Fuis , fuis tant qu'il est encore temps! [Fe Elliot]

Etrangement, le fait de se sécher la bouche apaisait grandement Elliot. Il avait hésité entre ça et remplir le lavabo d'eau pour se noyer dedans, mais il préférait commencer par le sèche-cheveux. Au pire, il pourrait toujours se mettre dans la baignoire et jeter l'appareil électrique dedans. Ces envies suicidaires étaient apparues subitement alors qu'il ne cessait de penser à ce qu'il venait d'apprendre. Pourtant, il essayait d'oublier, d'imaginer des choses apaisantes, des prés fleuris et des vaches qui ruminent, mais cette affaire de paternité le minait de l'intérieur. Le pire dans tout ça, c'est qu'il avait l'impression d'en avoir toujours eu conscience sans l'avoir jamais su. Il s'était construit une barricade dans son cerveau pour s'empêcher de réfléchir à cette possibilité, et maintenant que les défenses étaient tombées, des soldats entraient de toutes parts dans son esprit, assenant sans relâche le même refrain traumatisant : Tu es le père d'Eulalie. Tu es le père d'Eulalie. Tu es le père d'Eulalie.

En soi, la nouvelle n'avait rien de si terrible. Pour un autre homme qu'Elliot, cela était même une révélation qui tombait à pic : il s'était remis en couple avec quelqu'un avec qui il avait eu un enfant par le passé, ce qui renforçait du même coup les liens avec cette même personne. Seulement, Elliot ne voyait pas les choses de cette manière. Pour lui, l'annonce de sa paternité était comme une mauvaise blague, une responsabilité dont il se serait bien passé, un poids en trop sur ses épaules.

Tout ce qu'il voulait, c'était être seul pour avoir le temps de réfléchir à tout ça, même s'il ne voyait pas comment arranger les choses. Apparemment, il en avait déjà assez fait il y a 5 ans. Lorsqu'il vit la porte s'ouvrir, il ne réagit pas tout de suite, gardant le sèche-cheveux allumé devant sa bouche. Il devait avoir l'allure générale d'un masque à gaz qu'on faisait pendant la seconde guerre mondiale, avec ses yeux exorbités et sa bouche toute déformée. Et son air maladif n'arrangeait rien. Il sentit qu'on lui enlevait le sèche-cheveux des mains mais il garda la même posture pendant encore quelques secondes, parfaitement immobile. Puis, voyant soudain Charline, il cligna des yeux et alla s'adosser contre le mur, les mains dans les poches. Il sentait venir la grande conversation de leur vie, et il aurait bien voulu y répondre absent. Sans l'interrompre, il l'écouta s'excuser pour sa mère puis fournir une explication plutôt douteuse sur sa possible paternité. Bizarrement, le fait qu'elle ne sache pas qui était le père de Eulalie ne le rassura pas le moins du monde.

Charline vint poser ses mains sur ses joues blafardes, et il releva alors la tête pour la regarder dans les yeux d'un air désabusé. Il sortit les mains de ses poches pour caresser ses cheveux un peu plus courts, retrouvant le sourire, puis posa les paumes sur ses épaules pour la pousser doucement avant de s'éloigner d'elle. Pendant un instant, il avait cru pouvoir faire comme si de rien n'était, mais l'enjeu était trop important pour le traiter à la légère. Il poussa un petit soupir, et s'écria soudain en passant une main sur son front :

"Non, je ne peux pas ne pas me prendre la tête avec ça ! Tu te rends compte de ce que je viens d'apprendre ?! J'ai peut-être une fille ! Moi, le mec allergique aux gosses ! C'est comme si on venait de me dire que je viens d'attraper une maladie incurable !"

Bon, ses paroles avaient peut-être légèrement dépassées ses pensées et s'étaient amplifiées à cause de son stress, mais au final, on n'était pas loin de ce qu'il pensait réellement des enfants : il les adorait, du moment que ce n'était pas les siens. Ca faisait de lui monstre pour autant ? Il était encore libre de décider s'il voulait repeupler la planète ou pas ! Il avait l'impression qu'on ne lui avait pas laissé le choix. S'il y avait un dieu, il avait vraiment hâte de le rencontrer pour qu'il s'explique au sujet de sa vie merdique qui était un don si précieux d'après les saintes écritures. Il avait sacrément envie de se faire rembourser.

