Le vent souffle, la nuit est noire [Rodolphus L.]

Si Zack commençait à vraiment angoisser sur son avenir parce que les BUSE étaient cette année, le blondinet commençait également à en avoir marre de chez lui. En plus, ses parents commençaient à lui mettre la pression pour qu'il commence à grandir un peu mais Zack lui ne voulait pas. C'est pour ça d'ailleurs qu'il partit de chez lui en courant et en claquant la porte de la maison. Comme si ça allait le calmer! Il ne savait pas dans quelle direction il allait mais il finit par arriver à Pré au Lard, après des heures de marche, bien entendu. La nuit commençait à tomber mais Zack s'en fichait totalement. Personne n'allait le forcer à grandir s'il ne le voulait pas. Parce que s'il grandissait, ça voulait dire, commencer à prendre des responsabilités et finir à réfléchir toute sa vie à son avenir, chose qu'il ne voulait pas.

Le garçonnet finit par arriver à la cabane hurlante mais il ne rentra pas à l'intérieur. Il ne pleurait pas non plus, les larmes coulaient à l'intérieur de lui même. En fait, il était profondément blessé par les paroles de ses parents. Déjà d'un, il n'était pas fou, et de deux, il serait capable de se faire passer pour fou s'il le fallait. Personne n'allait donc comprendre qu'il était en âge de se poser toutes les questions sur qu'est-ce que le bien, qu'est-ce que le mal? Que pouvait il faire? En plus, les professeurs s'y mettaient aussi pour mettre la pression. Rien que dans la lettre de rentrée de cette année : "Cette année, les 5ème années auront un entretien d'orientation afin de déterminer leur avenir et leurs options pour l'année prochaine" Pfft, alors là c'était le bouquet final. Surtout que Zack avait commencé à parler de Milo et ça avait été la goutte d'eau qui avait fait débordé le vase. Il avait osé leur dire qu'il voulait suivre l'exemple de son cousin Milo et devenir membre du ministère. Encore heureux qu'il n'ait pas dit Auror. Alors son père, là avait vu rouge et avait déclaré, qu'il avait intêret à suivre ce que lui et Carey avait prévu pour Zack, devenir mangemort. Bien entendu, ça aussi, il avait réfléchi mais là il était perdu.

Le blondinet s'assit sur un rocher et soudain, il craqua. Les larmes coulaient aussi sur son visage, que c'était dur et angoissant, l'avenir. Si seulement quelqu'un pouvait l'aider à faire la part des choses, quelqu'un de neutre, qui saurait le conseiller et l'apaiser...

Lorsque la nuit tombe, les mangemorts quittent leur couverture diurne et s'en vont martyriser à gauche et à droite... ça c'est pour les mangemorts inconnus. Or, il n'était pas bien difficile de savoir que Rodolphus Lestrange était un mangemort : il était connu à travers toute la communauté sorcière comme faisant partie du plus redoutable couple de mangemorts que la terre ait porté : le couple Black-Lestrange. Avec Bella, il avait torturé les Londubat jusqu'à ce qu'ils deviennent tous deux complètement siphonnés. Et ils avaient ri, à gorge déployée, presque à en pleurer...

Oui, c'était cet épisode-là qui avait mené à l'emprisonnement, quatorze années durant, des deux frères Lestrange et de Bellatrix Black.
Alors, en journée, en soirée ou en pleine nuit, le nom de Lestrange était craint. Suffisamment, en tout cas, pour que quelques places se libérassent automatiquement lorsque Rodolphus et/ou Rabastan entrai(en)t dans un bar. Quant à Bella... elle avait aussi la chance de pouvoir profiter du prestige qui allait avec ce nom, bien plus propre que celui de Black.

