Eloge de ma folie



 
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 Eloge de ma folie

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Rodolphus A. Lestrange

    [H]angover & Dark Side

Rodolphus A. Lestrange


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MessageSujet: Eloge de ma folie   Eloge de ma folie Icon_minitimeAoût 7th 2010, 09:35

Alors, pour la petite explication, j'ai écrit ceci il y a deux ans maintenant. Un texte qui n'avait pas d'autre but au départ qu'un exercice de style. Mais le résultat m'a finalement plu... et voici donc une courte autobiographie.

Eloge de ma folie

    J’aimerais à mon tour écrire une page de l’histoire de la folie. Je voudrais parler de la folie quotidienne dont nous sommes tous atteints. Je détaillerai donc, parmi mes comportements ou mes réflexions, ceux qui me semblent s’approcher de la mince frontière qui sépare la folie du reste, avec l’intime conviction que nous en sommes tous proches.
    Je ne parlerai que de moi, pas par pur égotisme, mais car je suis un sujet d’étude commode, à portée de main. On me dira qu’on ne peut parler de soi avec objectivité. Je répondrai que je suis la personne la plus à même de traduire mes pensées, et qu’aucune pudeur ne se glissera entre mes mots et moi.
    J’invite qui me lira à s’écrire de même : ainsi, nous serons susceptibles de fournir à la science des données réelles sur le psychisme humain, presque brutes car médiatisées seulement par l’intermédiaire du langage.
    Si des explications telles que je les fournis ici sont données par d’autres personnes, et si quelqu’un trouve une façon appropriée de traiter ces informations-et il ne s’agit pas là du moindre des défis-, nous nous approcherons de plus en plus de ce qui fait l’homme ; nous serons plus à même de comprendre les problèmes qui nous rongent. Je gage en effet que les troubles que je décris sont partagés et que beaucoup peuvent se retrouver dans mes propos. Car rien n’est plus ordinaire que la folie.

    Je vais sur mes vingt-trois ans, pas encore la moitié d’une vie si l’on se fie aux statistiques. Au physique, je suis plutôt grande. J’ai les cheveux châtain, que je porte en chignon le plus souvent, mais que j’aimerais porter comme un voile, longs, par habitude, et pour pouvoir dissimuler ou découvrir mon visage quand je le souhaite. Autant que je puisse en juger, les caractéristiques de ma physionomie sont : un front large et blanc, des yeux sombres, une peau à la coloration irrégulière, et une allure solide due à ma taille haute, à mes épaules larges et à mes hanches de paysanne. Mes mains sont longues, fortes et blanches, terminées par des ongles que je ronge allègrement.

    J’aime à me vêtir avec le maximum d’élégance, mais les encombrants détails de ma physionomie gâchent souvent mes tenues : ma démarche est maladroite, j’ai le teint blafard, les yeux cernés. Mes bras ont toujours l’air trop longs, ce qui me rappelle cruellement que l’homme descend du singe chaque fois que j’aperçois mon reflet en pied. Et si j’ai toujours admiré les chevelures rousses, je crains qu’en être affublée m’eût fait ressembler à un orang-outan.
    Quelques gestes m’ont été-ou me sont- familiers : frotter la pulpe des doigts d’une main contre l’interstice entre les doigts de l’autre main, où la finesse de la peau la rend plus douce qu’ailleurs. De même, j’aime me caresser longuement sous le menton, où la peau est désespérément lisse et uniforme, au contraire de mon visage. Ces gestes répétés de façon frénétique provoquent souvent des regards interrogateurs ou des commentaires qui me font cesser, confuse. Je dois alors m’isoler pour faire de mon corps ce que bon lui semble.
    Je m’excuserais souvent d’être là si je n’estimais pas suffisant l’embarras que je cause bien souvent chez mes interlocuteurs tant tout en moi respire la gêne.


    Où que j’aille je me sens étrangère. Si ce sentiment est normal, parfois même exaltant dans les situations où je le suis effectivement, il devient anormal et dérangeant quand je suis chez moi, parmi les miens. Une nostalgie m’habite comme si j’étais exilée, loin de ma patrie, seule dans un pays où je vis depuis des années. Je me suis habituée à ce pays et lui à moi ; j’y habite ainsi que ma famille et mes amis. Mais seule la langue qu’on y parle me ressemble. Seule la langue m’a acceptée, abritée, hébergée. J’habite cette langue. Mais je suis sans terre. Mon déracinement est tel qu’il m’est arrivé, lors de crises de larmes où il m’a semblé frôler la folie, de m’entendre murmurer que je voulais rentrer chez moi, alors que j’y étais.
    Il n’existe, à ma connaissance, aucune description médicale, psychologique ou même littéraire- mais ces domaines sont si vastes que je puis facilement m’y égarer- de ce type de trouble, que j’appellerai syndrome d'exil. Voici la première, et non la moindre, de ces caractéristiques que je cherche ici à lister.


