Est-ce que tout va bien ? [FE Joy]

Depuis quelques jours déjà, il ne se sentait plus bien. Perte de l'appetit, maux de têtes, fatigue constante. Et sans compter l'immense flemme qui le parcourait : il ne voulait plus rien faire. Même l'idée de rire ou d'aimer passait bien au-dessus de lui... Il ne cessait jamais de remettre ça sur le tapis, mais il était revenu d'entre les morts. Peut-être que la notion de joie lui était devenue inconnu, étrangère. Il ne la connaissait plus. Alors il ressentait ça comme une dépression. Comme si sa vie avait disparu, du jour au lendemain. Un effet contraste. La sublimination d'avoir une deuxième vie, parallèle à la première, même souvenirs, même regrets sans aucune émotion. Son premier amour, sa première fois, sa dernière lubie, l'unique surprise à la vue de Poudlard, les yeux refletant l'âme de l'enfant si innocent de ses plus proches amis... Il n'avait plus aucune idée de ce que cela pouvait être... Il avait beau passer des heures à Square Grimmaud à se creuser et à frapper les murs, il ne se rappelait pas. Même la tristesse ne lui venait plus à l'esprit. Il était totalement désamparé. Etait-ce un effet magique, chimique ou tout simplement naturelle ? Une renaissance tel que sa vie d'avant ne doit plus compter ? Ou tout simplement l'oubli inconscient de ce qui l'a conduit à l'inévitable ? Sirius s'asseya sur son lit. Les sourcils fronçés, le torse bombé, le front plissé, les mains sérrés autour de sa taille, la respiration haletante... Il reflechissait... Il soupirait, soufflait, avait de plus en plus de mal à expirer quand soudain il se releva. Durant, cette intense reflexion, il avait pris une décision : puisqu'il ne trouvait pas lui-même son mal, autant aller consulter un spécialiste. Il avait toujours trouvé que les médicomages ne servaient pas à grand chose : ils étaient toujours là pour ton bras cassé mais avant, pendant et après le champ de bataille, aucuns volontaires. Autrement dit, en ce qui le concernait, niveau courage... Il les appréhendait d'une façon peu respectueuse. Cela dit, il n'avait guère le choix. Ce n'était pas en restant enfermé dans sa chambre comme une ado de quatorze ans qui vient de rompre qu'il ira bien loin !

Déterminé, il prit sa veste préférée puis ouvrir la porte. En deux trois mouvements, il était dehors, à une heure plutôt tardive, prêt à transplaner. Il fallait qu'il prenne ses précautions. Aucun moldu ne devait le voir. D'ailleurs, il était vrai qu'il n'en avait rien à faire mais se faire remarquer était extrêmement punis par le Ministère... Déjà qu'avec son retour, il avait foutu un véritable cauchemar administratif en oeuvre pour les gratteurs de papiers alors si en plus il devait leur en donner plus pour infraction nuisant à la sécurité du Monde Magique... Bref, peu importe. Il n'y avait définitivement personne qui pouvait le voir de là où il était. Il s'évapora, tout simplement, sans bruit.

Il arriva devant la vitrine de Purce & Pionce. Il détestait cette façon d'entrée. Surtout dans un hôpital. Un jour, il leur enverrait une lettre pour leur demander de changer ça... Question d'esthétique. Mais il verrait ça plus tard. L'animagus s'approcha donc du mannequin, chuchotta quelques paroles. Quelques secondes après, il traversa la vitre et se retrouva à l'intérieur de la clinique. Etrange. La dernière fois qu'il était venu, ça semblait un peu moins... moldu comme endroit. Ca devrait être ça la "modernisation" dont il avait entendu parler. Quelle invention comique...
Bon, au lieu de critiquer la décoration, il ferait mieux d'accomplir ce pour quoi il a atterit ici. Il s'avança vers la reception. Il s'accouda au comptoir, passant la tête par dessus pour voir à qu'il avait à faire. Oh non, elle était encore là elle... Il avait horreur des secrétaires. Mais celle-ci, c'était vraiment un cas. Quelle blondasse.