Ce soir, Rodolphus devait se rendre à Pré-au-Lard pour y retrouver Rabastan et partir ensemble en mission. Oh, la routine, rien d'exceptionnel, juste une mission de reconnaissance, pour voir si le Lord pouvait compter sur certaines personnes pour combattre à ses côtés. Mais voilà, à Pré-au-Lard, Rodolphus ne trouva pas son frère directement. Et comme les téléphones portables n'existent pas chez les sorciers, il était difficile de trouver Rabastan comme cela. Bien décidé à le trouver, Rodolphus entreprit de fouiller le village. Il arriva à la Cabane Hurlante où il y avait de fortes chances que son frangin se trouvât... mais, une fois entré, Rodolphus songea à faire demi-tour : Rabastan ne pleurnicherait certainement pas comme la personne qui se trouvait là. Sortant sa baguette, Lestrange se disait qu'il avait peut-être là une occasion en or de tester un nouveau maléfice de torture...

Zack ravala ses larmes quand soudain, il entendit un bruit. Instinctivement il chercha de tous les côtés sans forcément trouver d'où le bruit provenait. Bah il n'était forcément un expert, et puis il n'en avait pas forcément envie non plus. Le blondinet resta sur son rocher à marmonner tout seul :

Personne ne me forcera à grandir si j'en ai pas envie...

Début de folie? Non, il n'était pas schizophrène mais ça pouvait lui arriver de parler tout seul. Le garçonnet sortit sa baguette et fit apparaître un brin de lumière car la nuit tombait et que rester dans le noir d'un lieu peu connu était quelque peu dangereux. Ses parents devaient sûrement le chercher mais là pour le moment, ce n'était pas vraiment son souci principal. Zachary était seul, non pas seul au monde non plus, mais il n'avait plus de modèle à suivre. Il voulait suivre les traces de Milo mais apparement ce n'était pas vraiment une bonne idée vu la réaction des parents. Mais alors, qui pouvait il bien suivre? Il ne savait pas. Il devait vraiment être tard et vu le physique de Zack, qui lui donnait un air de quelqu'un qui n'était même pas encore à Poudlard (peut être bien aussi pour ça qu'il ne voulait pas grandir), il pouvait très bien tomber sur n'importe qui de mal attentionné, que ce soit auror, créature ou même mangemort.

Il se leva enfin de son rocher et comme il ne voulait pas entrer chez lui, il voulait aller dans la cabane hurlante mais bien entendu, l'accès était vérouillé et il fallait un sortilège que Zack ne connaissait pas encore pour l'ouvrir alors il resta, tout penaud, devant. Tant pis, il dormirait dehors pour cette nuit. Le petit garçon retourna alors à son rocher et il s'y assit de nouveau. La vie pouvait parfois être cruelle pour certain, mais comment devenir dans un monde qui était incertain? C'était la question que se posait le blondinet...

Des pleurnichements ou plutôt... des sanglots rageurs. Voilà le bruit qu'entendait Rodolphus. S'ensuivit une phrase qui sembla pleine de sens et terriblement idyllique simultanément. Et cela venait de dehors.
Qu'à cela ne tienne. Lestrange n'aimait pas ne pas savoir à qui ou à quoi il avait affaire. Brandissant sa baguette vers la porte de la cabane hurlante, il fit jaillir de l'aubépine un rai de lumière opaline qui ouvrit la porte à la volée, dévoilant la silhouette, petite et blonde, d'un jeune garçon dont le visage était quelque peu familier au mangemort.

"Tiens, Mister Mills..." Steven avait des jumeaux. Utiliser le nom de famille permettait à Rodolphus d'être sûr de ne pas se tromper. "Alors... on prépare quoi ? Une sortie ici dès la rentrée à Poudlard ?"

De la réponse de l'adolescent jaillirait la lumière : les jumeaux étaient aussi différents de caractère que Rodolphus et son propre frère l'étaient. Il suffisait d'un peu de jugeote et d'observation pour savoir s'il était face à Cody ou à Zachary.
S'écartant d'un pas, Lestrange laissa le passage libre vers l'intérieur de la cabane.

"Bon, tu entres ou on fait des gaufres ?"

Rodolphus jetait régulièrement des regards à l'entour. Il ne tenait pas à ce que des gens du village puissent se rendre compte que cette satanée cabane hurlante n'avait rien de hanté et qu'elle pouvait servir à toutes sortes de choses pas très catholiques...

