C'est à cette heure-ci que tu rentres ? [Fe Bellatrix]

Il y a, dans les esprits, quelques situations qui paraissent ne pas pouvoir avoir lieu un jour. En réalité, on se dit toujours que l'homme de la maison est celui qui s'en fiche le plus de la vie de famille et que c'est la femme qui attend son retour, le rouleau à pâtisserie à la main et le regard rivé sur l'horloge. Alors vient la traditionnelle question, dès que la clef a tourné dans la serrure : "C'est à cette heure-ci que tu rentres?"... Oui, les gens ont toujours tendance à voir ainsi le tableau habituel de la scène de ménage. C'est sans doute parce qu'ils n'ont jamais vécu avec Bellatrix Black.

Rodolphus, lui, savait très bien que tout ne se passait pas toujours comme cela. Son épouse partait en mission pour Lord Voldemort et ne rentrait pas directement dans la demeure conjugale. A force, il aurait pu s'y habituer, mais le Mangemort espérait toujours au fond de lui-même que Bellatrix lui soit un jour ou l'autre plus attachée que ce qu'elle n'était pour le moment. Allons, on ne partage pas la vie d'un homme durant plus de quinze ans sans éprouver le moindre petit sentiment à son égard, si ? Eh bien, il fallait croire que si, en fait.
Les mariages arrangés ne satisfaisaient pas toujours les époux, c'était normal. Seuls Lucius et Narcissa avaient été plus qu'heureux de leurs épousailles. Quant à Rodolphus et Bellatrix, eh bien... si Lestrange avait fini par tomber amoureux de Miss Black, cette dernière n'avait accepté le marché que parce que son futur époux était un jeune homme bien, de bonne famille, qu'elle connaissait un peu de Poudlard. Point. Tout s'arrêtait là.

Lui qui ne pouvait s'empêcher de rêver de voyages romantiques et de câlins tardifs le matin devait faire ceinture le plus souvent. Sa Bella était toujours fourrée à gauche ou à droite pour satisfaire les ordres du Seigneur des Ténèbres.

Assis dans un fauteuil en cuir de dragon, devant l'âtre d'une cheminée où crépitait un feu perpétuel, Rodolphus fumait un cigare en sirotant un verre de whisky. Le troisième. Et il prenait son temps. Les pensées que l'homme ruminait commençaient à prendre une tournure étrange : il songeait à présent que son épouse était liée au Seigneur des Ténèbres bien plus qu'à son mari. Et, bizarrement, il avait le sentiment de ne pas se tromper. Il se disait aussi que si sa chère femme lui refusait encore une étreinte, il irait voir ailleurs. Parce qu'il en avait besoin. Et il savait bien que même si cela devait avoir lieu, jamais il ne cesserait d'aimer cette femme... Car oui, il l'aimait. Il était prêt à tout pour elle...

Pour un certain nombre de personnes, les gens changent. Alors que pour d'autres les gens ne peuvent pas changer, mais peuvent faire semblant de changer. Et devinez quoi ? Bellatrix faisait partie de la seconde catégorie. Elle était tout à fait d'accord avec ça, un traite reste un traite et ne pourra que faire semblant de « reporter » allégeance au maître, par exemple. Elle était d'ailleurs la preuve vivante que les gens ne changent pas. En effet, depuis un peu plus d'une décennie qu'elle était mariée avec Rodolphus, elle n'avait jamais ressentie de l'amour pour cet homme. Depuis le début elle avait pris ce mariage comme un mariage de forme. La famille Black devait marier leurs fille avec des descendant de famille aussi ancienne et noble que la leurs. Alors, Narcissa avait été marié avec Lucius Malefoy et elle a Rodolphus A.Lestrange, cela dans l'intérêt mutuel de chaque famille. Pourquoi avait-elle accepté de l'épouser si elle ne l'aimait pas ? Nous l'avons déjà dit: de un, par attachement aux valeurs des familles de sang pur, et de deux, car épouser ce jeune homme, qui n'était pas moche et qu'elle connaissait un peu de Poudlard, ne la dérangeait pas. Mais voilà. Bella' était, et est une fanatique du seigneur des ténèbres. Elle serait prête à tout pour le seigneur. Attention ce n'est pas le même genre de fanatisme que les autres mangemorts. En effet, on pourrait presque dire que Bella' est amoureuse du Seigneur des Ténèbres, ce qui n'est pas forcément faux. Mais bon, vous l'aurez compris ce mariage ne comptait pas plus, que ça, pour elle. Alors pourquoi restait-elle ? Car cela ne se fait pas de partir après un certain temps de vie commune. En bref ce mariage était une coquille vide, sans fond ... Pour elle. Car figurez vous, que l'homme qu'elle a épousé est lui amoureux d'elle.C'est triste non ? Un homme amoureux de sa femme, dont il n'aurait jamais le coeur, car il appartient à quelqu'un d'autre, qui n'y porte pas plus d'intérêt que ça ! En d'autre mot c'est cruel pour l'homme. Mais bon, assez parlé des histoires de coeur et revenons à Bellatrix.