SIRIUS: Excusez-moi...

La receptionniste leva les yeux, ses petites lunettes de bibliothécaires tombant sur ces lourds cernes. Elle ne prêta aucune attention à ce qu'il venait de dire. Sur ce coup, il s'en rappellait très bien et sa mémoire ne l'avait pas trompé : elle était pire qu'un vieux gobelin ! Comme si c'était possible, oui. Il soupira un instant. Puis haussa le débit de sa voix.

SIRIUS: Auriez-vous l'amabilité d'appeler un médicomage ?
RECEPTIONNISTE: Vous avez un rendez-vous ?

Avait-elle répondu, aussi mesquine et narquoise que possible. S'il avait un rendez-vous, il s'embêterait pas à passer par elle ! Tant pis. Il repartit, essayant de ne pas s'énerver. Ca le tourmentait tout ça. Oh et puis il trouverait bien un médecin tout seul. Ce n'est certainement pas Ste-Mangouste qu'il en manque. Il prit immédiatement les escaliers et monta étage par étage, visitant chaque recoin des spécialisations. "Blessures par crétaures vivantes"... Non, ce n'était pas pour lui. "Virus et Microbes Magiques" arpentait une drôle de notion mais il n'était pas plus atteint d'une bactérie que Dumbledore avait femme et enfants. "Empoisonomment par potions et plantes" aurait pu convenir, qui sait, mais tout bien reflechit, un jardinier n'aurait pas pu faire l'affaire. Il monta un étage de plus pour se retrouver aux "Pathologies des sortilèges". Des quatres, c'était le plus probables. Il traversa le hall, regardait autour de lui. Qui aurait pu croire ça ? Il avait plus de monde qu'au ministère. Sirius aurait pu parier que dans cette foule se cachait, pour les trois-quarts, des bureaucrates en folies... Prêt à faire une orgie de papiers officiels... Il écarta la foule sur son passage et fixait chaque humanoïde et créateure se trouvant sur son passage. Qui pourrait lui venir en aide ?

Quand soudainement, une jeune femme passa en un éclair. Il parlait sérieusement parce qu'une lumière l'avait éblouit alors que celle-ci quittait son office. Elle avait l'air d'être une médicomage, il supposait qu'elle en était une et son flair de chien lui suggérait également qu'elle en était une. Donc elle était une, aucun doute possible. Et comme aucun autre candidat ne se présentait pour le moment, il n'avait guère le choix. Il la suivit, essaya vainement de l'interpeller mais parmis ce brouhaha, les sons sortant de sa bouche n'étaient que vent. Voyant qu'elle accélerait, il augmenta le pas jusqu'à arriver près d'elle. Evitant soigneusement les malades et les visiteurs qui se dréssaient sur son chemin, il lui aggripa le poignet.

Une autre lueur l'éblouit. Une demi-seconde plus tard, il se retrouvait dans un parc. Il le connaissait. Il observa les arbres, les feuilles, l'herbe. Les personnes autour de lui étaient trop flou pour qu'il puisse les reconnaitre mais au loin, il reconnaissant l'édifice. Poudlard, la fière école de sorcellerie. Il entendait des chuchotements, le bruit sourd des fines vagues du lac, quant à la brise, elle lui chatouillait la joue. Il ressentait tout ça. Comme si c'était réel. Il écoutait tant bien que mal les conversations des élèves demeurant inconnus à ses yeux, mais le bruit qui se fit le plus fort fut un rire. Le rire d'une fille, d'une adolescente. Par reflexe, il se faufila derrière le tronc d'un chêne et observa l'endroit d'où venait le gloussement.

JOY: Sirius, arrête...
SIRIUS : Et pourquoi je ferais une telle chose ?