"Tiens, Mister Mills...Alors... on prépare quoi ? Une sortie ici dès la rentrée à Poudlard ?"

Zachary sursauta en entendant la voix masculine. Il regarda autour de lui avant de voir de la lumière et quelqu'un qu'il ne distinguait encore pas bien. Le blondinet répondit alors :

Non.. je suis parti de chez moi...

Zack se serait volontiers donner une claque pour raconter sa vie à un inconnu. On ne doit pas parler aux inconnus, c'est bien ça que Carey n'arrête pas de répeter aux jumeaux. Mais Zack désobéit volontiers aux règles. Il avait été toujours comme ça et il n'allait pas changer maintenant. C'était bien pour ça qu'il s'était enfui de chez lui. Il ne voulait pas changer, et il ne voulait pas grandir. Puis l'homme fit de l'humour et cela rassura un peu notre blagueur en chef, alors il riposta:

Ah j'en veux bien avec du nutella!!!

Cela le ragaillardit un peu. Et il s'approcha de la cabane pour voir... un habitué des réunions de son père. Mais son nom, il n'arrivait plus à le remettre, tant pis. Il regarda l'homme et il ajouta:

Je veux pas retourner chez moi....

Parti de chez lui? Mais quel âge avait-il, déjà? Il était mineur, ça c'était sûr... Rodolphus constata, non sans un petit sourire caché par l'obscurité dans laquelle il se trouvait, que ce devait être une fugue. Le jeune Mills, parti de chez lui... En plein été, ça devrait aller. Il pouvait même dormir sous un pont, il ne risquerait pas d'attraper une pneumonie, tout au plus un bon rhume.

La petite remarque humoristique du mangemort sembla dérider l'adolescent - qui, dès lors, apparut comme étant le jumeau qui ressemblait le plus à Rabastan - qui finit par s'approcher de la cabane hurlante en annonçant qu'il préférait éviter de rentrer chez ses parents.

"Je ne suis pas ici pour te ramener chez toi. Mais entre, par Salazar ! Qui sait qui peut rôder par ici... !"

S'il y avait des Aurors dans le coin, par exemple, Lestrange pouvait faire une croix sur une petite soirée tranquille. D'ailleurs, même sans Auror : trouver un jeune garçon en fugue n'était certainement pas ce à quoi s'était attendu le Mangemort en venant à Pré-au-Lard ce soir !

"Je ne te ferai pas la morale, promis."

L'homme s'écarta, se plaçant dans l'ombre. Non, il n'allait pas faire la morale à Zachary - ça y est, il en était sûr, ça ne pouvait être que lui ! -, tout simplement parce qu'à son âge, Rabastan aurait détesté cela. Et lui-même, bien que plus sage et plus discipliné que son cadet, n'aurait guère apprécié cela.

Zack ne pensait pas du tout que c'était stupide de fuguer pendant l'été, en fait, il s'en fichait que ce soit été ou hiver. Il n'avait rien pris dans son sac à dos, juste un paquet de gâteau et une bouteille d'eau. Il n'avait même pas prévenu son jumeau mais ce n'était pas ça le plus important. Il s'approcha encore plus pour voir l'homme mais il ne savait toujours pas mettre un nom dessus. Peu importe, il répliqua alors avant de retrouver:

C'est l'enfer chez moi alors il ne pourrait pas arriver quelque chose de plus pire que ça..

Il entra de tout de même. L'homme lui disait qu'il ne lui ferait pas la morale. Encore heureux, mais au fait à qui il s'adressait, là? Il n'aimait pas ne pas savoir à qui il avait affaire. Il repensa quand même un peu à ses parents qui devaient être mort d'inquiétude et il eut un léger pincement au cœur. Mais ce n'était pas pire que de ne pas savoir faire de son avenir. Alors quelle solution lui restait? Ni le bien, ni le mal, mais faire croire à une quelconque folie, mais ce ne serait pas très sympa pour les gens qui étaient réellement malade en fait.

