblait très content de la voir.

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«[ L’Augure: Sarah! Enfin tu te réveilles, nous avons eu si peur que toi aussi tu ne nous quittes dans ce terrible accident…

-Quel accident? »

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Et il lui expliqua tout. Comment ses parents et elle s’étaient fait piégés par des sorciers mauvais dans une ruelle sombre, combien ses parents avaient essayés de la sauver en se débattant de toutes leurs forces, la sauvagerie des sortilèges qui les tuèrent… Mais Sarah ne se rappelait de rien. Des visages la hantaient vaguement, mais des choses trop floues pour vraiment les distinguer. Et dès qu’elle se forçait un peu, elle avait un terrible mal de tête. L’Augure fut patient avec elle. Il prit un long moment pour lui re-raconter sa vie, celle de ses parents aussi, les deux meilleurs amis de l’Augure qui lui demandèrent de prendre soin d’elle à leur mort. Elle avait toujours vécu ici, au centre, et s’entraîner tous les jours pour devenir la meilleure, dans tous les domaines. Avant, s’était son père qui se chargeait de son éducation physique, maintenant qu’il n’était plus là, ça allait être différent. L’Augure lui avait certifié qu’elle aurait les meilleurs professeurs et qu’elle s’améliorerait deux fois plus vite. Il ne s’était pas trompé. Elle se battait du matin au soir dans une seule optique: venger ses parents. Et tout le monde l’admirait. Au fil du temps, ses professeurs n’étaient plus assez compétent, se faisaient battre à plate couture en l’espace de quelques minutes. Trois ans avait passé depuis sa « renaissance ». Elle avait seize ans à présent, et devenait aussi belle que redoutable. Tout le monde à l’institut l’admirait, et elle aimait ça. Sarah était en recherche constante d’une quelconque approbation, surtout celle de l’Augure qu’elle voyait peu mais qui venait tout de même voir ses progrès. Depuis la mort de ses parents, elle le considérait au fond d’elle un peu comme un deuxième père de substituions.

On commença à lui confier des missions, pas très intéressantes au début, beaucoup plus par la suite. Sa première véritable mission, elle l’eut à dix-huit ans. Elle y avait risqué ça vie, mais l’adrénaline que lui avait fournit cet instant l’avait régalé, et elle en avait redemandé, trop sûrement. Elle devenait insouciante, prenait trop de risques. Sarah était trop sûre d’elle et évaluait mal les dangers qui l’entouraient. On lui accorda donc un coéquipier. Ô haït coéquipier! Lui aussi était fort, lui aussi était futé et pire que tout, l’Augure s’intéressait à lui de trop près à son goût. À son arrivée au centre, elle avait refusé de l’approcher, s’enfermant dans les salles d’entraînements sans en sortir pendant des journées entières. C’était elle la plus forte, pas lui. Cette vérité qui s’était avérée absolue pendant des années n’était plus si vrai dorénavant. Un jour, alors qu’elle l’entendit s’entraîner avec un professeur, elle l’observa. Il était très fort, pas aussi rapide qu’elle, mais il avait un style bien à lui très efficace. Le professeur avait accordé une pause. Elle en avait profité pour se glisser dans la salle. C’était la première fois qu’ils se rencontraient, même si ils avaient entendu parler tout deux l’un de l’autre. Au premier regard, elle le détesta et toute sa haine était plus qu’apparente. Sarah se mit en position devant lui alors qu’il semblait hésiter.

« -Bats- toi. »

Il ne bougeait pas. Elle l’attaqua en premier. Au bout d’un moment, il arrêta d’esquiver et se mit à parer les coups. Et finalement à les renvoyer. Il avait de la force, mais elle était agile. Tout deux ne se rendirent même pas compte qu’ils n’étaient plus seul à présent. Contre les murs, un bon nombre de monde les observaient et comment leur en vouloir? Le combat devait être magnifique. Le temps passa, ils commençaient à fatiguer. Elle pouvait sentir les gestes moins précis de Benam l’atteindre alors qu’elle-même peinait à les esquiver. Alors qu’il essaya de la mettre à terre, elle le fit tomber et allait le frapper une bonne fois pour toute histoire qu’on en finisse quand l’impensable se passa. Il réussit à lui attraper la cheville, à se mettre dessus et à la maîtriser. Choquée l’espace de deux secondes, elle n’entendit même pas les applaudissement autour d’elle, plongé dans le regard de son adversaire. Il avait gagné. Elle avait perdu.

Deux ans ont passé. Deux longues années où elle se doit de travailler avec Lleyton, sur ordre de l’Augure. Et elle déteste ça, de but en blanc, préférait travailler en solo. Mais les missions qu’on leur confiait était d’une autre envergure, elle s’évertuait donc à ne pas le tuer - chose ô combien difficile. En plus de ça, monsieur est assez gentleman et à tendance à vouloir la protéger des danger. Détestable de sa part. Souvent, ils se battent, et Sarah réussit à avoir sa revanche avant que Lleyton ne la prenne de nouveau. Ils étaient trop forts, trop similaires.