Keith Ewan Mayers • « Le fou n'est l'homme qui a perdu la raison. Le fou est celui qui a tout perdu, excepté la raison. »

« Une fois que vous aurez terminé votre déposition monsieur Mayers, je vous demanderais de bien vouloir signer en bas de la page. Après cela, vous ne serez plus contacté par nos services, personne ne saura ni votre identité, ni votre adresse. Votre famille est en sécurité ne vous inquiétez pas. »

Je saisis le stylo de ma main droite est apposais ma marque là où l’homme me l’avait demandé. Les bureaux du ministère de la magie étaient tout ce qu’il ya de plus normal bien que je les aie imaginé plus spacieux. L’endroit était calme et paisible, parfois j’entendais des pas dans le couloir, tranquilles. Il me remercia et me congédia, j’avais fini ce que j’étais venu faire, j’allais repartir chez moi et reprendre une vie normale.

Je m’appelle Keith Ewan Mayers, je suis né ici, à Londres. En réalité je n’ai pas grand-chose d’intéressant à vous raconter, à part peut-être que je suis marié à une merveilleuse femme qui s’appelle Amanda, depuis maintenant trois ans. Je suis né le 13 Février 1969, et j’ai fait ma scolarité à l’école de sorcellerie Poudlard. J’étais à Pouffsouffle. Je suis devenu tout ce qu’il y a de plus banal, mais je ne m’en plains pas. La vie a une curieuse façon de nous donner ce dont on a besoin. Je n’ai pas besoin de m’appeler Harry Potter pour être heureux, bien que je doute que ce pauvre garçon le soit. J’aime ma vie, ce que je fais et ma femme. Je travaille dans une petite boutique sur le chemin de traverse. Amanda et moi on projette même de faire un enfant.

Mais peut-être que ce que j’ai été faire au ministère vous intéresserait plus que ma vie ? Je n’aurais pas du en fait, mais j’ai toujours été un homme de bien et je suis contre la violence. Je me ‘bats’ contre les forces du mal depuis pas mal d’années déjà, et c’est en apprenant que mon voisin était un mangemort que j’ai décidé de me rendre au ministère. On m’a certifié que ma vie serait protégée, alors j’ai parlé. Oui j’ai vendu mon voisin et je ne le regrette pas. Ca en fera toujours un de moins.

« Parle Mayers ! Parle ou je t’ouvre le ventre d’un simple coup de baguette. »

Coincé contre le mur sur lequel l’homme me plaquait depuis dix bonnes minutes, j’avais du mal à respirer. Il me tenait la gorge de la main droite et m’enfonçait sa baguette dans le cou de l’autre. En essayant de me dégager, je ne faisais qu’accroître la souffrance. Immobile je tentais de parler, mais sa main coinça les mots qui voulaient sortir. Amanda était sortie aujourd’hui, et je priais Dieu pour qu’elle ne rentre pas tant que ces hommes seraient là.

« Tu sais ce qui arrive aux gens qui parlent trop Mayers ? Non ? Je suis sur que tu en a déjà entendu parler… »

Il enfonça un peu plus sa baguette dans mon cou et je lâchais un cri. Le ministère… quelle bonne blague. J’aurais du me douter qu’il y aurait des fuites. Le mal est partout sur cette Terre, j’ai été naïf de croire qu’on pouvait le combattre. C’était perdu d’avance.

« Je… »

J’abandonnais. Le mangemort – puisque c’en était un – me jeta au sol violemment. Impossible de prononcer ne serait-ce qu’un cri de douleur, je fermais les yeux quelques instants. Je n’aurais jamais cru que ça m’arriverait un jour. Oui tout ça, les mangemorts, la douleur, la mort. Et dire que je devais bientôt être père… Oui, on avait décidé d’avoir un enfant Amanda et moi. Peut-être que la vie ne me laissera pas cette chance.

« Ecoute moi bien Mayers, t’es un bon gars alors je vais te laisser la vie sauve. Je n’aime pas gâcher. Mais je ne vais pas partir sans te laisser un petit… souvenir non ? »

Il ricana et me montra ses dents noircies. Dans un rictus, il éleva sa baguette sur moi. Je n’avais ni la force de riposter, ni la force de me lever. Je baissais les yeux et pensais à Amanda qui me trouverais en arrivant. Qu’allait-elle penser ?