Je ne veux vraiment plus rentrer chez moi, et je ne veux plus retourner à Poudlard non plus...

Non mais qu'est-ce qu'il prenait au blondinet? Jamais il n'avait encore pensé ça mais là, en fait, il croyait que ce serait la meilleure des solutions, s'il arrêtait d'aller en cours, non?

Cet adolescent était en pleine crise. Crise de quoi ? bonne question. Avec les jeunes de quinze ans, c’était généralement assez difficile à savoir. Avec ses propres parents, Rodolphus n’avait eu que peu de moments de crise. Peut-être parce qu’il avait toujours eu tendance à être plus posé et plus réfléchi que son cadet… qui lui avait multiplié les prises de bec avec Martelan Lestrange, surtout, car Mary-Liz avait le don de calmer le jeu, d’emblée. Chose que l’aîné des frères Lestrange avait appris à faire aussi, à sa manière, pour permettre à son frérot d’échapper à une engueulade qui était évitable. Pourquoi est-ce que cela ne se passait pas aussi bien partout, dans toutes les familles ? Chez les Mills, les enfants étaient suffisamment différents pour permettre ce genre d’arrangement tacite, non ?

"Tsss, tu n’as pas idée de ce qui se passe autour de toi, Zachary… Le monde magique est plein d’ennemis et les personnes de confiance se font rares. Seuls des idéaux peuvent perdurer… Assieds-toi."

Le Mangemort poussa du bout du pied une caisse de bois ayant très certainement servi à ranger quelques bouteilles de bièraubeurre… quelques années plus tôt. Mais bon, dans un tel endroit, il ne fallait pas s’attendre à un fauteuil Henri IV non plus. Lui-même redressa une caisse similaire et y posa les fesses. Rodolphus sortit un cigare cubain d’une poche interne de sa veste et l’alluma d’un coup de baguette tandis que le jeune adolescent continuait à s’expliquer.

"Tu fumes ?"

Voyons… à quinze ans, l’aîné des Lestrange avait déjà fumé à plusieurs reprises. Peut-être qu’il devait proposer un cigare à son interlocuteur ? Bah oui, pourquoi pas ? Il n’avait rien à perdre, lui, dans l’histoire, après tout. L’homme tendait un cigare à Zack. Sur la main du Mangemort, au majeur, plus précisément, la chevalière aux armoiries de sa famille eut comme un reflet lorsque l’homme se pencha, sans nul doute un reflet dû à l’extrémité rougeoyante du cigare.

"Et tu veux aller où ? Azkaban n’offre aucun confort, je peux en témoigner. Sauf si tu aimes les détraqueurs et leur fâcheuse manie de toujours vouloir t’embrasser…"

L’humour avait fonctionné, plus tôt, alors l’homme continuait sur cette voie, en se disant que parler du pire pourrait peut-être aider le jeune garçon à se rendre compte qu’il avait fugué d’un véritable cocon. Confort, amour et protection. Il leur faut quoi, aux gosses, en plus de tout ça ? Lestrange n’en savait trop rien. À quarante-quatre ans, on n’a pas forcément de souvenirs clairs et précis de notre adolescence. Hormis quelques trucs inoubliables, bien sûr… mais ils ne sont pas légion.

"Je ne vais pas te proposer de t’héberger, Zack. Bellatrix déteste avoir des invités surprise… et je ne suis pas certain que ce soit la meilleure solution."

Lestrange tira une bouffée de son cigare et croisa les pieds loin devant lui. Il laissa la fumée s’insinuer dans sa trachée, puis dans ses poumons, avant de la recracher, doucement, en un fin jet de fumée pâle faisant penser à une baguette rectiligne et dense.

"Que s’est-il passé, Zachary ?"

» Le vent souffle, la nuit est noire.
» Juste cette voix dans la nuit noire
» Autant en emporte le vent ...
» Où nous emportera le vent. [Pv Edward]
» Allez viens, jt'emmène au vent ♪