"Et puis tu dis que ça ne change rien à ma vie, mais au contraire, ça change tout !" poursuivit-il sur sa lancée, et sur un ton de plus en plus flippé. "Tu penses vraiment que j'arriverai à faire comme si de rien n'était maintenant que je sais ? Tu penses vraiment que je peux être con à ce point ?"

Il se tut, le souffle court, car parler de sa paternité créait une boule dans sa gorge, l'empêchant presque de respirer. Il poussa un nouveau soupir excédé et se laissa lentement glisser le long du mur. Une fois par terre, il ramena ses jambes vers lui et fit reposer ses bras sur ses genoux, dans une position de parfait raz-le-bol. Il regrettait presque le temps où il était célibataire et aussi libre que le vent.

"Qu'est-ce que je dois faire ?" se demanda-t-il à voix haute.

Il rejeta la tête en arrière, observant le plafond avec un grand intérêt, mais c'était sa vie qui défilait devant ses yeux. Que devait-il faire ? Comment devait-il continuer ? Et surtout, y'avait-il vraiment quelque chose à faire ? Comment assumer cette chose qui n'était même pas sûre ? Pourquoi fallait-il en plus qu'il y ait cette incertitude ? Si c'était assuré à 100% qu'il était le père d'Eulalie, ça clarifierait les choses, au moins. Là, il avait l'impression de se démener en plein brouillard. Il n'était pas père mais il n'était plus seul non plus. Peut-être que la petite fille qu'il cotoyait depuis plusieurs années et avec qui il aimait jouer à la poupée était sa propre chair. Il se trouvait avec un pied de chaque côté d'un trou béant, et nul ne savait quand il chuterait. Même pas lui. C'était ça, le plus terrible.

"J'ai une chance sur combien d'être son père ?" dit-il soudain, gardant les yeux au ciel. "Autant que je sache combien sont passés après moi pendant cette période, ça m'évitera de me faire un film carrément flippant..."

Mais trop tard : il sentit un goût amer envahir sa bouche à l'idée d'imaginer Charline partageant la couche d'un millier d'autres hommes. Il grimaça et secoua la tête dans l'espoir de chasser ces affreuses images, et c'est alors qu'une réflexion pour le moins surprenante surgit dans son esprit. Surprenante car venant de lui, c'était incroyable qu'il ait calculé si vite. Mais après avoir appris une telle nouvelle, il s'était dit que ça serait pas mal de compter plus rapidement, à l'avenir. C'est donc en toute logique qu'il déclara :

"Attends, il y a un truc qui ne va pas... On a rompu il y a 5 ans. Et Eulalie a 5 ans. Tu trouves pas qu'il y a un problème ? Je suis pas le pro de la grossesse et de tout ces machins-là, mais ça met 9 mois avant d'arriver, non ? Donc logiquement, si Eulalie avait été conçue après notre rupture, elle devrait avoir 4 ans et demi, voire moins, puisqu'il faut enlever 9 mois. Alors ça veut dire... que je suis son... père."

Elliot déglutit avec peine devant cette preuve irréfutable de sa paternité, mais il baissa soudain la tête avec un sourire un peu crispé. Il avait une vanne en tête qu'il devait asbolument sortir pour détendre l'atmosphère. Ca ferait bien rire tout le monde et ça le détendrait un peu.

"A moins que tu m'aies trompé quand on était encore ensemble ! Tu imagines un peu le délire ?"

Il éclata de rire, parce qu'il trouvait ça tellement stupide et tellement impossible ! Il rit nerveusement pendant un long moment, incapable de s'arrêter, puis s'essuya le coin des yeux tellement il avait trouvé ça drôle. Là, il se tourna vers Charline qui n'avait fait aucun commentaire sur sa dernière phrase, et trouva subitement cela très étrange. Il retrouva complètement son sérieux lorsqu'il discerna une légère inquiètude dans ses yeux. Il laissa son sourire en suspens, ne sachant pas à quoi il devait se préparer.