« N’oublie jamais Mayers… Face aux partisans du seigneur des Ténèbres, toute tentative de riposte est perdue d’avance. Plus vous nous croyez affaibli, plus on devient fort. On se nourri de vos peurs et de vos craintes. Nous sommes les Mangemorts Mayers, les mangemorts. Je pense que ce nom prendra tout son sens lorsque tu le prononceras après ce soir. »

Je n’ai aucun souvenir après ça. Juste une douleur froide au bout des doigts et dans le ventre.

« Monsieur Mayers vous m’entendez ? »

Je déglutis avec peine. La bouche pâteuse et les membres engourdis, je me réveillais d’une nuit agitée. En sueur, je me relevais de quelques centimètres puis me laissais retomber sur le lit.

« Monsieur Mayers… Je sais que vous venez de vous réveiller, mais je dois vous parler. Savez-vous où vous êtes ? »

Je fis non de la tête, incapable de parler. Trop faible.

« Vous êtes à l’hôpital Ste Mangouste. Vous avez subi une des pires tortures qui ai prit forme dans l’esprit tordu d’un mangemort monsieur Mayers. Mais nous avons essayé de faire du mieux que nous pouvions. Cependant… cet homme a laissé des plaies indélébiles. »

J’essayais de comprendre. Je me souvenais maintenant… Cet homme à l’haleine putride et aux yeux ternis par les années de meurtres. Je frissonnais en me souvenant de la froideur envahissant son corps. J’avais cru que j’étais mort à ce moment. Mais la vie elle, en avait décidé autrement.

« Le mangemort qui vous a attaqué vous a amputé, en quelque sorte de vos doigts. Vos mains ont subi de gros changements. En arrivant ici, elles ne ressemblaient plus à grand-chose à vrai dire. Mais nous les avons remplacé par des ciseaux. En vérité, nous n’avons rien trouvé d’autre. »

En entendant l’infirmière me parler de ciseaux je remarquais qu’elle parlait de moi. Je tournais la tête vers elle et tentais de parler.
« Mes mains ? »

Je les soulevais alors. Elles étaient lourdes. En baissant les yeux sur elles, je ne fus pas effrayé. Non, j’eus juste envie de tout balancer. Des ciseaux remplaçaient mes doigts, l’endroit où ils étaient était maintenant occupé par d’immenses ciseaux aiguisés. J’essayais de les soulever de nouveau. J’eus juste le temps de souffler à l’infirmière deux ou trois mots avant de m’évanouir.

« Il me le paiera… »

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« Je vais les trouver, et je les tuerais tous. »

Amanda avait secoué la tête. Elle ne comprenait pas, elle ne pouvait pas. Comme quelqu’un m’avait dit un certain soir, c’est perdu d’avance.

« Je les traquerais jusqu’au dernier. »

Les mangemorts. Aucun n’en sortirait vivant. Mains ou ciseaux, ils sentiraient ma haine.
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« Keith, qu’est-ce que tu fais ? »

Je fis claquer mes ciseaux près de son visage. D’un coup il m’avait pris l’envie de voir l’effet qu’ils pouvaient faire. Il fallait avouer que depuis mon séjour à l’hôpital j’étais un peu différent. Je ne sortais plus, j’avais arrêté de travail et je restais toute mes journées à la maison. Amanda me faisait souvent la morale.

« Ces ciseaux ne doivent pas t’empêcher de vivre Keith, tu dois reprendre une vie normale. Pour nous. »

Je souriais toujours à ces mots et n’y prêtais plus attention. Cela faisait déjà trop longtemps que ma vie n’était plus normale à mon goût. Depuis que ces ciseaux avaient remplacés mes mains. Comme si un autre corps venait se fondre en moi. Un étranger.
Et ce jour-là j’avais menacé Amanda avec. Ces immenses lames, je les avais approchées de son visage en souriant. Elle m’avait quitté le lendemain.
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Je ne savais pas ce qui m’avait pris ce jour-là, mais j’avais senti autre chose, tout au fond de moi. J’avais côtoyé beaucoup d’hommes pas très sains d’esprits, beaucoup d’assassins, et parfois même des mangemorts. Et afin de mieux les cerner, pour mieux les tuer, je m’en étais fait des amis. Des connaissances. Chaque jour durant, la flamme de la vengeance grandissait un peu plus, mais je faisais comme si « tout allait bien ». Un jour ils le paieraient. Pas maintenant.
En rentrant tous les soirs, j’avais droit au sermon d’Amanda sur mes changements perpétuels d’humeur et de comportements.