    Difficile de dire si je suis intelligente puisqu’il y a peu d’accord sur la définition de ce qu’est l’intelligence. Les atouts de mon intellect me semblent être : la rapidité, une grande facilité à établir des liens entre divers éléments épars, un large éventail de mots et une grande précision dans leur choix. Les handicaps de mon intellect me semblent être : une terrible paresse, une incapacité à retenir ou même lire des nombres dès lors qu’ils sont composés de plus de cinq chiffres, une absence de capacité de visualisation spatiale qui m’oblige à constamment demander mon chemin.

    J’occupe mes journées à être étudiante. Statut béni, qui permet tant le labeur que la farniente. Ma grande capacité de concentration me permet de faire en peu de temps ce que d’autres feraient en de longues heures. En revanche, ma paresse peut me condamner à passer plus de temps à me mettre au travail qu’à travailler. Qu’à cela ne tienne : je suis en voie de terminer des études de lettres, pas prestigieuses mais tout à fait correctes.
    Je suis effrayée en revanche par mon ignorance. Aucune des dates apprises ne m’est restée en tête. La faute à mon handicap cité plus haut. Ainsi, les noms littéraires sont multiples dans ma tête, et connectés à toute une série de connaissances. Mais aucun plan, aucune structure n’ordonne ces noms : dans mon esprit, Aristote (« vieux », me dit ma tête) et Zola (« un peu vieux mais pas trop ») voisinent dans un joyeux bordel. Au fond, peut-être mon handicap tient-il du génie : qui d’autre pourrait les voir discuter ensemble sans qu’aucun obstacle chiffré ne vienne s’interposer ?

    Quelques disciplines ont retenu mon attention au cours de mes études : la philosophie, la linguistique, et la religion catholique.
    Je me rappelle avoir lu, petite, un livre qui demandait : pourquoi la table s’appelle-t-elle une table ? et l’homme, armé de sa scie, disséquait la table, sans y trouver aucun indice d’un T, d’un A, d’un B, d’un L ou d’un E.
    Depuis, Saussure m’a été révélé : le signe est arbitraire : le lien qui unit les mots aux concepts qu’ils désignent n’a de sens que celui qu’on lui donne. On pourrait appeler une table un crocodile et un crocodile une table sans aucun problème s’il en était ainsi depuis longtemps.
    Il n’y a rien dans la nature des choses qui appellent les mots qui les désignent, exception faite des onomatopées, et de certains signes de la langue des signes. Cette révélation fut pour moi une explosion : il ne tient qu’à moi d’appeler justice l’injustice ou armoire la table, puisque rien ne lie les mots et les choses, sinon l’habitude, les conventions. J’ai failli m’égarer dans un univers de sons sans sens, et je me suis reprise.
    Utilise les mots communs dans leur sens commun, si tu veux comprendre et être comprise. Mais les sons, les lettres et les significations ont tissé dans mon cerveau un réseau précieux qui ne m’a jamais quittée et qui, je l’espère, ne mourra qu’avec moi.

    Je suis si fatiguée de moi qu’on pourrait croire que je suis résignée. Il n’en est rien.
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MessageSujet: Re: Eloge de ma folie   Eloge de ma folie Icon_minitimeOctobre 10th 2010, 19:40

Je viens de lire... J'adore Eloge de ma folie 350919

Le style est fluide, les mots précis (j'aimerais pouvoir utiliser autant de vocabulaire, bien qu'aucun terme ne m'était inconnu dans ton texte, je ne pense pas toujours à mobiliser les termes adéquats...) le contenu intéressant. La dernière partie sur le signe, le sens commun, m'a beaucoup parlé (j'ai lu beaucoup de Roland Barthes Eloge de ma folie 589765 )...

Bref, bravo, j'espère que tu partageras d'autres textes Eloge de ma folie 68434
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MessageSujet: Re: Eloge de ma folie   Eloge de ma folie Icon_minitimeOctobre 10th 2010, 21:29

Merci Bella Smile

En fait, j'ai partagé un autre texte : mais c'est un style tout à fait différent...
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