Comme à son habitude notre mangemorte avait passé la journée à faire ce que lui demandez le « maître ». Mais elle n'avait pas fait que ça, elle avait passé aussi un petit moment à s'amuser avec des moldus et de petits sorciers, isolé, opposant au Seigneur des Ténèbres. Mais la belle n'en est pas moins humaine et elle a besoin de rentrer pour dormir, parfois ! Alors à une heure très tardive acheva sa tâche et rentra.

Quelque instant après elle était arrivée et rentrée. Une fois à l'intérieur elle se dirigea vers l'endroit où l'on pouvait entendre les crépitements d'un feu de bois. Ce ne fût qu'une fois dans le dit endroit qu'elle se rendit compte que Rodolphus était là aussi. Ne disant rien, elle le regarda quelque instant, toujours avec cet air dédaigneux qui ne quittait pas son visage, et se laissa tomber dans un siège tout aussi confortable que celui dans lequel était installé son mari. Là elle reposa de-nouveau son regard sur l'homme, pendant quelque courte seconde.

Etrangement, ce genre de situations était ce qui faisait prendre conscience à Rodolphus de la finitude de l’espèce humaine… et en particulier de sa finitude à lui. Son bonheur n’était pas possible, tout simplement parce que la seule personne qu’il estimait pouvoir le rendre heureux ne le désirait pas. Oh, il pouvait comprendre certaines choses… il n’était pas parfait, déjà, mais combien d’hommes imparfaits avaient trouvé une épouse aimante ? et ils étaient heureux ! Non, lui n’avait pas droit au bonheur.
Le sentiment d’être un homme inaccompli envahissait de temps à autre Lestrange. C’était simple : il lui manquait ce petit quelque chose qui avait toute son importance dans la vie humaine. Et quand il y pensait en essayant d’être plus pragmatique, Rodolphus se trouvait ridicule. Il aimait sa femme et en avait presque honte… parce qu’elle ne l’aimait pas et qu’elle en aimait un autre, sans doute. Est-il normal d’éprouver de la honte par rapport à ce que l’on ressent ? Oui, bien sûr, cela peut arriver… mais lorsque le sentiment a été encouragé par un mariage tout ce qu’il y a de plus légal et de plus loyal… là, il y avait un problème…

C’était tout cela qui tournait dans la tête du sorcier alors qu’il regardait sans les voir les flammes dans l’âtre. Il aurait aimé y voir apparaître un visage amical, tiens, histoire de se soûler un bon coup entre hommes et oublier tout ce qui le taraudait… mais ce n’aurait été qu’une manière de plus de repousser l’évidence.

