Me, Myself, I... et les autres

Du plus loin qu'il m'en souvienne, Rodolphus a toujours été là. Le modèle que je me devais de suivre, d'imiter, sans chercher pour autant à l'égaler. Mon frère est inégalable. Nous avons grandi ensemble, c'est lui qui m'a tout appris, et notre lien est fort, indestructible. Nous nous complétons, lui et son cerveau, ses plans et son talent, et moi, ma baguette et mes muscles. Il n'y a rien que je ne ferais pour lui et s'il me demandait de me foutre au feu, j'irais sans me poser de questions, parce que lui sait pourquoi il me demande ça. Et même s'il est marié, nous restons proches et grâce à ça le monde nous appartient.

Ma belle-soeur. La femme bien aimée de Rodolphus. Mon frère ne jure plus que par elle, au point que, dans les premières années de leur mariage, j'étais jaloux d'elle et de la place privilégiée qu'elle avait prise dans le coeur de Rodolphus. Il m'a fallu longtemps pour l'estimer et l'accepter, mais j'ai bien dû m'incliner face à son talent, sa cruauté rafraîchissante, sa passion pour la cause... Je n'aime pas Bellatrix, mais je la respecte et je l'admire. Et puisque mon frère l'aime, et bien ma foi, je n'ai plus qu'à me taire...

Je dois l'admettre, contrairement à mon frère, je n'ai rien d'un idéaliste. Et si je crois fermement qu'il faut éradiquer les sang-de-bourbe, Moldus et autres traîtres à leur sang, c'est moins au nom de grandes idées que pour des raisons très terre à terre telles que mon dégoût viscéral pour les êtres inférieurs. Mais les Mangemorts offrent la possibilité d'allier les plus idéalistes aux plus pragmatiques d'entre nous, et prêter allégeance au Seigneur des Ténèbres s'est avéré de loin ma meilleure façon de s'assurer que les races impures disparaissent le plus rapidement et le plus efficacement possible. Entré dans leurs rangs d'abord pour suivre mon frère, j'ai ensuite été séduit par les théories professées, et la chute du Maître a été sans nul doute un coup dur. C'est pour me passer les nerfs que je me suis joint à Rodolphus et Bellatrix pour torturer ce couple, là... les Long machin... Londubat, c'est ça. Quinze ans de taule pour ça, où va le monde, je vous jure ? C'est pas comme si on les avait tués, non plus... Enfin bon, avec le retour du maître, les choses vont peut-être un peu bouger... Il serait temps !

Il y a longtemps que Tisiphone et moi nous connaissons. Des sièges de la salle commune aux rangs des Mangemorts, bien des années se sont écoulées, et bien des évènements se sont produits. Rodolphus était l'ami de son mari, Daëron, et moi, j'avais été le sien. Je ne sais pas consoler, je ne sais pas soutenir. Mais je sais procurer un instant d'oubli, le temps d'une heure ou d'une nuit. Le sexe, le contact des corps, c'est le seul réconfort que je puisse lui apporter. Quand Tisiphone débarque, le reste dégage, manu militari s'il le faut, elle passe en priorité. Et elle sait qu'elle peut passer n'importe quand. On n'est pas un couple, pas même un plan régulier. Je me vois plus en "somnifère de secours" les soirs d'insomnie. Pas d'exclusivité, chacun vit sa vie dans son coin. Notre relation est une des rares choses que je tais à Rodolphus, des fois qu'il essaierait de nous caser... (Il n'a toujours pas assimilé le fait que moi, le mariage c'est niet !) Mais soyons clairs : le premier qui lui fait du mal, j'en fais de la pâtée pour dragon édenté. Et si je tombe sur celui qui a tué sa famille... même les Londubat auront l'air sains d'esprit à côté.

Ah, ma divine Perséphone... Encore que dans son cas, le terme "divin" est passablement ironique, pour une vampire... Amie millénaire de ma famille, Perséphone a, selon la légende familiale, eu un jour l'immense amabilité d'éviter à l'un de mes ancêtres de servir de combustible pour un feu de la Saint-Jean. Ce qui fait de notre famille ses débiteurs. Soit. Du plus loin qu'il m'en souvienne, j'ai toujours connu Perséphone, et j'ai même eu l'occasion de la connaître intimement quand j'avais une vingtaine d'années. Une flamme de jeunesse, que je me suis vu contraint d'éteindre quand elle est partie, un beau jour. Je ne cache pas que je lui en ai un peu voulu sur ce coup-là, mais enfin, je suppose qu'il faut s'y faire. Maintenant encore, on ne peut pas dire que notre relation soit simple. J'ai pour elle beaucoup de tendresse, et je la soupçonne de nourrir une certaine réciprocité, nous nous connaissons par coeur... Mais enfin ce n'est pas l'amour fou, non plus. Nous ne sommes plus que de vieux amants. Et puis elle a le don de me contrarier : voilà des années que Rodolphus et moi essayons de la convaincre de rejoindre nos rangs, et il n'y a pas moyen de décider cette tête de mule !

Texte décrivant la relation

Texte décrivant la relation

L'être humain est un animal social. Attention, je n'ai pas dit "sociable", ça c'est une notion qui se discute. Quand on fait partie d'un troupeau - et les Mangemorts sont, d'une certaine façon, un troupeau - on se doit de fréquenter les autres membres. Disons que ça fait partie des choses qui se font. C'est comme ça que j'ai rencontré Zack. Le fils de Steven Mills, l'un de nos "confrères". Un gamin qui, d'après Rodolphus, me ressemble au même âge. S'il le dit. Peut-être qu'on arrivera à en faire quelque chose de potable qui sait ? Il a l'air prometteur.

On va encore me taxer de machisme, alors je le dis tout de suite, non, je n'ai rien contre les blondes. J'ai connu des blondes très bien, certaines mieux que bien des brunes - même si j'ai un faible pour les brunes, mais là n'est pas le sujet. Tout ça pour dire que je n'ai aucun a priori sur cette gamine - ou plutôt que mes a prioris ne reposent pas sur sa couleur de cheveux. Mais bon, on ne va pas dire qu'elle m'ait parue excessivement... enthousiasmante. Ses parents penchent de notre côté, après, moi je ne la connais pas plus que ça, hein...

Texte décrivant la relation