Et voilà qu’il recommençait à parler d’Eulalie comme d’un poison ou en l’occurrence comme d’une maladie incurable. Ce gars avait vraiment un gros problème avec les enfants, c’était quand même dingue la façon dont il en parlait, il donnait sans cesse l’impression d’être le genre de personne à se réjouir de la disparition inopiné d’un enfant. Charline en était presque sur, si demain elle lui annonçait que Lalie était décédé après une chute de poney il en serait surement ravis, heureux et soulagé, se disant qu’il n’aurait plus une sorte de punaise accroché à son couple… Parfois il ne se rendait vraiment pas compte des mots qu’il utilisait … Charlie n’était peut-être pas une mère conventionnelle mais elle n’accepterait pas longtemps ce genre de chose et leur relation risquait vraiment d’en pâtir… D’un air agacé mais surtout déçu elle ne parvint qu’à répondre quelques mots.

« Ca je le sais que tu es allergique aux gamins… »

Inutile d’en dire plus, ça se voyait qu’elle était vraiment agacé par ses remarques constantes sur les enfants, ce n’était quand même pas si horrible d’être parent, si Charline aimait ça, ça prouvait bien que tout le monde pouvait aimer! Alors pourquoi semblait-il si …Stupide quand on parlait de marmot??? C’est dingue à quel point il ne réfléchit pas parfois, raaa Charline rageait vraiment de l’intérieur, elle aurait voulu le gifler mais forcer de constater que c’était quand même un peu lui la victime de tout ça. Le pauvre avait apprit une potentiel paternité avec une gamine qu’il côtoyait depuis un moment. Alors peut-être que finalement il était juste un peu trop choqué pour vraiment réfléchir à ce qu’il devrait dire ou pas… Les bras croisé, l’air moins agacé mais tout aussi désespéré, la jeune femme finit par répondre une nouvelle fois.

« Pourquoi pas? Tu pourrais faire comme si de rien n’était si tu le veux vraiment! C’est vraiment pas si important que ça »

Ben oui, pour une fois qu’il pouvait être con sans risquait de se faire enguirlander par Charline autant qu’il en profit non? Et puis être père ce n’était pas non plus si dramatique finalement, Eulalie vivait sans depuis sa naissance elle se portait très bien, alors il n’avait qu’à continuer à être un gars stupide qui déteste les enfants, au moins il ne se prendrait pas la tête comme ça. Ce fut en tout cas la pensée qui traversa le petit esprit torturé de notre jeune maman. Puis vint une question quelque peu… Délicate… Combien de chance avait-il d’être le père d’Eulalie? Sincèrement? Une sur deux, mais dire ça revenait à dire qu’elle n’avait couché avec qu’un seul homme à cette époque, ce qui ne semblait pas vraiment être une bonne idée pour le coup, étrangement elle sentait les problèmes arriver à grand pas. Faisant mine de réfléchir la Canterbury finit par répondre avec hésitation.

« Heu… Je dirais que tu a pas mal de chance de l'être… Mais pas tant que ça finalement… »

Ca c’était de la réponse claire et précise -noter l’ironie de ma phrase- . Elle aurait pu ne rien répondre, ça aurait été autant une aide que cette réponse si énigmatique et sans réel sens finalement. Bref. Charline avait juste lorsqu’elle pensait que de gros problème allaient pointé le bout de leur nez , des problèmes encore plus grave que cette histoire de paternité , des problèmes qu’elle avait préféré occulté il y a longtemps mais qui allait faire leur apparition maintenant. Cet idiot d’Elliot avait décidé de jouer les Matheux et de faire des calculs simple mais O combien dangereux pour notre pauvre petit Canterbury. C’était quand même incroyable qu’il fasse ça maintenant alors que pendant cinq ans il s’était abstenu, il choisissait vraiment mal ses moments pour avoir des éclairs de génie de ce genre. En tout cas la jeune femme resta silencieuse, le regard remplis d’une certaine gêne, de la culpabilité je dirais même, elle le regarda rire nerveusement, n’affichant pourtant aucun sourire alors qu’elle aurait peut-être du. Fermant les yeux quelques secondes avant de tourner le dos à Elliot, ne pouvant pas le regarder dans les yeux avec ce qu’elle allait lui annoncer…

