La soirée battait son plein. Tout le gratin sorcier ou presque était là. Le champagne sorcier coulait à flots, les petits fours circulaient sur des plateaux en or portés par des elfes discrets. Dans un coin, des musiciens jouaient un air entraînant et sur la piste de danse valsaient des couples aux tenues chatoyantes. Lucius et Narcissa avaient été conviés au traditionnel gala de charité, et ironie du sort, l'organisateur de la soirée leur avait appris que les dons récoltés ce soir-là permettrait d'ouvrir une salle supplémentaire à Sainte Mangouste un peu à l'écart, une salle de soins spécialement destinés aux moldus blessés par magie … Le Ministre leur avait présenté le guérisseur qui serait nommé à la tête de ce service. Elle avait oublié le nom du sorcier, s'étant contentée d'incliner la tête en guise de salut à son égard. Pour s'occuper de moldus nul doute que l'homme aux favoris roux devait être d'ascendance moldu et pas question pour elle de se salir en lui serrant la main ! Un sourire sur les lèvres, elle paraissait pourtant enchantée de ces présentations. L'hypocrisie était un art qu'elle cultivait avec soin ...
Lucius avait entraîné Narcissa sur la piste et la faisait tournoyer avec grâce. Elle croisa le regard de son époux et esquissa un petit sourire, ce fut la seule marque d'affection qu'elle laissa échapper. Ils étaient en public et pas question de laisser transparaître quoique ce soit. Elle observa Lucius, il paraissait fatigué et soucieux, oh bien sûr pour un observateur extérieur, rien ne se laissait voir, mais elle avait appris à reconnaître le moindre signe chez Lucius et ce regard un peu moins étincelant, cette fine ride sur la tempe : elle savait que quelques chose le travaillait ... Elle retint pourtant un soupir et ses questions. La danse se termina et Lucius ramena Narcissa sur le côté de la piste. Il l'observa un instant de son regard acier, c'était ce genre de regard qui la faisait fondre. Elle sourit de nouveau et voyant que son époux s'apprêtait à parler, elle devança sa question.
- Je vais bien, ne t'inquiète pas ! Murmura-t-elle. Je suis encore en état de profiter de cette soirée …
Elle passa alors une main sur son ventre, aux rondeurs pas encore trop visibles. Visiblement rassuré, Lucius n'ajouta rien. Il se pencha vers elle et se proposa pour aller chercher des boissons. Narcissa hocha de la tête.
- En t'attendant, je vais aller faire un tour dehors … j'ai chaud … Retrouvons-nous sur la terrasse.
- Très bien …
Cissey observa un instant son époux s'éloigner et quand elle le vit se faire happer par un ponte du commerce magique, elle sut qu'elle allait devoir l'attendre plus longtemps que prévu. Elle fit demi-tour et se dirigea vers la porte-fenêtre. La terrasse était illuminée de bougies qui flottaient doucement au-dessus du sol et la magie des lieux protégeaient l'endroit du froid et la neige qui régnait à l'extérieur. Elle alla s'appuyer contre la rambarde. De là, Cissey pouvait admirer la Tamise et les lumières de Londres qui étincelaient dans la nuit. Cissey contempla les eaux sombre et la ville qui ne dormait pas … Tous ces moldus de l'autre côté de la rive, des brutes et des barbares … Il était vraiment temps que le Seigneur des Ténèbres règne sur le monde magique et les débarrasse de cette vermine. C'était une offense à bannir à jamais ! A choisir, elle voulait que son bébé qui grandissait dans son ventre, ne connaisse rien de ces vermines … Mais bien sûr, cela sous-entendait que Lucius aille en mission encore et encore … et qu'elle, elle passe nuits blanches sur nuits blanches à s'inquiéter pour son époux. C'était son rôle à elle, attendre le retour de son époux. Elle ne se voyait pas comme sa soeur, à arborer la marque noire sur son bras et à aller tuer du moldu et du traître. Non, sa place, en tant que bonne épouse et bientôt mère de famille, était au foyer à tout superviser à tout régencer pour que Lucius n'ait rien à faire en rentrant.