Sirius ? Sirius Black ? Lui ? Il tenta de se mettre dans une position plus apte pour voir la scène. Il se reconnaissait... C'était lui... C'était bien lui... Quand il était plus jeune, bien entendu. A l'âge de la transparence. Lorsqu'il était encore en septième année. Il venait donc d'entrer dans l'un de ses souvenirs. Comme s'il revisitait sa pensine. Mais comment pouvait-il faire ça ? Remarque, il préféra assister au déroulement de celui-ci. Peut-être que c'était important...
Sirius, le jeune Sirius, avait attraper l'adolescente par la taille. Il la tenait fermement et ne semblait pas vouloir la laisser partir. Au même moment, il lui faisait des baisers dans le cou. C'était romantique tout ça. Dans quel but s'en rappellait-il cependant ? Surtout en ce moment ? Il s'approcha un peu plus pour voir le visage de la fille. Il se souvenait très bien de qu'il était, tout de même, mais elle... Qui était-elle ? Ses pas lents et souples parcourait le gazon frais du parc, sans grincement. Jusqu'au moment où une branche s'écrasa sous le poids de son pied. Logiquement, ça n'aurait pas du affecter son souvenir mais son jeune-lui leva la tête. Il fit un bon en arrière, sortit sa baguette et cria des mots que le vieil animagus ne pouvait plus entendre. Il fit juste un geste de la main, la plaçant devant sa tête. Puis jeta un coup d'oeil à son ex-petite amie, puisqu'il supposait qu'elle l'était. Son visage était d'abord flou, comme tout les autres, mais il devint de plus en plus clair. Il la reconnu. Les cheveux lui tombant somptueusement sur les épaules, son regard pure et envoûtant, son sourire autant charmeur que dévastateur pour son âge... Joy... C'était bien Joy ?


Tout disparu en un clin d'oeil. Il revint à lui-même, au moment exact où il avait pris le poignet de la jeune femme. Il n'eut pas le temps de reflechir qu'il la tira hors de la cohue. A tout les coups, c'était elle. Joy Summer Miles, l'un de ses amours d'enfance. Enfin plutôt de jeune adulte, tout bien reflechit. Le médicomage se retourna, surprise et visiblement prête à se défendre contre un agresseur potentiel. Et bingo ! Il était pas si con qu'il en avait l'air. C'était bien elle. Joy. Sa Joy. Toujours les mêmes cheveux sur les épaules, le regard plus mûre mais tout aussi envoûtant et surtout l'élégance d'une femme. Il l'avait connu jeune, la voir comme ça... Et elle n'avait même pas changé... Alors que lui... Il était... vivant. Il le savait maintenant. Il était comme n'importe quel être humain sur Terre : aussi vivant que possible.

SIRIUS: Joy !

Il lui adressa un sourire, histoire de faire transparaître un semblant d'émotion. Bon, évidemment, il était content de la retrouver. Mais il était surtout surpris, limite abasourdi. Il reste immobile, ne savant plus quoi dire. Lui, le grand bourreau des coeurs, restant sans voix ?! Admettons, il n'avait plus eut l'occasion de parler à une jeune femme depuis un petit moment. Excepté si on compte Hermione et Tonks. Quoique que Joy relève le niveau parce qu'en plus, c'est l'une de ses exs. Il se gratta instinctivement l'arrière de la tête.

SIRIUS: Je croyais que tu serais... plus différente...

D'accord. L'assurance faisait partit des choses que la mort lui avait fait oublier, et qu'il allait devoir réapprendre. Peut-être pas l'immédiat par contre. Jusqu'à preuve du contraire, il n'allait pas devoir user de ses charmes sur Bellatrix ou sur Voldemort. Tout du moins, il l'espérait. Néanmoins, en user sur Mademoiselle Miles, cela pourrait s'avérer plus utile dans un futur proche. Quoiqu'on ne devait probablement plus l'appeler Mademoiselle désormais, et ce n'était plus la même fille qui était tomber sous le charme de l'énigmatique et rebelle Sirius Black, dix-huit ans plus tôt. Ca remontait à loin, très loin.