Et pourtant… Oui, leur mariage avait été fastueux, il y avait eu plein de monde, ce jour-là, un tas de visages qui semblaient tous heureux… C’était aussi la dernière fois que Rodolphus avait vu Bellatrix porter du blanc. Elle était magnifique dans sa robe de mariée… C’était il y avait déjà plus de quinze ans… et la plus grande partie des années de mariage, le couple l’avait passée en prison, à Azkaban. Là-bas, Lestrange s’était accroché à ses souvenirs de son mariage. Il n’avait pas voulu qu’ils disparaissent, ils lui étaient bien trop précieux… il s’était plu à imaginer que Bella était dans la cellule adjacente, qu’il pourrait entendre sa respiration, peut-être l’un ou l’autre mot qu’elle aurait pu prononcer pour lui… Mais il avait surtout entendu son propre frère, Rabastan, car lui le soutenait, lui cherchait à entretenir les souvenirs pour être sûr de ne pas les perdre…

La vie était bizarre. Et le whisky était délicieux. En tout cas, il était assez fort pour pousser le Mangemort à avoir cette attitude proche de la déréliction. Lui qui avait rêvé de grandeur et d’ordre était soumis au non-amour de sa femme. Triste situation.

Il en était là dans ses pensées lorsqu’il entendit s’ouvrir la porte et s’avancer des pas. Des pas… pas n’importe lesquels, bien sûr, Rodolphus les aurait reconnus entre mille : précis, rapides et souples. Il ferma les yeux. De toute manière, il savait très bien qu’il ne servait à rien d’essayer de parler à Bellatrix… Peut-être même le méprisait-elle, maintenant… Quelque chose s’était passé différemment de ce qui aurait dû se passer, l’homme en était persuadé… mais de quoi pouvait-il bien s’agir ?

Ouvrant les yeux, Rodolphus put voir son épouse installée face à lui, les yeux posés sur lui. Mais tellement loin de lui… Bon sang, jamais elle ne viendrait s’asseoir sur l’accoudoir pour se pencher en arrière et se retrouver couchée sur ses genoux. Ça n’arriverait jamais. Parce qu’elle était Bellatrix et qu’il était Rodolphus. Il vida le reste de son verre d’un trait et pencha légèrement la tête sur le côté.
Devait-il briser le silence ? S’il le faisait, comment allait-elle réagir ? Le doute était omniprésent, un doute tout à fait symptomatique et hyperbolique… le genre de doute qui ne vous quitte plus une fois qu’il a mis le grappin sur vous. Affichant un air qu’il voulait détaché, Rodolphus désigna la bouteille de whisky du menton :

"Un verre ?"

Elle devait être fatiguée… les cernes sous ses yeux étaient presque aussi prononcés que lorsqu’ils avaient enfin été libérés, elle et lui, d’Azkaban. Il était évident que Bellatrix se donnait corps et âme à la cause du Seigneur des Ténèbres. Au moins, elle, elle avait un idéal qu’il était possible d’atteindre, de réaliser : l’éviction des traîtres à leur sang, des sang-de-bourbe, des moldus et des autres créatures inférieures aux sorciers.

"Alors, cette mission ? Un succès, je suppose…"

Il essaya de sourire mais n’obtint qu’un rictus léger.

Tout en regardant l'homme avec qui elle était « unie par les liens du mariage », elle se rendit compte que Rodolphus devait souffrir, quand même, de ce mariage sans fond. Quel homme ne souffrirait pas d'être mariée avec une femme que l'on aime et qui ne vous aimes pas ? En réalisant, en partie, ceci elle se posa une question. Était-il masochiste, et aimait-il souffrir de voir sa femme s'éloigner de lui. Où alors tout simplement idiot de ne pas « aller voir ailleurs ». Bien sûr la seconde solution était en partie à exclure. Car elle savait très bien qu'il ne la quitterait, sauf si subitement les valeurs des vieilles familles ne comptent plus pour lui, et elle savait aussi qu'il ne la tromperait pas, peut être. Pourquoi en était-elle sur ? Tout simplement, car elle se doutait que s'il « passait » le pas il serait pris d'un sentiment de culpabilité, enfin normalement, et que c'était cela, sans doute, qui le faisait rester fidèle, et aussi les valeurs ... Soudain, pendant quelque seconde, ses certitudes s'effritèrent un peu ? Et si elle se trompait ? Non, c'était impossible. Et quand bien même, elle savait que sa fierté serait simplement blessée et qu'elle tuerait surement la femme avec qui il l'aurait trompé ... Mais bon, assez d'inquiétude, si elle devait s'en faire pour « si peu », où irait-elle ? Bref ...

