Hayuki M. Komatsubara - [Fiche terminée le 16/10/2010]

Il pleuvait beaucoup en cette matinée du 9 février 1975. Il était assez tôt mais les rues étaient déjà remplies. Les voitures, taxis, vélos et motos se disputaient déjà les routes. Le bruit des klaxons ponctuait désormais cette matinée mais ce n’était pas le seul bruit ptésent. La pluie tombant sur l’asphalte formait à elle seule une grande symphonie. L’air était incroyablement lourd et l’atmosphère très pesante. Il faisait chaud, très chaud dans la ville de Shanghai. Les piétons étaient désormais nombreux. Tous étaient en tenue légère, s’abritant du mieux qu’ils le pouvaient. Et, même ainsi, tout ceci semblait presque irréel. Le ciel était trop gris, la pluie trop importante et l’air trop rance.

Six heures sonnèrent.

Il s’écoula plusieurs secondes, plusieurs minutes et puis, des cris déchirèrent le silence assourdissant d’une petite maison. Une maison qui semblait luxueuse, dans un quartier assez riche. A l’intérieur, on entendait des pleurs. Des sanglots de nourrisson, mêlées à ceux d’une mère comblée et heureuse. Un enfant était né. Une petite fille, Hayuki, avait vu le jour en cette matinée du neuf février…

Hayuki atteignit l’âge de dix ans non sans peine. L’éducation était très stricte et ce, encore plus en étant une sorcière. Elle prit connaissance de ses pouvoirs à huit ans et on ne l’autorisa à pratiquer la magie qu’un an plus tard. La découverte de ses pouvoirs de sorcière est certainement le premier souvenir dont elle se souvienne. Avant, elle ne s’en souvient plus du tout. Elle ne possède aucun souvenir. Comme si, avant cela, elle n’avait jamais existé…

C’était une journée anodine pour la fillette qui avait huit ans à cette époque. Ses parents venaient la voir de temps en temps mais, leur travail ne leur permettait pas de rester en permanence à la maison. Elle était donc gardée auprès d’une nourrice qui s’occupait d’elle nuit et jour. Ce jour-là, était particulier. Ces parents viendraient tous les deux la voir, chose qui n’était pas arrivé depuis trop longtemps aux yeux d’Hayuki. Sauf qu’il se produisit un drôle d’incident, sous les yeux stuporeux de la jeune fillette, ses parents s’étaient transformés en horribles dragons Shen-long. Elle avait été si secoué qu’elle en était tombé malade. Durant une longue semaine, elle n’avait pas quitté son lit, jusqu’à ce qu’elle se fasse à l’idée que ses parents soient des animagus dragons. Ils lui avaient expliqués très brièvement le pourquoi du comment et étaient repartis en la laissant avec sa nourrice. Et, depuis ce jour, elle ne rêva plus que de suivre les traces de ses parents et de devenir elle aussi une Jiāo-Lóng.

Ce fut très long et très dur, semé d’embûches et truffé de pièges. Elle arriva cependant à obtenir un semblant de résultat – quoique assez piètre – après plusieurs mois d’essais. Au bout d’un an et demi de travail et d’acharnement, le résultat fut fructueux et elle obtint enfin le résultat escompté. Tous les jours, elle s’y attelait et ne s’arrêtait que quand la fatigue ne l’emportait. Ce fut certainement la chose la plus difficile de toute sa vie, sa toute première transformation. Elle tenta de juguler la douleur et de visualiser ce qu’elle souhaitait. Peu à peu, morceau par morceau, elle arriva à constituer son corps de dragon. Elle avait eu un haut le cœur mais s’était ressaisit de justesse afin de ne pas vomir tout son repas. Elle avait voulu touché son visage désormais écailleux mais elle n’arriva qu’à écorcher sa peau avec ses griffes. La brûlure lancinante lui avait traversé la joue mais, tout lui faisait déjà mal. Elle n’arrivait pas à s’habituer à ce nouveau corps. C’était une sensation fantastique, grisante même ! L’impression de pouvoir dominer les humains, pouvoir terrifier certaines personnes mais surtout, pouvoir voler ! Ce fut sûrement la pire idiotie de sa vie mais elle était tellement pressée, tellement excitée à l’idée de voler qu’elle tenta de le faire tout de suite. Sans avoir maîtriser totalement la transformation. Juste après avoir enfin réussi à obtenir un résultat entier, cette fois-ci. Elle avait déployé ses ailes, avait bondi et s’était élancée dans le ciel. La montée, ce fut très simple mais quand à la descente… Elle piqua du nez vers le sol, en tentant de remuer ses ailes mais elle s’écrasa très vite en un bang sonore par terre. Il y eut trois victimes, un arbre et deux buissons qui avaient eus la malchance de se retrouver à cet endroit. Quant à Hayuki, la chute avait été si brutale qu’elle était redevenue humaine et s’était évanouie. Elle avait un bras cassé, la joue barrée d’une balafre affreuse mais elle s’en sortait plutôt bien pour une première fois. Elle resta deux mois sans pouvoir rien faire et ne retenta plus de voler jusqu’à ce qu’elle eut une totale maîtrise sur le sol, avant de pouvoir le quitter…

On aurait pu croire qu’avec des parents déjà membre de l’élite des Jiāo-Lóng, cela aurait été très facile. Bien au contraire, ils n’accordaient pas leur confiance à n’importe qui à tort et à travers. Elle arriva cependant à les convaincre de sa volonté et qu’elle était digne de confiance malgré son caractère frivole, décadent de jeune femme… survolté, oui. Elle n’était pas l’innocence même mais elle savait ce qu’elle faisait. Personne ne pouvait contredire ses pouvoirs magiques, son faculté d’être un animagus, un dragon. Elle avait fait tant d’effort pour réussir à en devenir un à dix-neuf ans à peine. On n’allait pas lui dire qu’elle avait fait cela pour rien. Malgré son jeune âge, elle en avait les capacités. Cela dura longtemps et le jugement tarda à venir mais sa réponse était positive. Elle faisait désormais partie de l’élite des Jiāo-Lóng !