« Keith… Je ne te reconnais plus. Un moment tu es le meilleur des maris, un autre tu es comme différent. Comme si tu devenais quelqu’un que je ne connais pas. Quelqu’un d’autre Keith. »
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J’avais fini par la croire après tout. Si nous étions plusieurs dans ma tête, pourquoi pas ? Au moins ça me ferait de la compagnie puisqu’elle n’était plus là.

« Ce soir nous allons nous amuser un peu Keith. On va t’initier en quelque sorte. Tu es d’accord ? »

J’hochais de la tête, en souriant. Ce soir, j’allais vraiment comprendre leur méthode de jeu. Et on verrait qui s’y plairait le plus là-dedans. Eux en m’apprenant, ou moi en les utilisant contre eux.

« Regarde cet homme. Tue-le. »

J’avais levé ma baguette – ou plutôt mes lames dans lesquelles ma baguette était incrustée - et je revis le mangemort faire le même geste sur mon corps douloureux. Je prononçais le sortilège maudit et vit le corps s’affaisser au sol. Je souris, content de moi. Lorsque le sort avait touché la peau de l’homme, j’avais senti une onde parcourir mon échine. Une seule seconde. Une seule seconde de bonheur que je ne raterais pour rien au monde.
Satisfaits, ils me regardèrent. J’avais réussi le test.

« La dernière étape est quelque peu douloureuse. Tu vas devoir nous faire cadeau de ton poignet gauche Keith. »

J’avais levé mes lames contre leurs visages et les avaient tués un à un. Leurs corps inertes me souriaient encore. J’avais senti la même onde de choc le long de ma peau. A partir de maintenant, j’avais enfin trouvé un sens à tout cela. Mes lames m’offraient un nouveau service. La mort vous attends de l’autre côté allons, ne la faites pas attendre…

« Je ne serais jamais un mangemort, aussi fou que je sois. J’ai encore un semblant de raison. »
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« J’ai décidé de devenir un loup. »

« Ne dis pas de bêtises, ça ne servirait à rien. »

Je fixais le miroir en face de moi. Il me plaisait bien d’ailleurs. Je me souris à moi-même.

« Tu as raison, mais j’ai envie. J’ai envie d’être un peu seul tu sais. Etre deux à l’intérieur, parfois je me sens à l’étroit. »

« C’est méchant Keith, mais je te comprends. »

Je me fixais. Je m’aimais bien, quand j’étais comme ça. Mon autre moi pouvait se montrer envahissant, surtout qu’en ce moment il prenait souvent la place. Moi j’étais normal, mais lui il avait perdu la boule. J’avais de vagues souvenirs de ce qu’il faisait. Il m’effrayait, mais je l’aimais bien. C’était moi après tout.

J’ai essayé, pendant des mois et des mois, de me transformer en loup noir. Loup que personne n’approcherait, et qui n’aurait pas de lames à la place des mains. Ces lames qui avaient envahi mon âme, jusqu’à faire entrer un autre moi dans mon corps.

J’avais échoué chaque jour, je m’acharnais sur des rideaux, sur n’importe quelle chose que je trouvais. Je la lacérais de coup de ciseaux jusqu’à ce que je me calme. Puis j’avais commencé à me fondre dans l’esprit du loup. J’avais commencé à comprendre comment ça marchait. Comme si j’apprenais à m’adapter à l’animal et à penser comme lui. Puis au bout d’un an de travail difficile à me gratter, à être à moitié transformé, j’avais réussi. J’avais réussi ma transformation. Et en redevenant moi-même, j’avais compris autre chose. Le fait de me transformer en loup, j’avais la chance de redevenir ‘normal’. J’étais moi, et moi seul. Pas deux ni trois. Moi, un seul et même Keith.
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Par moment, je repensais à ceux que j’avais tués. Une larme perlait à mon œil et avant que j’ai pu l’essuyer d’un coup de ciseau aiguisé, je la chassais. Il m’arrivait de me sentir comme différent. J’avais compris peu à peu ce dont parlait Amanda auparavant. Je ne me souvenais de mes crimes qu’après une bonne nuit de sommeil. Comme si j’avais un moment d’absence pendant ma folie. Comme si les lames prenaient le contrôle. C’était effrayant, mais j’adorais ça. Je laissais mon corps à leur contrôle. Un autre moi, de l’autre côté du miroir.


« Terriblement excitant. », dis-je en souriant à mon reflet.