« Notre relation était vraiment… Difficile à cette époque… On s’éloignaient de plus en plus, je te voyais changer et je ne savais pas pourquoi… Je me sentais vraiment mal… Et j’ai… J’ai eut une relation avec quelqu’un… » Elle se tourna alors d’un coup vers lui se mettant accroupis pour être à sa hauteur, posant sa main sur la sienne avant d’enchainer. « J’étais malheureuse, je me sentais coupable de ce qui se passait entre nous, ça n’a pas duré longtemps avec lui, je t’assure… Le contexte était totalement différent de notre relation actuel … N’imagine pas que je vais refaire ce genre d’erreur aujourd’hui, il n’y a pas une seule chance que ça recommence… Pas une seule ... Quoi qu’il en soit, il y a des chances que ce soit lui le père… Je peux pas savoir, et pour être honnête je m’en moque… Tu es l’homme de ma vie, peu importe que tu sois le père biologique de Lalie ou non… »

Là elle ne pouvait pas mieux faire pour s’excuser, tout ce qu’elle espérait c’est qu’il oublie rapidement cette histoire de tromperie, car finalement ce n’était pas vraiment de la tromperie, après tout ils étaient vraiment dans une mauvaise passe à l’époque… C’était plutôt un acte anticipé face à une rupture imminente…. Ouais bon, limite comme excuse je sais…

Elliot voyait bien qu'il avait agacé Charline avec ses remarques trop déplacées sur les enfants, mais il n'avait pas envie de se justifier là-dessus. Il était dans son droit de ne pas être fan des gosses. On n'allait pas lui faire un procès ! Et même si Eulalie était géniale, il n'avait pas envie de la traiter comme sa fille. Cependant, il était trop impliqué pour "faire comme si de rien n'était", comme le proposait la jeune femme. En l'entendant insister sur ce point, Elliot leva la tête vers elle, la dévisageant comme s'il avait un espèce de poulpe devant lui et non plus sa copine. Il la trouvait particulièrement idiote d'essayer de le convaincre qu'il n'avait pas à se conduire comme un père pour Lalie, mais était-ce vraiment le mieux pour elle ? Après tout, il savait très bien ce que ça faisait de vivre sans un père, et Charline aussi le savait, alors pourquoi s'entêtait-elle à ce que sa fille n'en ait pas non plus ? Cela ne voulait pas dire qu'Elliot était prêt à en être un, car ça, il ne le serait sans doute jamais. On ne peut pas demander à un zèbre de devenir un lama. Je me comprends avec mes métaphores...

"C'est important pour Eulalie." dit-il dans un soupir. "Je sais pas mais... si elle a la chance d'avoir un père, quel qu'il soit, c'est mieux que de ne pas en avoir du tout. Je pense qu'on aurait été différent si le mien n'était pas mort et si le tien n'était pas à Azkaban..."

Il ne savait pas exactement où il voulait en venir avec tout ça, surtout que tout s'embrouillait dans sa tête depuis un petit moment, aussi préféra-t-il se taire pour se masser le crane. Il avait l'impression que tout lui tombait dessus, comme s'il était pris au coeur d'une tempête et que de grosses giboulées tombaient tout autour de lui, redoutant qu'elles se fracassent sur sa tête à tous moments. A l'intérieur, il était terrorisé. Il n'aurait jamais pu imaginer qu'il serait impliqué dans une histoire pareille. Le pire, ce fut quand même la réponse de Charline sur les chances qui pouvaient faire de lui le père de Eulalie. Il en resta pantois, ne trouvant même pas quoi répondre à une réplique pareille. Aussitôt, un scénario catastrophe se forma dans sa tête, et il ne put s'empêcher de voir sa dulcinée aux prises avec divers amants, tous mieux bâtis les uns que les autres. Quel cauchemar... Il se redressa quelque peu contre le mur, et c'est alors qu'il fit son calcul mental sur les années de rupture et l'age de Eulalie. Puis, il sortit sa vanne qui ne fit pas du tout rire Charline. Il eut un petit tressautement au niveau de l'estomac, ayant un très mauvais pressentiment, d'un seul coup... Son sourire disparut à mesure qu'elle s'expliquait, et le jeune homme se mit à fixer un point légèrement à coté de la tête de Charline. Il avait l'impression que son cerveau s'était mis en mode pause, et qu'il attendait un rembobinage pour bien assimiler ce qu'elle venait de dire.