Notre mangemorte ferma les yeux au moment, où Rodolphus finissait un verre, de ce qui semblait être du whisky. Pourquoi fermait-elle les yeux ? Car regarder cette sorte de regret qu'avait les yeux de son mari, par moment, quand il la regardait, ne l'intéressait guère, et aussi à cause de la fatigue. Oui, Bellatrix Lestrange sentait la fatigue monter en elle. Maintenant elle commençai à sentir quelques douleurs musculaires, ses yeux étaient comme alourdis. Mais tout ça n'était rien, comparait à la satisfaction qu'elle éprouvait, quand elle achevée les missions, qui lui étaient confiés par le seigneur des ténèbres. Bref ... La jeune femme ne réouvrit pas, les yeux qu'au moment où Rodolphus lui proposa un verre. Elle le regarda quelque instant et , par la suite, posa son regard sur la bouteille de whisky. Elle hésitait. Mais rassurez vous, cette hésitation fût de courtes durées. En effet, boire un verre d'alcool lui ferait le plus grand bien. Elle fit alors un mouvement de baguette. Un verre vint se poser à côté d'elle. Ensuite elle se contenta de tendre le bras à Rodolphus, pour qu'il lui passe la bouteille.

Pendant ce temps, Rodolphus venait de lui poser une question, sur la mission. Demandant surement comment cela c'était passé, et si cela avait été un succès. Bellatrix excisa quelque chose qui devait être un sourire et ne répondit pas, pour l'instant du moins, le regard posé sur « le sourire » de Rodolphus. Pourquoi posait-il cette question ? Avait-il un besoin maladif de contact oral, où quelques autres contact, avec elle. Ou alors doutait-il qu'elle n'ait peu accomplir, avec succès, la mission du seigneur des Ténèbres ? Non, c'était surement la première solution. Bellatrix le regarda toujours, gardant le silence, pendant ce qui pouvait sembler d'interminables secondes, avant d'ouvrir la bouche et répondre,

« Tu as apporté la réponse. »

Ce qui voulait tout simplement dire que la mission avait été réussite

Avez-vous déjà passé la journée, voire plusieurs jours, à espérer quelque chose ? Quand on fait cela, généralement, une fois venu le moment tant attendu, on est déçu. C’est bien simple, dans un tas de choses, l’attente et l’espoir rendent ladite chose merveilleuse et terriblement géniale… et puis voilà, l’événement se passe et on en vient à se demander ce qui nous a pris de tant attendre de cela…
Rodolphus avait souvent été dans ce cas dans le cadre de son mariage et de sa vie conjugale. Son « Oui » avait sonné tellement juste lors de la cérémonie… alors que celui de Bellatrix avait semblé n’être pas motivé de la même vivacité. Lestrange s’était alors dit que la motivation viendrait par la suite. De fait, le mariage avait été l’un des moments les plus attendus par Rodolphus, tandis que son épouse n’avait semblé envisager cela que comme une formalité à remplir. Soit. Le début de la vie conjugale avait été relativement calme et serein. Mais ce temps-là était révolu depuis l’adhésion du couple à la Cause du Seigneur des Ténèbres.

Et malgré tout cela, aujourd’hui encore, le sorcier avait patiemment attendu le retour de sa moitié. Il savait pourtant très bien que ce soir, ce serait comme chaque autre soir de leur mariage depuis qu’ils avaient tous deux rejoint les rangs des Mangemorts ; Bellatrix vivait pour cette Cause et pas pour son mariage. Lui, l’homme, avait tendance à relativiser un peu plus… On pouvait vivre et se battre pour des idées, pour un idéal et pour un monde différent, mais ne vivre que pour cela ne permettait pas à l’être humain de s’épanouir pleinement. C’était mathématique : il fallait de la mesure en toute chose et il fallait varier les plaisirs. C’était sans doute ce côté raisonné et raisonnable qui faisait de Rodolphus un homme qui se sentait inaccompli, parce que son bonheur dépendait par trop du bon vouloir d’une femme dont il était fou amoureux et qui le regardait à peine. Souffrir, cela faisait partie de la vie… et c’était l’existence de cette souffrance qui avait permis à l’homme d’être sûr qu’il était encore en vie à Azkaban. La souffrance, ça a quelque chose de rassurant, d’une certaine manière, puisqu’elle n’existait que pour les vivants…

