Oh my god, guy, I think I love your back! [Fe]

Vous savez quelle est la tenue adéquate pour les soirées de déprime ? Non ? Et bien, Kiara est une pro dans la matière. Le Lundi, c'est pyjama rouge composé d'un haut à manches courtes et d'un bas large, sans oublier les chaussons hyper confortables de couleur blanche. Le Mardi, on opte pour les couleurs sombres avec une tenue des plus banales : débardeur long et mini-short. Le Mercredi, vu que c'est le milieu de la semaine, on se fiche de la tenue et on va simplement se coucher comme on est rentré. Le Jeudi, pull violet à motifs et jean décousu. Et Jeudi, c'était aujourd'hui.

Mais pourquoi donc parler de déprime ? Parce qu'elle n'allait pas bien, c'est tout. Après l'épisode McKee, elle n'avait pas réussit à avoir UNE SEULE touche. Elle tentait diverses approches, mais à chaque fois, la personne en face lui proposait d'aller aux toilettes pour « s'amuser ». Ou alors, elle s'imaginait que la personne proposait cela... Elle avait dû subir une sorte de choc post-traumatique, alors que pourtant, c'était elle la tortionnaire, non la victime. Elle était censée fêter sa victoire sur Elliot... A croire qu'il était à ce point pitoyable pour qu'elle s'en veuille d'avoir empirer son cas. Non, elle ne s'en voulait pas ! C'était lui, qui gâchait à présent sa vie sociale. Maudit retournement de situation.

Quand on s'imaginait qu'en vingt-sept ans, c'était l'une des rares périodes où elle était incapable d'approcher un homme sans tout faire foirer, elle avait de quoi se sentir inutile, nulle, stupide et tout autre qualificatifs désagréables à entendre en temps normal. Affalée dans le fauteuil de la chambre, le saladier de chips posé sur la table basse avec la bière qui l'accompagnait, la sorcière n'avait rien trouvé de mieux qu'un film d'horreur pour se remonter le moral. Le sang, les cris, la douleur des personnages qu'incarnaient les acteurs lui redonnaient souvent le sourire. Non, elle n'était pas affreuse ! Elle était juste comme toute sadique qui se respecte ! Et puis ce ne sont pas vos affaires, chacun à sa propre manière de se sentir mieux. Certains mangent des tonnes de glaces ou de Nutella, d'autres se lamentent des heures au téléphone à leurs psychiatres, alors que de rares se morfondent en compagnie de leurs animaux de compagnie pendant que le reste va se payer les services de "professionnels" pour oublier le reste. Tout le monde est différent, c'est aussi simple que ça.

Puis soudainement, alors qu'un hurlement retentit dans l'écran de télévision moldue, elle eut envie de faire un gâteau. Non, une tarte aux pommes. Mais ce n'était pas chose facile quand on loue une chambre dans une taverne de Pré-au-Lard. Passant une main dans ses cheveux, tout en vidant ce qu'il restait de sa bouteille, elle se rendit jusqu'à la fenêtre et passa un regard circulaire sur la rue déserte qui s'étalait devant ses yeux. Cela faisait déjà un bon moment qu'elle avait entamé sa soirée spéciale « j'ai un coup de blues, oui et alors ? », et elle n'était pas certaine que des magasins soient encore ouvert à cette heure, la nuit étant déjà tombée. Elle ne prit même pas la peine de se changer, gardant sa tenue qu'on pourrait qualifier de... qu'on ne pourrait pas qualifier, et s'appliquant simplement à brosser ses cheveux bouclés, dont elle avait diminué la longueur, avant de sortir de l'auberge. Elle avait longuement hésité, s'arrêtant près du bar, mais s'était dit qu'il était préférable de ne pas craquer et de s'arrêter à l'idée de faire sa tarte.

Le temps n'était pas particulièrement froid, juste un léger vent qui ne la dérangeait pas. Ses mains et sa baguette dans les poches, l'idée de transplaner dans le centre londonien ne lui vint même pas en tête, alors qu'elle commençait lentement mais sûrement sa marche nocturne. La lune éclairait suffisamment l'endroit pour qu'elle ne se prenne aucun poteau au passage et qu'elle ne se cogne contre personne... Ce qui aurait été dur vu qu'elle était la seule assez courageuse pour s'aventurer dehors dans le noir. Enfin la seule, c'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'elle entende comme une voix, lointaine tout en étant proche. Pas méfiante du tout – ou alors trop sonnée pour se dire qu'elle avait une chance sur deux de se retrouver face à un serial-killer en pleine séance de torture – elle s'engagea dans l'une des ruelles sombres, toujours de cette allure décontractée. On pouvait aisément la qualifier d'inconsciente, pour le coup.

Elle se retrouva face à un homme, de dos. Et là, ce fut le coup de foudre. Elle se jeta sur lui, ils passèrent une nuit passionnée, se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, fin. En réalité elle resta plusieurs secondes à ne pas bouger, trop étonnée d'avoir des pulsions si soudaines. Non, ne vous ramenez pas avec vos pensées perverses, pour une fois elle n'avait pas des idées qui s'aventuraient aussi loin. S'approchant silencieusement – même si elle manqua de trébucher trois fois avant d'arriver à hauteur de l'inconnu – elle ne lui laissa pas le temps de se retourner pour l'attaquer qu'elle lui sautait sur le dos, à la manière « fifille à son papa dans le parc d'attraction ». C'était pitoyable, mais elle se collait à lui comme s'il était son dernier espoir, ne lâchant pas son coup, surprise malgré cela de ne pas déjà être morte d'un Avada vu la stupidité de son geste pas du tout calculé.

''Ne bougez surtout pas ! Je sais pas qui vous êtes et vous me connaissez sans doute pas non plus ! Mais j'adore votre dos alors bougez pas. J'ai juste besoin d'un câlin, là....''

Inconfortable comme position, elle ne savait elle-même pas ce qui la prenait. Elle avait à ce point été pitoyable ces dernières semaines ? Elle avait l'impression d'être Elliot au féminin, et ça l'effrayait affreusement.

''Je vous en prie m'emmenez pas à l'asile ! J'ai été maltraitée ces derniers jours, j'y peux rien si je suis devenue folle ! Aidez moi, je vous paierais !''

MON DIEU ! Si là, il ne la prenait pas pour une sorcière prostituée en manque de clients !