Elle fut soudain sortie de sa rêverie en entendant des voix non loin d'elle. Elle n'avait pas pris garde qu'elle n'était pas seule sur la terrasse de marbre blanc. Deux jeunes filles d'environ vingt ans gloussaient non loin d'elle. Mais d'un autre côté, pourquoi les aurait-elle remarquées ? Quelconques, sans être jolie... Elle détourna le regard, ne s'en intéressant déjà plus. Pourtant, elle prêta l'oreille à leur conversation. Quelques mots avaient attirés son attention, parmi lesquels figurait le nom de mari, ce qui semblait faire glousser encore un peu plus les deux sorcières. Avec une démarche altière, Narcissa se rapprocha des deux jeunes filles.
- Ainsi vous souhaitez … comment avez-vous dit, déjà ? Ah oui … mettre Lucius dans votre lit ?
Les deux sorcière sursautèrent en voyant Narcissa approcher, bien droite et digne. Elle posa un regard dédaigneux sur les deux filles qui la dévisagèrent sans vergogne. Cissey eut un petit sourire narquois.
- Oh, excusez-moi … Nous n'avons pas été présentée … Narcissa Malefoy …
Pleine de morgue,elle inclina légèrement la tête. Une des deux petites écervelées fit un pas en arrière tandis que l'autre blêmit légèrement. Cette dernière tenta de se défendre.
- Ce n'était que des paroles en l'air … C'est pour rire …
- Rire ? Eh bien, vous avez un sens de l'humour plutôt douteux … rétorqua Cissey.
Les filles allaient ajouter autre chose, mais Narcissa les interrompit.
- Plus un mot !
Le regard noir, le visage sévère, Cissey sortit sa baguette. Malgré ses airs angéliques, elle se montrait redoutable lorsqu'il s'agissait des siens. Et ces deux petites véracrasses allaient apprendre qu'on ne riait pas de n'importe quoi !
-Mais ?!
Narcissa écarquilla légèrement les yeux. Et de sa baguette jaillit un silencion informulé qui réduisit bel et au bien au silence la petite rouquine. Son amie n'osa plus rien dire ni même bouger.
- Bien, maintenant que j'ai toute votre attention, il serait temps de mettre les choses au clair !
Le ton était calme et froid, Cissey restait impassible en toute circonstances, mais ce n'était pas pour autant que la colère ne l'avait envahie. Oui, la petite rouquine, celle qui avait clamé mettre son époux dans son lit méritait une leçon... Pas une leçon de morale, non Cissey était partisane de la pratique. Les discours moralisateurs, elle savait très bien qu'ils ne marquaient pas les esprits … du moins pas autant qu'un acte ! C'était une chose que sa chère mère lui avait apprise.
Un éclair violet jaillit alors de la baguette de Cissey et frappa la cheville de la sorcière. Il y eut un craquement sinistre et nul doute que sans le silencio, la gourgandine aurait laissé échapper un hurlement, mais seules des larmes coulèrent silencieuses sur sesjoues.
- Bien … Dois-je continuer ou est-ce suffisant pour vous ôter cette idée saugrenue de votre cervelle de véracrasse ?
Elle observa avec superbes la sorcière blessée soutenue par son amie.
- Encore une petite chose … Bien entendu, si j'entends parler d'échos de ce qui s'est passé … je risque de m'énerver réellement … Et puis réfléchissez un peu … Qui ira-t-on croire ? Deux gourgandines à l'esprit de véracrasse ou Madame Malefoy ?
Le silence régna quelques secondes avant que Cissey ne conclut.
- Si par malheur, j'entendais tout de même parler de ceci, nul doute que les conséquences seraient plus … douloureuses … Et maintenant disparaissez … Sainte Mangouste n'est pas très loin … Ce n'est qu'une cheville à réparer …
Les deux filles filèrent sans demander leur reste et Cissey rangea sa baguette. S'il y avait bien quelque chose qu'elle ne supportait pas c'était qu'on manque de respect à Lucius ou à elle, qu'on porte atteinte à la respectabilité de sa famille …
La sorcière reprit la contemplation de la Tamise. Des pas résonnèrent tout à coup, des pas familiers qui arrachèrent un sourire à l'aristocrate.
- Désolé pour l'attente, s'excusa Lucius.
Narcissa se retourna et lui sourit. Elle attrapa le verre à souhait qu'il lui tendait et un jus de citrouille à la violette apparut dans le cristal. Elle avala une gorgée et sourit de nouveau à son époux
- Ce n'est rien …
- Ca a été ? Lui demanda Lucius.
- - Très bien …
Oui, tout avait été ...