Le Mangemort vit son épouse fermer les yeux, bien sûr. Il remarquait toujours ce genre de petits détails. Il savait que Bella n’était pas comme les autres et qu’il avait la chance d’avoir une femme si différente… mais il savait aussi que sa chance s’arrêtait là. Le pire, dans tout ça, c’était très certainement d’être conscient de sa situation. Il fallait toujours faire bonne figure, montrer de soi une image positive et forte, une image de puissance, de pouvoir et de certitude. Et au fond de lui-même, Rodolphus était un homme brisé par un mariage n’ayant abouti à rien d’autre qu’à des soirées de ce type, où il attendait le retour de sa belle, en sirotant un whisky et en songeant à ce qu’aurait pu être sa vie.

Rêver sa vie, ce n’était pas la solution non plus. Lestrange le savait bien. Et c’était pour éviter de s’enfermer dans une déréliction sans fin qu’il contactait de plus en plus souvent des amis pour aller se changer les idées. Il avait besoin d’action pour ne pas penser à son couple. Et cette action, il la trouvait dans la chasse aux moldus et aux sang-de-bourbe, ainsi que dans les précieuses missions que lui confiait le Seigneur des Ténèbres.
Toutefois, l’aventure et l’action, c’est bien joli, mais ça ne comble pas un homme. Alors Rodolphus avait commencé à songer à un moyen de trouver ce dont il avait besoin dans d’autres bras que ceux, trop souvent fermés, de son épouse. Rien qu’y penser, ça faisait naître en lui cet affreux sentiment de culpabilité. La fidélité, il l’avait toujours vécue à cent pour cent, en ne jurant que par Bellatrix et en ne désirant jamais aucune autre femme, mais sa propre épouse ne le satisfaisait pas, ou c’était plutôt rare. Et contrairement à d’autres Mangemorts, Rod’ évitait de se soulager avec les victimes de raids. Se souiller d’un viol, il s’en passait très bien et n’avait jamais eu aucune envie de tenter cela, malgré les rires et le plaisir des compagnons de la Cause qui s’en donnaient à cœur joie.

Lorsque Bellatrix rouvrit les yeux, prit la bouteille de whisky, le toisa et parla, Rodolphus eut l’impression exécrable d’être un lombric regardant une étoile. Bon sang, il aimait tant sa voix ! Pourquoi diable ne l’en gratifiait-elle pas plus souvent ? Et les formes que prenait sa bouche en arrondissant les voyelles fermées… L’homme se surprit à être extrêmement concentré sur ces lèvres qui lui faisaient face.

"Je n’en doutais pas."

A vrai dire, il voulait juste entendre sa voix, au moins une fois de temps en temps. A présent les lèvres de sa femme s’étaient posées sur le bord du verre plein de ce délicieux liquide ambré qui a le don de réchauffer la gorge jusqu’à l’âme. Les lèvres s’écrasaient délicatement sur le verre et le regard sombre du maître de maison se perdirent sur ce détail de la physionomie de sa moitié avant de se lever pour rejoindre les yeux de Bella.

"Tu as l’air éreintée… Veux-tu aller te coucher ?"

Une femme fatiguée n’est pas à même de satisfaire les désirs des hommes, aussi patients soient-ils. C’est un fait. Et Rodolphus, s’il aurait adoré pouvoir serrer son épouse contre lui ce soir et cette nuit, sentait bien que c’était là une de ces envies qui ne se réaliseraient sans doute pas.

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