Il resta immobile pendant un moment qui lui sembla une éternité, et lorsqu'il bougea enfin, ce fut pour observer sa main posée sur la sienne. Alors, délicatement, il prit la main de la jeune femme avec sa main libre et l'éloigna de lui, le visage parfaitement neutre. Ensuite, tout aussi posément, il se releva et fit quelques pas dans la salle de bains, comme s'il était parfaitement calme. Il n'y avait que ses poings serrés pour trahir sa fureur. Il se retenait de cogner. Il fallait qu'il frappe quelque chose ou quelqu'un, mais comme ça ne le faisait pas de taper une femme, il se retint avec difficulté. Pourtant, il avait le sentiment qu'il n'y avait que cela pour l'apaiser. Il se tourna soudain vers Charline, se mordant les lèvres nerveusement, puis à la surprise générale, esquissa un sourire. C'était tellement con, tout ça... Après tout, qu'avait-il espéré venant d'elle ?

"Apprendre que je suis cocu à 100% et père à 50% dans une même journée, c'est super !" dit-il soudain d'un ton sarcastique.

Ses lèvres tremblaient de façon incontrôlable, si bien que son sourire se tordit et se transforma en grimace. Il passa une main sur son visage pour essayer de contrôler les spasmes qui agitaient son corps, mais c'était comme de demander à un tuberculeux d'arrêter de tousser. Il en avait assez de cette souffrance qui lui tenaillait le coeur, qui bloquait ses battements et lui coupait le souffle. Il voulait être libre, libéré de cette douleur, et il eut alors l'intuition que le seul moyen de l'être, c'était de se séparer d'elle à jamais. De toutes façons, tout ce qu'elle disait sonnait totalement creux à ses oreilles, comme si les mots n'avaient plus aucune consistance. Elle parlait dans le vide.

"Tu sais que je m'en fous de tout ce que tu peux me dire ? Si tu veux être une salope, libre à toi, mais ne me demande pas ensuite l'absolution !"

Pour une fois, les mots n'avaient pas dépassé ses pensées. Le simple fait de la regarder le rendait fou de rage, et encore plus fou quand il se rendait compte qu'il avait toujours du désir pour elle, malgré tout ce qu'elle lui faisait endurer, il continuait de l'aimer. La vraie souffrance, c'était lui qui se la causait. N'en pouvant plus de contenir toute sa colère, il donna un grand coup de poing dans la porte et le bruit sembla résonner dans toute la maison. Surement que la famille de Charline l'avait entendu, mais il s'en fichait totalement. Qu'importe ce qu'elles pensent, il n'aurait pas à s'expliquer devant elles.

"Juste une question" reprit-il sans regarder la jeune femme. "Tu avais l'intention de me le dire un jour ou tu comptais continuer comme ça ? Non, en fait ne me réponds pas, je sais très bien ce qu'il en est. Tu es la première à me dire qu'il faut se parler dans un couple mais tu préfères te taire sur les détails qui pourraient te mettre dans une situation délicate..."

Elliot ne se contrôlait plus vraiment, et il se sentait tellement mal qu'il ne sentait pas la douleur de son poing qui avait percuté le mur. Il essayait de trouver une échappatoire à cette situation qu'il ne supportait plus. Voir Charline était devenu une torture. Il avait perdu toute confiance en elle. Elle lui avait juré qu'elle ne recommencerait pas, mais comment pouvait-il en être certain ? Nul ne pouvait le lui promettre, et surtout pas elle, après ce qu'elle avait fait...

Dans un état second, Elliot sortit sa baguette de sa poche et la tapota dans sa main, se demandant quel sort il allait lancer. Allait-il vraiment avoir la force de faire ce qu'il avait en tête ? Il lança un regard à Charline dans lequel se mêlait la souffrance et la fureur, et déclara alors d'un ton amer :

"Fous-moi la paix."

Il plaça sa baguette au-dessus de sa tête et n'attendit pas que la jeune femme réagisse. Il transplana sans prévenir, ses yeux brillants étant certainement la dernière chose qu'elle vit de lui...