And today… Son caractère ?

Parlons un peu plus de ce qu’est devenue Hayuki, cette jeune femme qui paraît si jeune que l’on lui donnerait à peine dix-neuf ans alors qu’elle en a vingt et un, deux ans de plus. Elle reste jeune, c’est vrai mais elle ne l’est plus véritablement. Disons qu’elle garde encore un peu son côté « rebelle » de jeune adolescente. Ou plutôt devrais-je dire que son caractère bien trempé lui apporte préjudices car, malgré son apparence douce et gentille, elle est loin de l’être véritablement. La culture asiatique est loin d’être très paisible et aurait, dirons-nous, un soupçon de barbarie. Et bien plus qu’un soupçon, pour être tangible… Pour tout vous dire, il est vrai qu’Hayuki n’a pas seulement appris à se battre qu’avec sa baguette magique qu’elle juge plutôt comme un « outil ». Elle aime beaucoup se battre à mains nues mais pas seulement car elle ne quitte jamais son poignard ou encore plusieurs dagues qu’elle dissimule sur elle…

Passé le moment où vous trouvez qu’Hayuki a l’air extrêmement gentille, souriante et assez innocente pour que vous éprouviez un doux sentiment d’amitié avenant envers elle, vous la détestez. La jeune femme est devenue maître dans l’art de la comédie, la mesquinerie et la cruauté. Elle est très acariâtre et n'a pas besoin de faire grand chose pour l'être. Elle n’hésitera pas une seconde à utiliser tous les moyens qu’elle juge bon afin de parvenir à ses fins. Elle utilisera son masque de gentillesse comme couverture pour vous piéger si possible avant de laisser place plus tard à sa véritable personnalité. Celui d’une jeune femme à l’humour cynique et pervers, il faut l’avouer. Extrêmement narcissique voire orgueilleuse, l'hubris est certainement son pire défaut. Elle en a beaucoup, des défauts. Elle ne ne possède aucuns véritables sentiments vers autrui. Du moins ne le montre t-elle pas... Brusque, elle peut changer du tout au tout ! Très lunatique, la jeune femme aime passer du coq à l’âne sans intermédiaire de niveau. Si l’on n’y prend pas garde, on risque très facilement de se perdre et de ne pas pouvoir la suivre. Elle n’hésitera pas à faire tout ce qui lui semble bon afin d’atteindre ses buts, même si ses actes ne sont pas dignes d’une âme pure. Elle le sait et l’assume parfaitement. Personne ne peut être parfait, et encore moins Hayuki.

La jeune femme ne croit pas en l’amour ni à ces autres bagatelles qu’elle juge bon pour les poules. Cependant, elle-même en vient à user de son charme. Elle peut très vite passer de proie à prédatrice aussi bien que séductrice. Hayuki joue, Hayuki prend du plaisir à jouer la comédie. Pour elle, rien n’est impossible. Le monde n’a aucune limite. La seule chose qu’elle protège cœur et âme est la cité interdite de l’aube du Levant. Enfin, ce n’est qu’une piètre consolation quand on sait qui elle se trouve être véritablement. Fille unique, elle a toujours eu tout pour elle malgré l’absence de ses parents. Petite, elle était faible, frêle et fragile. Depuis, elle s’est jurée de ne plus s’abaisser à de telles infamies. Elle n’a plus pleuré depuis si longtemps qu’elle ne sait même plus ce que sont véritablement les larmes. Huit ans, voilà l’âge à laquelle elle pleura pour la dernière fois. L’âge ou son cœur devint en pierre.

Ses parents étaient toujours absents, elle avait juste sa nourrice pour s’occuper d’elle et cette éducation si stricte et si dure. Peu à peu, elle grandit avec et elle le changement s’opéra. Elle n’était plus cette jeune fillette si naïve, si idiote et si ignorante. Elle se révélait sous un nouveau jour, bien décidé à en découdre avec quiconque oserait se trouver sur son chemin. Drôle de décision lorsque l’on a huit ans, encore plus lorsque l’on sait que cela ne s’est qu’empiré à vingt et un an…

Hayuki est ce que l’on peut considérer comme un monstre sans cœur, une personne cruelle avide de pouvoir et assoiffé de torture. Toujours considéré comme telle une fois son visage à découvert et le masque tombé, la jeune femme ne peut se résoudre qu’à continuer cette route dans laquelle elle a commencé à cheminer. Et malgré cette dureté et cette froideur implacable, elle le sait, au fond d’elle se trouve une autre personne qui ne cherche qu’à être réveiller. Personne d’autre qu’elle ne le sait et elle ne cesse de repousser cette… pulsion, elle la remplace par de la colère, de la haine ou bien de la cruauté. Seulement, serait-ce la seule facette cachée de la jeune femme ? N’y aura-t-il donc pas bien pire qu’elle ne l’est déjà, un masque bien plus froid et bien plus sadique qu’elle se trouve être ? Une pulsion bien plus meurtrière qui la pousserait à commettre l’irréparable et bien pire encore. Il ne reste plus qu’une infime part d’innocence, si minuscule que personne ne la voit mais seulement, Hayuki est bien déterminé à la détruire complètement et tout espoir sera vain…